Désormais, après la réunion du 22 jusqu'au 24 août 2023 en Afrique du Sud, les BRICS sont au nombre de onze (11), à savoir les cinq membres fondateurs, (la Chine, la Russie, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud) et les six pays nouveaux qui sont, l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Egypte, l'Iran, les Emiraties et l'Ethiopie, le communiqué final ne mentionnant aucun observateur. Les critères retenus ont été à la fois d'ordre économiques et géostratégiques car si l'on s'en tenait qu'aux critères économiques, des pays comme le Mexique, pour 2022, 1414 milliards de dollars de PIB , l'Indonésie 1319 milliards de dollars , la Turquie 940 milliards de dollars, la Thaïlande 495 milliards de dollars, le Nigeria 477 milliards de dollars, le Bangladesh 460 milliards de dollars, la Malaisie 406 milliards de dollars, auraient étés retenus, sous réserve qu'ils auraient postulé comme candidat membre. Cet élargissement est un dosage politique et économique pour ne pas perturber l'équilibre entre les pays à économie de marché et les pays à économie administrée avec des alliances stratégiques différentes, où selon les représentants de l'Inde et de l'Afrique du Sud étant pas question de s'opposer à l'Occident ayant opté pour un ordre mondial plus juste et le non alignement. Ainsi l'Asie est représenté par deux poids lourds, la Chine et l'Inde ; l'Amérique Latine par le Brésil et l'Argentine ; le Moyen- Orient par l'Arabie saoudite, l'Iran et les Emiraties certainement pour des raisons financières afin d'alimenter la banque de développement des BRICS ; l'Afrique par l'Afrique du Sud, l'Egypte et l'Ethiopie et l'Europe par la Russie. Le problème qui se pose est que dans les statuts de l'organisation, un seul pays membre peut bloquer toute nouvelle adhésion, le vote se faisant à l'unanimité et non à la majorité. Qu'en sera t-il donc lors de la prochaine réunion et cette règle sera-t-elle maintenue ? Pour le cas Algérie qui a déposé sa demande d'adhésion, comme je l'ai mis en relief à maintes reprises, les résultats économiques sont loin de ses importantes potentialités, devant améliorer la gouvernance et accélérer les réformes sur le terrain, loin des discours démagogiques. Comme dit l'adage à tout malheur est bon et devant tirer les leçons que dans la pratique des relations internationales mais si existent des postions communes sur certain sujets, n'existent pas de sentiments mais que des intérêts, chaque pays défendant avant tout se ses intérêts propres. Aussi, attention à des réactions intempestives, ne pouvant pas invoquer des intentions nuisibles à l'Algérie, car au sein des BRICS, elle a de solides relations avec la Russie, la Chine et l'Afrique du Sud. L'on devra analyser avec lucidité et sans passion pourquoi la candidature de l'Algérie n'a pas été retenue, selon des analyses objectives. (voir notre interview à l'hebdomadaire parisien le Point et au quotidien arabophone algérien El Massa), loin de la démagogie car, j'ai pu constater malheureusement dans différentes interviews que certains soi-disant experts organiques selon l'expression du célèbre philosophe italien Antonio Gramsci, voulant plaire en contrepartie d' une rente, ont annoncé sans nuances que l'Algérie serait membre des BRICS, ayant induit en erreur les plus hautes autorités du pays. Or, les lois économiques sont insensibles aux slogans politiques et un langage de vérité s'impose, ni sinistrose, ni autosatisfaction, pour redresser l'économie nationale toujours tributaire de la rente des hydrocarbures, environ 97/98% des recettes en devises avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour plus de 60%. Pour le PIB des BRICS, constitués de cinq Etats, nous avons respectivement : la Chine 17.963,- l'Inde 3.385 – la Russie 2.240, milliards de dollars -le Brésil 1.920 milliards de dollars et l'Afrique du Sud 406 milliards de dollars, soit au total nous aurons 25.914 milliards de dollars pour 2022 soit près de 26% du PIB mondial pour une population approchant 3,2 milliards d'habitants ,la Chine représentant en 2022 69,32% du BRICS et près de 18% du PIB mondial). Pour les pays retenus comme nouveaux membres candidats nous avons par ordre décroissant :l'Arabie Saoudite 1108 milliards de dollars ; Argentine 632 milliards de dollars, 6.