Le défi de l'Algérie entre 2024/2030 pose la problématique fondamentale du rôle de l'Etat reposant sur l'entreprise et son fondement, le savoir au sein d'une économie ouverte. En ce début de janvier 2024, l'Algérie n'est ni dans une économie administrée, ni dans une véritable économie de marché concurrentielle, toujours en transition, expliquant les difficultés de régulation d'ensemble. Aussi, suite à mes précédentes contributions, cette présente analyse, fait le point sur le compromis des années 2024/2030 qui devra concilier l'impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d'une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot, l'efficacité et l'équité. Car il faut éviter toute ambiguïté. Pour cela une place importante doit être donnée à la négociation collective où l'Etat se confinera à son rôle en matière de minima de salaires et de grilles de classifications professionnelles et d'introduire des incitations comme celui d'abaisser les cotisations sur les bas salaires afin de diminuer les coûts relatifs des emplois non qualifiés. Cependant, en allégeant les charges, il faudra mesurer le prix de cet effort de redistribution par les actions ciblées de solidarité nationale en évitant de décourager les activités économiques. D'une manière générale il y a urgence d'un système d'éducation évolutif s'adaptant à la nouvelle conjoncture internationale par des réformes depuis le primaire jusqu'au supérieur en passant par la formation professionnelle par une formation permanente afin d'éviter des diplômés chômeurs avec la baisse du niveau, et donc améliorer la qualité : c'est que la majorité des salariés n'ont pas à ce jour bénéficier de formation professionnelle. Dans le cadre de l'amélioration de la qualité, il est souhaitable une décentralisation de la gestion de l'éducation d'une manière globale afin de faire jouer la concurrence régionale et son adaptation aux besoins de la société, avec quatre (04) grands pôles d'excellence et éviter ce mythe d'une université par wilaya. Le deuxième axe est celui d'une nouvelle gestion de la sécurité sociale favorisant l'emploi et la cohésion sociale. Le financement de la protection sociale continue à être assis pour l'essentiel sur les cotisations sociales et absorber les gains de productivité au détriment de l'emploi et des salaires directs, car force est de reconnaître qu'avec la baisse de la salarisation due à l'accroissement du chômage, cela pèse sur le compte de la sécurité sociale et par la présence à la fois des dépenses de transfert et leur mode de financement, le déficit étant couvert par des prêts à moyen terme qui sont supportés sur les générations futures. Aussi la pérennité du système risque d'être menacé à moyen terme et nécessite de profondes réformes structurelles. Le long retard dans le paiement des retraites les années passés et peut être futures, en cas de chute brutale des cours du pétrole et si la panne dans le développement persiste, doit nous faire réfléchir par des mesures pérennes et non conjoncturelles. D'une manière générale la notion d'équité a changé et l'accès à l'emploi doit être une priorité car la protection sociale actuelle accroît le chômage. Donc ce n'est pas un changement d'assiette des prélèvements qui résoudra les problèmes mais dans la maîtrise de la dépense aussi bien la dépense globale que la dépense remboursée, car dans cette sphère spécifique, celui qui consomme n'est pas celui nécessairement celui qui finance, et cela n'est pas neutre pour l'activité productive. Aussi l'ensemble des dépenses de la sécurité sociale ne doit pas croître, en volume, plus vite que la croissance du produit intérieur brut (PIB). Cette rationalisation des dépenses ne saurait signifier restriction aveugle afin de permettre de couvrir les besoins des plus démunis, supposant des enquêtes ciblées sur le terrain. Enfin dernier axe une nouvelle politique fiscale le système des impôts car le système d'impôt est au cœur même de l'équité, mais l'impôt pouvant tuer l'impôt, car il modifie l'allocation des ressources réalisée notamment l'offre de capital et de travail ainsi que la demande de biens et services. Un système fiscal efficace doit trouver le moyen de prélever des recettes en perturbant le moins possible les mécanismes qui conduisent à l'optimum économique et s'articuler autour des prélèvements faiblement progressifs sur des assiettes larges, ce qui n'altère pas leur caractère redistributif, le niveau de l'impôt direct dans une société mesurant le degré d'adhésion de la population. En conclusion, le monde devrait connaître un profond bouleversement entre 2024/20230 (transition numérique et énergétique), avec de nouvelles recompositions du pouvoir mondial avec l'émergence de nouvelles puissances économiques et des stratégies d'adaptation sont nécessaires pour l'Algérie tant dans le domaine économique que militaire En cette fin d'année 2023, j'ai un grand espoir pour le redressement national, l'Algérie ayant toutes les potentialités étant un acteur stratégique au niveau de l'espace euro méditerranéen et africain. La réussite dépend avant tout des Algériens eux mêmes, car n'y a pas de citoyens sans projet social et il n'y a pas de projet politique et économique durable qui ne soit pas lié à un projet social, devant restaurer à l'Etat sa vocation naturelle, le soumettre au principe d'efficacité, la puissance publique dépendent trop des corporations rentières ce qui conduit à un éparpillement et un accroissement des dépenses de l'Etat qui ne sont pas proportionnelles à leur efficacité. D'où l'urgence du renouveau du service public et l'optimisation de l'effet de la dépense publique où l'handicap majeur de toute société est l'intervention autoritaire, vision du passé, des pouvoirs publics, ce qui ne saurait signifier la fin du rôle de l'Etat stratégique en économie de marché en tant que régulateur et protecteur des plus démunis à travers des réseaux décentralisés dont la société civile car trop d' intervention de l'Etat central – en cas de malaise social- cristallise le mécontentement populaire sur le pouvoir d'Etat et aboutit à un affrontement direct entre la puissance publique et l'opinion sans qu'inter- vienne la moindre médiation. En fait, l'objectif stratégique est de redonner confiance à la population algérienne en instaurant un Etat de droit, base du retour â la confiance passant par des actions concrètes de lutte contre la corruption, le favoritisme, le régionalisme, les relations de clientèles occultes qui remplacent les relations contractuelles, avec l'application de la règle de Peter qui fait que l'on gravite dans la hiérarchie en fonction de sa servitude et de son degré d'incompétence. Aussi, il s'agit de mettre en place des mécanismes transparents dans le domaine politique, économique et social afin de lier l'efficacité économique, loin de tout monopole public ou privé et l'équité pour garantir la cohésion sociale. Abderrahmane Mebtoul Pr des Universités