Alors que les militaires putschistes au Niger, dirigés par le général Abdourahamane Tchiani, ont averti, avant-hier, les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) d'une quelconque décision d'invasion militaire contre Niamey pour restaurer le Président destitué, Mohamed Bazoum, le président du Conseil nigérien pour le salut de la patrie (CNSP) considère que toute ingérence étrangère dans son pays serait considérée comme une occupation. En effet, le président du Conseil national pour le salut de la patrie (CNSP) formé par les putschistes, le général Abdourahamane Tchiani, a déclaré, avant-hier, que toute ingérence de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dans son pays serait considérée comme une occupation. «Toute intervention des pays de la Cedeao sera considérée comme une occupation», a-t-il déclaré, dans des propos repris par la chaîne Al Arabiya. «Nous ferons tout ce qui est nécessaire et répondrons à toute attaque contre nous. Nous avons le soutien du peuple et de nombreux pays voisins », a poursuivi Abdourahamane Tchiani. «Les sanctions de la Cedeao imposées au Niger sont illégales, inhumaines et visent à diviser notre pays et notre peuple. Les sanctions de la Cedeao nous privent des fonds nécessaires au fonctionnement de nos institutions. Elles visent à nous soumettre plutôt qu'à trouver une solution. Mais nous ne permettrons pas cela », a-t-il souligné. Par ailleurs, une délégation de la Cedeao a rencontré, avant-hier, le Président Bazoum à Niamey, capitale du Niger. En effet, les membres de la délégation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui sont arrivés à Niamey samedi, ont rencontré le Président destitué, Mohamed Bazoum. C'est ce que rapporté avant-hier la chaîne française, RFI. Selon la station de radio française, la rencontre avec Abdourahamane Bazoum s'est déroulée en présence notamment de l'ancien Président nigérian, le général Abdulsalami Abubakar, qui préside la délégation. «Il n'y a pas eu de grandes discussions, car les émissaires de l'organisation sous-régionale étaient venus voir les conditions dans lesquelles est séquestré le Président renversé », souligne toutefois RFI. La délégation ouest-africaine a commencé ses activités par une rencontre avec les putschistes, appelant ces derniers à rétablir l'ordre constitutionnel dans le pays. Le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l'organisation régionale, Abdel-Fatau Musah, a annoncé le 18 août dernier que la date exacte du début de l'intervention militaire au Niger a déjà été fixée, mais qu'elle ne sera pas annoncée pour le moment. Le Président Mohamed Bazoum a été destitué dans la soirée du 26 juillet par des militaires. Ils ont par ailleurs formé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) présidé par le commandant de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani. Bazoum reste retenu dans sa résidence mais communique par téléphone avec des dirigeants et des représentants d'autres pays. L'Algérie regrette le recours à la violence par la Cedeao et appelle à la retenue Alors que le Niger considère que toute intervention de la Cedeao sur son sol sera comme une occupation, l'Algérie et par la voie de son ministère des Affaires étrangères a appelé, avant-hier et dans un communiqué officiel, au non recours à la violence dans la région du Sahel, d'éviter toute embrasement sécuritaire et, surtout, d'opter pour les négociations et une solution politique afin de résoudre la situation qui prévaut au Niger. «L'Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d'une solution politique négociée au Niger, à un moment où l'intervention militaire dans ce pays se précise », a indiqué avant-hier le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger dans un communiqué. «A un moment ou l'intervention militaire au Niger se précise, l'Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d'une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l'ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin », précise le ministère dans son communiqué. L'Algérie «demeure, en effet, animée d'une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n'ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n'ont pas été épuisées», ajoute la même source. Le ministère souligne que «l'histoire de notre région enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d'un surcroît de problèmes que de solutions et qu'elles ont été des facteurs supplémentaires d'affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité ». D'autre part, le ministère des AE a réitéré l'attachement de l'Algérie au retour à l'ordre constitutionnel, tout en mettant en garde contre toute intervention militaire, lit-on dans ledit communiqué. «Avant que l'irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l'engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l'Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l'option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l'ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls dont notamment un regain de vigueur et d'agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région», conclut le communiqué. La nouvelle ambassadrice des Etats-Unis au Niger est arrivée à Niamey La nouvelle ambassadrice américaine au Niger, Kathleen Fitzgibbon, est arrivée avant-hier à Niamey, la capitale du Niger, c'est ce qu'a annoncé, le même jour, Matthew Miller, le porte-parole du département d'Etat. «Compte tenu de la crise politique actuelle au Niger, l'ambassadrice Fitzgibbon ne présentera pas officiellement ses lettres de créance. Son arrivée ne reflète aucun changement dans notre politique, mais répond à la nécessité d'avoir une direction de haut niveau pour notre mission pendant une période difficile. Ses activités diplomatiques viseront à parvenir à une solution diplomatique qui préserve l'ordre constitutionnel au Niger et à la libération immédiate du Président Mohamed Bazoum, de sa famille et de toutes les personnes détenues illégalement », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine. Associated Press a rapporté précédemment que l'Ambassadrice américaine devrait arriver à Niamey d'ici la fin de cette semaine. Le poste de chef de la mission diplomatique américaine au Niger est vacant depuis deux ans, rappelle le journal.n