Nous avions annoncé dans nos précédents articles consacrés au scandale qui a ébranlé les fondements des institutions européennes, que le Marocgate n'avait pas fini de livrer tous ses secrets et qu'il nous réserverait encore bien des surprises. Quoi qu'il en soit, Arena a beau jurer mordicus que son fils n'a aucun lien avec le Maroc, c'est nous prendre tous pour des idiots, puisque le Maroc est le principal fournisseur de cannabis au niveau mondial. D'ailleurs, Lemaire avait déjà éveillé les soupçons au cours de recherches menées par la police de Bruxelles. En effet, les policiers avaient identifié le fils d'Arena dans l'entourage de certains suspects liés au trafic de drogue dans la capitale belge et ils sont très intéressés par les nombreux voyages d'Ugo Lemaire au Maroc et en Espagne. Pour en revenir à ce fameux colloque au Parlement européen chargé de vanter les mérites du cannabis «doux», il avait été organisé par ACTIVE, une association professionnelle du cannabis dont Ugo Lemaire, encore lui, est président pour le Benelux. Quand on consulte le site de cette organisation, celle-ci se définit comme la première association commerciale paneuropéenne pour les cannabinoïdes et les terpènes (hydrocarbures produits par les plantes) et réunissant des entreprises, des scientifiques, des leaders d'opinion et des investisseurs en Europe. Rien que ça ! Ce qui frappe d'emblée, c'est l'affichage du logo étoilé européen sur fond bleu. Et qui voit-on dans la présentation ? Pardi ! Marie Arena en pleine session du Parlement européen. Il faut savoir qu'avec trois collègues, Arena a cofondé un groupe de pression au Parlement européen sur le cannabis thérapeutique début 2021 : l'Alliance européenne du cannabis médicinal, visant à promouvoir les lois sur le cannabis dans l'Union européenne. Un beau coup de pouce à son fils. Honni soit qui mal y pense, dirait King Charles, il n'y a aucun conflit d'intérêt. D'ailleurs, Arena s'en défend avec véhémence, elle qui berne tout le monde avec tant de facilité puisqu'elle a déclaré benoîtement que le fait d'accueillir l'événement d'ACTIVE ne représentait pas un conflit car cela «ne promeut en aucun cas un intérêt privé, mais plutôt un sujet d'intérêt général». Quelle belle âme ! En tout cas, la BRC & Co d'Ugo Lemaire et de Nicolas Claise gère également une plateforme appelée Buddy Belgium, dont ils sont cofondateurs et qui se présente comme le premier hub européen du CBD, dont les produits ont bénéficié d'un changement dans la loi belge autorisant la vente de cannabis ne dépassant pas 0.2% de THC. Grâce à qui ? Grâce à maman Arena, bien sûr. Que ne ferait-on pas pour ses enfants. D'après sa présentation sur son site, cette plateforme a pris naissance un soir de juillet 2018, dans un garage de la banlieue bruxelloise, où l'on peut extrapoler en affirmant que s'y réunissaient des jeunes fumeurs de pétards appartenant à une classe sociale privilégiée. Pourquoi ne pas en faire une activité lucrative ? Cela nous amène au 19 juin 2023, date à laquelle le juge Michel Claise, chargé de l'instruction sur le Qatargate et le Marocgate, s'est désisté du dossier pour éviter un conflit d'intérêt. C'était bien la moindre des choses, puisque son fils et le fils de Marie Arena sont très proches. Ce qui est dommage, c'est qu'il a fallu que Me Maxim Töller, l'avocat de Marc Tarabella, l'un des eurodéputés socialistes mis en cause, belge lui aussi, accuse le juge Claise d'avoir accordé un traitement de faveur à Marie Arena en raison des liens de leurs fils respectifs qui se connaissent depuis des années. De plus, d'après le journal belge Sud Info, bien avant qu'éclate ce nouveau scandale, Michel Claise avait été critiqué concernant sa gestion du dossier par un de ses «frères» appartenant à la même loge maçonnique et issu du monde politique, qui lui avait reproché d'en faire trop pour couvrir Arena. Et, de fait, comment est-il possible qu'Arena, dont le nom est cité à maintes reprises depuis le début de l'affaire, n'ait pas encore été inquiétée ? Elle n'a même jamais