,Après le Qatar en 2022, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique en 2026, la Coupe du monde 2030 sera organisée sur trois continents (Amérique du Sud, Europe et Afrique). Ce qui pose des questions sur l'impact environnemental. Pour le centenaire de sa première édition en Uruguay, la Coupe du monde masculine « unira trois continents et six pays » (Argentine, Uruguay, Paraguay, Espagne, Portugal et Maroc, NDLR) a promis mercredi 4 octobre la Fifa, l'instance mondiale du football, qui doit encore valider les critères techniques et n'attribuera officiellement la compétition que fin 2024, comme prévu. Mais avec l'approbation « unanime » de cet unique dossier par le Conseil de la Fifa, la route semble dégagée pour cette formule intercontinentale inédite, promettant un montage politique et logistique complexe et de nombreuses questions autour de l'impact environnemental des grands événements sportifs. « La Fifa poursuit son cycle de destruction contre le plus grand tournoi du monde », a réagi sur X (ex-Twitter) l'association Football Supporters Europe, déplorant une formule « horrible » pour les supporters et « sans considération » pour l'environnement. Une édition 2022 au Qatar déjà décriée Déjà, l'édition du Qatar en 2022 avait fait couler beaucoup d'encre. Sur les huit enceintes prévues pour recevoir le tournoi, sept étaient équipées de systèmes de climatisation. Lors de son attribution, le tournoi devait se jouer comme d'habitude entre mi-juin et mi-juillet. Mais au Qatar, les températures peuvent atteindre 50°C en plein été. La Fifa avait finalement décidé de déplacer la compétition à l'automne, où la météo est plus douce. Et la climatisation devait fonctionner lors des pics de chaleur en pleine journée. Le Qatar est le pays qui détient le record d'émission de CO2 par habitant. Et pratiquement une année après cette édition, que sont devenues toutes ses infrastructures de ce Mondial considéré comme le plus cher de l'histoire ? Après l'édition 2028 qui aura lieu aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, à 48 nations au lieu de 36, le choix des trois continents va encore plus loin. « La Fifa prend le chemin d'une compétition plus éclatée que jamais, alors qu'elle avait l'occasion de dessiner pour 2030, année décisive pour le climat, ce qui aurait pu être une révolution écologique dans le format des événements internationaux », regrette dans les colonnes de L'Equipe Jérôme Suissa, délégué général de Notre affaire à tous, association qui cherche à faire reconnaître, au niveau pénal international, les atteintes les plus graves portées à l'environnement. « C'est un choix catastrophique en décalage complet avec les enjeux et l'urgence climatique », s'insurge aussi dans les colonnes de L'Equipe Antoine Miche, fondateur et DG de Football Ecologie France. Des pays organisateurs qui manquent déjà d'eau… Car d'ici 2030, les ressources en eau du Maroc, de l'Espagne et du Portugal risquent de s'amenuiser encore plus. Selon le gouvernement portugais, 36% du territoire du pays se trouvait en situation de sécheresse sévère ou extrême en juin dernier. Les autorités portugaises avaient décidé de rationner l'eau dans la région touristique de l'Algarve (sud). L'été dernier, dans le sud de l'Espagne, dans la région de Malaga, l'eau ne coulait plus au robinet la nuit afin de garantir l'approvisionnement en journée. À Barcelone, la mairie n'arrosait plus les pelouses, des restrictions d'eau avaient été mises en place pour l'agriculture et les entreprises. Au Maroc, la sécheresse est devenue chronique. Cela fait plusieurs années que le pays est en stress hydrique. Les foyers marocains ont du mal à être fourni en eau potable. Récemment, quelque 11 milliards d'euros ont été débloqués pour doter le pays de 20 usines de dessalement au plus vite. Un dossier prioritaire, car la moitié de l'eau de mer désalinisée devrait servir à fournir en eau la population. Il va pourtant bien falloir de l'eau pour arroser les terrains de foot dans ces trois pays et fournir les touristes en eau potable. Plus d'un million de visiteurs se sont rendus au Qatar pendant le Mondial 2022, selon l'agence de presse qatarienne QNA. Sans parler de l'empreinte carbone des déplacements des équipes et du public entre les trois continents. « En 2030, les émissions de CO2 autour de la compétition vont exploser : joueurs, supporters et dirigeants voyageront sans cesse par les airs, pendant un mois, traversant soit l'Atlantique, soit la Méditerranée », peut-on lire sur le site internet de l'Agence Ecolosport qui accompagne les acteurs du sport dans leur transition écologique. 2023 est désormais l'année la plus chaude jamais mesurée sur les neuf premiers mois, s'approchant d'une anomalie de 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Qu'en sera-t-il en 2030 ?