-Emiraties 508 milliards de dollars, Egypte 404 milliards de dollars , Iran 388 milliards de dollars -Ethiopie 127 milliards de dollars .Pour les fondateurs des cinq pays des BRICS, nous aurons 25.914 milliards de dollars pour 2022 soit près de 26% du PIB mondial pour une population approchant 3,2 milliards d'habitants ,la Chine représentant en 2022 69,32% du BRICS et près de 18% du PIB mondial. Les nouveaux membres des BRICS représentent un PIB d'environ de 3167 milliards de dollars ce qui donne un total pour les 11 pays de 29.000 milliards de dollars soit 29% du PIB mondial pour 2022, pour une population approchant les 45% de la population mondiale. Par ailleurs, le Forum des BRICS a abordé le rôle de la banque de développement des BRICS à ne pas confondre avec les candidatures à l'adhésion des BRICS qui relève d'autres critères, notamment le niveau des réserves de change qui doit provenir du travail et non d'une rente. Aussi, pour éviter une interprétation biaisée les réserves de change et le niveau d'endettement sont une condition nécessaire mais non suffisante de l'indice du développement d'une Nation, l'objectif étant de transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles. La monnaie, qui est avant tout un rapport social, traduisant le rapport confiance Etat/citoyens, est un signe permettant les échanges ne créant pas de richesses. Au contraire, la thésaurisation et la spéculation dans les valeurs refuges comme l'or, certaines devises ou certaines matières premières sont nocives à toute économie. Au vu du poids économique donc de l'importance de la sphère réelle, il n'existe pas de corrélation entre les pays les plus riches et le niveau des réserves de change, le cas des USA. La richesse de toute nation provient de la bonne gouvernance, permettant la création de valeur ajoutée reposant sur le travail et l'intelligence. Selon le FMI le niveau des les réserves de change pour le G7 est le suivant: Allemagne, 292 milliards de dollars, Canada, 108, Etats-Unis d'Amérique, 37, France, 221, Grande-Bretagne, 180, Italie, 224 et le Japon 1.226 milliards de dollars. Pour les cinq pays des BRICS, pour la même période nous avons le montant suivant des réserves de change : Chine, 3.133,- l'Inde, 572 – la Russie, 574 -le Brésil, 331 et l'Afrique du 61 milliards de dollars. Pour les six membres retenus nous avons, l'Arabie Saoudite 458 milliards de dollars; -l'Argentine 275 ; Emiraties 115 .-l'Iran ; 65, l'Egypte ; 34 ; Ethiopie 1,6 milliards de dollars. Selon Dilma Rousseff, présidente de la NDB depuis mars dernier et ancienne présidente de l'Etat du Brésil, dans un entretien accordé au Financial Times à la veille du 15e sommet des BRICS a déclaré que. «La banque examine actuellement les demandes d'adhésion d'environ 15 pays, bien qu'elle ne soit susceptible que d'en approuver quatre ou cinq». L'objectif vise à s'affranchir des institutions de Bretton Woods mises en place après la Seconde Guerre mondiale (Fonds monétaire international et Banque mondiale). Depuis mars 2023, cette banque dotée d'un capital initial de 50 milliards de dollars, capital qui a ensuite été porté à 100 milliards de dollars dont la Chine détient plus de 40 % du capital. Les avantages de la Nouvelle Banque de développement devraient tourner qui ont déjà permis de transformer le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, serait la promotion de l'usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l'investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar et la mise en place d'un mécanisme de paiement durable pour le commerce bilatéral des pays BRICS. L'objectif à moyen et long terme serait la création d'une monnaie commune adossée au niveau des réserves de change et l'or. Cependant , il faut être réaliste, outre des systèmes politiques et économiques hétérogènes, selon les données du FMI du 28 avril 2023, la part du dollar, dans les paiements mondiaux s'élève à environ 38 %, l'euro faisant jeu égal avec le dollar et la part du dollar dans les réserves de change mondiales est passée de 71 % en 1999, à 58 % en 2022, l'euro 20,5 %, le yen 5,5 %, la livre sterling 5 % et le yuan chinois 2,7 %. L'indépendance relative des BRICS vis- à- vis du dollar et accessoirement de l'euro sera fonction entre 2023/2030 de leur part dans le commerce mondial qui a atteint, en 2022, 32.000 milliards de dollars. Une monnaie commune qui cohabiterait avec le dollar et l'euro est un objectif à long terme ,(plusieurs décennies pour instaurer l'euro), problème technique complexe qui suppose une uniformisation des taux de change, fonction du poids économique de chaque pays, et une coordination de toutes les banques centrales. En conclusion, actuellement les BRICS sont un club non structuré en secrétariat général, et commissions comme le G7, avec des structures politiques et économiques différentes. Mais son poids économique croissant devrait modifier l'actuelle architecture des relations internationales s'orientant vers un monde multipolaire afin de favoriser un co- développement mondial et lutter contre les inégalités et la pauvreté. L'action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés comme le déséquilibre de l'économie mondiale et qu'il ne peut y avoir de développement global sans le développement et la prospérité de la majorité des pays en voie de développement et qu'il s'agit de respecter le choix du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie. Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités expert international