été entendue. Serait-ce un exemple du surréalisme à la belge ? Sa relation privilégiée avec Panzeri, les voyages non déclarés au Qatar, les cadeaux reçus, le séjour à la Mamounia en 2015, les multiples conversations téléphoniques avec Panzeri, Kaili, Giorgi, etc., tout est bizarrement passé à la trappe. Circulez, il n'y a rien à voir ! Et encore maintenant, alors que la Sûreté de l'Etat a déclassifié un rapport qui cite les soupçons des services de renseignement belges à son égard, toujours pas d'audition en vue de Marie Arena, pas de levée de son immunité parlementaire, pas d'inculpation. Rien. C'est incroyable ! Combien avez-vous reçu pour attaquer l'Algérie ? Pourtant, le PV stipule qu'Arena a demandé à Atmoun d'intervenir pour organiser des voyages pour son fils au Maroc. Elle a aussi joué un rôle actif dans le calcul des rémunérations des protagonistes du dossier. Elle était tellement proche de Panzeri qu'ils voyageaient ensemble et qu'un marque-page sous forme de photo d'Arena a été trouvé dans un livre de Panzeri. En mai 2022, lors d'un voyage au Qatar, Panzeri a reçu plusieurs cadeaux de la part des autorités qataries, dont une Rolex et un collier avec une rose, qu'il a offerts à Marie Arena. Petit bonus : une place à la Coupe du monde de football pour le fils d'Arena. Dans le document, il est également question d'importantes sommes d'argent détenues par l'eurodéputée socialiste. Et, cerise sur le gâteau, Ugo Lemaire, le fils de Marie Arena, et Silvia Panzeri, la fille du «repenti» Pier Antonio Panzeri, sont représentés par le même avocat, Me Denis Bosquet. Pas de quoi entendre la déposition d'Arena ? Vraiment ? Une source judiciaire confie : « Il est dommage que Michel Claise ait été au courant de ce problème dès le début de l'enquête. Un certain nombre d'autres personnes au sein de la justice étaient également au courant, mais ont choisi de ne rien dire. Cela ne signifie toutefois pas que toute l'enquête doit être refaite. La police a bien fait son travail, mais l'interprétation donnée aux procès-verbaux par le juge d'instruction et la direction prise par le dossier est erronée. » En outre, faut-il accorder confiance aux propos du repenti Panzeri?, se demandent ces sources. Il a toujours affirmé qu'Arena n'était pas impliquée, alors que son nom apparaît de nombreuses fois dans le dossier. Il semble donc que Panzeri ait menti pour la protéger et sans doute pour d'autres faits également. Et de conclure : « En tout état de cause, un certain nombre d'actes d'enquête qui n'ont pas eu lieu jusqu'à présent devront être effectués et un certain nombre de personnes qui auraient dû être interrogées depuis longtemps devront l'être, afin d'obtenir, de cette manière, une image complète de l'ensemble du dossier. » Les autorités affirment que la décision prise par le juge Claise de se dessaisir du dossier a été décidée uniquement par mesure de prudence, afin d'éviter tout sentiment d'irrégularité et non en raison de problèmes réels. Néanmoins, on ne peut pas prétendre que son départ n'impacte pas le déroulement de l'enquête. Souvenons-nous. Tout a commencé avec un rapport de la Sûreté de l'Etat qui a permis d'initier l'enquête du Qatargate en décembre 2022 et qui n'était que la pointe de l'iceberg de ce qui est devenu le Marocgate, dont voici un extrait : « Arena et Panzeri travaillent étroitement pour le compte du Qatar. Il ne s'agit pas de simples prises de contact qui pourraient être justifiées par les fonctions d'Arena, mais bien de situations où le Qatar dicte les propos qu'elle tiendra.» Par exemple, Maria Arena vantait les «progrès» enregistrés en matière des droits des travailleurs au Qatar, foulant aux pieds les milliers de travailleurs décédés dans des accidents de travail. Selon The Guardian, plus de 6 500 travailleurs en provenance de divers pays (Népal, Inde, Bangladesh, Sri Lanka, Pakistan) immigrés au Qatar y sont morts entre 2011 et 2020. Sans parler des Philippins ou des Kenyans et d'autres pays qui ne tiennent pas les registres de leurs ressortissants décédés. Ces milliers d'hommes partis chercher du travail pour permettre à leur famille d'échapper à la misère, ont disparu à jamais, tués par des conditions de travail inhumaines, tout cela pour la grand-messe truquée du football qui fonctionne grâce à une corruption gigantesque qui génère des milliards. Mais Mme Arena, présidente de la sous-Commission des droits de l'Homme au Parlement européen, n'en a eu cure. Que vaut la vie d'un travailleur népalais ou kenyan à côté des avantages offert par l'émir du Qatar ? Elle préfère tancer l'Algérie pour ses «manquements» aux droits de l'Homme, sur les ordres du Makhzen qui la rétribue pour sa peine. Rappelons également l'appel téléphonique d'Eva Kaili à Arena le 9 décembre 2022, lorsque le domicile de l'ex-vice-présidente du Parlement européen a été perquisitionné. Kaili informait Arena que Panzeri venait d'être arrêté. Dans la foulée, le bureau de Donatella Rostagno, l'assistante d'Arena au Parlement, a été mis sous scellés parce qu'elle avait travaillé pour Fight Impunity, l'ONG de Panzeri. C'est Arena elle-même qui avait recruté Rostagno. «Madame Je suis innocente» a également eu 437 contacts téléphoniques avec Francesco Giorgi, le trésorier de Fight Impunity, entre décembre 2021 et septembre 2022. Puisque l'on parle de ce dernier, on apprend que ce Francesco Giorgi, le compagnon de l'ancienne vice-présidente déchue du parlement européen, Eva Kaili, a donné aux enquêteurs un fichier de 250 lignes consignant les activités d'ingérence au sein du Parlement européen en faveur du Qatar, du Maroc et, plus modestement, de la Mauritanie, et menées par l'organisation criminelle d'Antonio Panzeri. Le journal belge Le Soir a pu avoir accès à ce document. D'après les journalistes du Soir, toutes les prestations en faveur de ces pays sont actées dans ce document qui servait à justifier les paiements reçus et étaient régulièrement envoyées aux «employeurs». Ce document apporte la preuve de toutes les activités qui ont été menées pour favoriser le Qatar et le Maroc dans les décisions des institutions européennes. Les noms déjà cités dans l'affaire se retrouvent dans le document, comme Marc Tarabella, Marie Arena, Eva Kaili, Andrea Cozzolino, ainsi que d'autres assistants et conseillers. Il s'agissait de promouvoir l'image de ces pays, par exemple en poussant une résolution au Parlement européen, mais aussi en invitant certains ministres de ces pays à venir s'exprimer au Parlement avec des questions consensuelles «préparées», publier des tweets favorables à ces pays et surtout défavorables aux ennemis de ces pays, faire des communiqués de presse défavorables aux mêmes ennemis ; bref, tout ce à quoi l'on assiste depuis des années comme mensonges flagrants de certains élus corrompus. L'un des axes de ces ingérences était d'attaquer l'Algérie au profit du Maroc en la dénigrant. N'est-ce pas, Mme Arena ? Combien avez-vous reçu pour attaquer l'Algérie ? Tout ceci est expliqué sans détours dans le podcast du Soir du 19 juillet 2023. Fuites, pressions, menaces et piratage Dans ce dossier dit du «Qatargate» mais qui est avant tout celui du Marocgate par les implications qui en découlent à plusieurs niveaux, tels que les relations commerciales Maroc-Europe, la colonisation illégale du Sahara Occidental par le Maroc, les accords de pêche avec le royaume marocain dans les eaux territoriales du Sahara Occidental, ainsi que toutes les implantations coloniales dans le territoire sahraoui, mais aussi le gigantesque trafic de drogue de la Mocro Maffia qui sévit en Europe, le Qatargate, quant à lui, n'ayant été actif que pour l'organisation du Mondial, il n'y a pas que le juge d'instruction Michel Claise qui a sauté. Il a été remplacé par la juge Aurélie Dejaiffe qui avait déjà repris le dossier lors de la demande de récusation du juge Claise au début de l'affaire. Le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw a lui aussi été nommé à un autre poste. C'est la juge Ann Fransen, spécialiste du terrorisme qui le remplace désormais. Dans une interview accordée en septembre dernier au journal Le Soir, Van Leeuw avouait qu'en 10 ans en tant que procureur fédéral, il n'avait jamais vu autant de pression que dans le dossier dit du «Qatargate», se plaignant de nombreuses fuites. Il déplore le déferlement d'informations et l'action de robots au service de campagnes de dénigrement sur Internet «financées par des Etats visés ou cités dans ce dossier». Cela ne nous étonne pas car tout Algérien connaît l'emprise des «mouches électroniques» déployées depuis des années par le Makhzen marocain sur les réseaux sociaux pour porter préjudice à l'Algérie. Par ailleurs, on apprend que les téléphones de certains policiers et magistrats chargés de l'enquête, dont le juge Michel Claise, ont été infectés par un logiciel espion. Pegasus, vendu au Maroc par l'entité sioniste d'Israël, a décidément été mis à contribution ces derniers temps. Il conviendrait aussi de se pencher sérieusement sur le hasbara israélien et le Team Jorge. Et on va encore nous parler du «Qatargate» ! Comme l'avait déclaré le procureur Van Leeuw, Michel Claise a connu divers problèmes graves qui ont impacté tant sa vie professionnelle que personnelle. Selon ce dernier, ses problèmes ont commencé lorsque les liens entre son fils et celui d'Arena ont été révélés. Il a été visé par des campagnes de diffamation sur les réseaux sociaux, instrumentées par de faux profils. Son domicile a été «visité» à deux reprises, une au début de l'affaire, en décembre 2022, et l'autre récemment. Ce qui est assez inhabituel, c'est que les «visiteurs» ont chaque fois refermé la porte après leur passage. Son téléphone portable a été piraté et il a reçu des menaces de mort par écrit. Il a porté plainte contre X pour diffamation, faux en informatique et organisation de malfaiteurs. Il est clair qu'il s'agit d'actes de barbouzerie dont le commanditaire est le Maroc qui avait trop à perdre dans cette enquête. En conclusion, on peut constater que si les services de renseignement et de police belges font leur travail en amont, au niveau judiciaire, il y a des blocages. Toute cette histoire révèle l'existence d'un problème au sein du système politico-judiciaire en Belgique. Quand on voit des ex-ministres impliqués jusqu'au cou dans des affaires de corruption et de trafic en tous genres, et qui ne sont pas inquiétés, on se demande où est l'indépendance de la magistrature face au politique. Le séisme provoqué par le Marocgate qu'ils travestissent en Qatargate éclabousse le monde politico-judiciaire belge dans son ensemble et n'a pas fini de faire des vagues. Ce n'est rien de moins qu'une véritable défaite morale quand on voit un juge auquel tout le monde croyait se retrouver impliqué bien malgré lui par son fils dans une sombre histoire de trafic de drogue et de corruption politique. Il n'en fallait pas plus pour encourager les avocats des divers inculpés à sonner l'hallali contre la justice belge, comme les avocats d'Eva Kaili qui affirment que l'ex-vice-présidente du Parlement a fait l'objet d'une enquête illégale de la part de la police belge et des services secrets. Selon eux, elle bénéficiait d'une protection parlementaire en tant que députée. Eva Kaili a d'ailleurs attaqué l'Etat belge en portant l'affaire devant les tribunaux. Ses avocats accusent le juge Claise d'avoir essayé de protéger d'autres eurodéputés et estiment qu'il n'y a plus de Qatargate. Ils appellent désormais ce dossier le Belgiangate. Car, ne nous y trompons pas, les conséquences des révélations de ces interconnections entre les uns et les autres et les diverses erreurs commises au cours de l'enquête offrent une occasion en or aux avocats des suspects de classer l'affaire. C'est une véritable catastrophe. Quelle sera la suite ? Toutes les éventualités, comme les billets de banques chez le fils Arena, sont sur la table. Moralité : ce n'est jamais bon de trop gâter ses enfants. Dieu sait quels dégâts ils peuvent provoquer. Décidément, ce n'est pas qu'au royaume du Danemark qu'il y a quelque chose de pourri, dirait William Shakespeare. A suivre…