«Au XXIe siècle, les batailles économiques de l'Algérie se remportent grâce à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir », préambule du rapport établi sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul- transmis au Premier ministre : «Face à la mondialisation, bilan et axes de développement 2015/2025» -15 janvier 2013 (8 volumes-980 pages). Premièrement, en ce qui concerne l'emploi, la politique passée et actuelle a été de préférer la distribution de revenus (salaires versés sans contreparties productives) à l'emploi, c'est- à-dire contribuant implicitement à favoriser le chômage. Aussi, il s'agit de modifier les pratiques collectives et réduire les à-coups sur l'emploi en accroissant la flexibilité des revenus et des temps de travail par une formation permanente pour permettre l'adaptation aux nouvelles techniques et organisations. Le rôle primordial pour l'emploi est d'introduire l'initiative économique de tout le monde et les capacités entrepreneuriales caractérisées par les prises de risques industriels et économiques. Devant éviter la vision matérielle du passé, et prendre en compte l'immatériel créateur de valeur ajoutée croissante, la solution la plus sûre est de s'appuyer sur la qualification, la professionnalité des salariés allant de pair avec la spécialisation de l'économie. L'avenir est dans les gisements importants d'emplois sur les activités de services, des emplois de proximité ce qui impliquera le développement important dans les années à venir des services marchands rendus nécessaires par l'élévation du niveau de qualification. Pour cela une place importante doit être donnée à la négociation collective où l'Etat se confinera à son rôle en matière de minima de salaires et de grilles de classifications professionnelles et d'introduire des incitations comme celui d'abaisser les cotisations sur les bas salaires afin de diminuer les coûts relatifs des emplois non qualifiés. Cependant, en allégeant les charges, il faudra mesurer le prix de cet effort de redistribution par les actions ciblées de solidarité nationale en évitant de décourager les activités économiques. D'une manière générale il y a urgence d'un système d'éducation évolutif s'adaptant à la nouvelle conjoncture internationale par des réformes depuis le primaire jusqu'au supérieur en passant par la formation professionnelle par une formation permanente afin d'éviter des diplômés chômeurs avec la baisse du niveau, et donc améliorer la qualité : c'est que la majorité des salariés n'ont pas à ce jour bénéficier de formation professionnelle. Dans le cadre de l'amélioration de la qualité qui s'est nettement détériorée, il est souhaitable une décentralisation de la gestion de l'éducation d'une manière globale afin de faire jouer la concurrence régionale et son adaptation aux besoins de la société, avec quatre (04) grands pôles d'excellence et éviter ce mythe d'une université par wilaya. Le deuxième axe celui d'une nouvelle gestion de la sécurité sociale favorisant l'emploi et la cohésion sociale. Le financement de la protection sociale continue à être assis pour l'essentiel sur les cotisations sociales et absorber les gains de productivité au détriment de l'emploi et des salaires directs, car force est de reconnaître qu'avec la baisse de la salarisation due à l'accroissement du chômage, cela pèse sur le compte de la sécurité sociale et par la présence à la fois des dépenses de transfert et leur mode de financement, le déficit étant couvert par des prêts à moyen terme qui sont supportés sur les générations futures. Aussi la pérennité du système risque d'être menacée à moyen terme et nécessite de profondes réformes structurelles. Le long retard dans le paiement des retraites les années passées et peut être futures, en cas de chute brutale des cours du pétrole et si la panne dans le développement persiste, doit nous faire réfléchir par des mesures pérennes et non conjoncturelles. D'une manière générale la notion d'équité a changé et l'accès à l'emploi doit être une priorité car la protection sociale actuelle accroît le chômage. Donc ce n'est pas un changement d'assiette des prélèvements qui résoudra les problèmes mais dans la maîtrise de la dépense aussi bien la dépense globale que la dépense remboursée, car dans cette sphère spécifique, celui qui consomme n'est pas celui nécessairement celui qui finance, et cela n'est pas neutre pour l'activité productive. Aussi l'ensemble des dépenses de la sécurité sociale ne doit pas croître, en volume, plus vite que la croissance du produit intérieur brut (PIB). Cette rationalisation des dépenses ne saurait signifier restriction aveugle afin de permettre de couvrir les besoins des plus démunis, supposant des enquêtes ciblées sur le terrain. Troisièmement, une nouvelle politique fiscale le système des impôts car le système d'impôt est au cœur même de l'équité, mais l'impôt pouvant tuer l'impôt car il modifie l'allocation des ressources réalisée notamment l'offre de capital et de travail ainsi que la demande de biens et services. Un système fiscal efficace doit trouver le moyen de prélever des recettes en perturbant le moins possible les mécanismes qui conduisent à l'optimum économique et s'articuler autour des prélèvements faiblement progressifs sur des assiettes larges, ce qui n'altérerait pas nécessairement leur caractère redistributif. Comme il y a lieu de préciser que le niveau de l'impôt direct dans une société mesure le degré d'adhésion de la population. 4.- Il ne peut y avoir de développement et de mobilisation des citoyens sans projet de société Il n'y a pas de citoyens sans projet social et il n'y a pas de projet économique durable qui ne soit pas lié à un projet social. Il s'agit de restaurer à l'Etat sa vocation naturelle, le soumettre au principe d'efficacité conçu selon une démarche démocratique, la puissance publique dépendant trop des corporations rentières ce qui conduit à un éparpillement et un accroissement des dépenses de l'Etat qui ne sont pas proportionnelles à leur efficacité. D'où l'urgence du renouveau du service public et l'optimalisation de l'effet de la dépense publique en introduisant plus de rigueur budgétaire et renforcer les organismes de contrôle technique devant éviter le télescopage d'institutions éparses, fruit de compromis de forces politiques , ne m'expliquant pas le gel de la Cour des comptes prévus ans la Constitution, alors que l'on a programmé des centaine de milliards de dollars de dépenses publiques. Mais le contrôle le plus efficace est le contrôle démocratique. Car l'handicap majeur de toute société est l'intervention autoritaire, vision du passé, des pouvoirs publics, ce qui ne saurait signifier la fin du rôle de l'Etat stratégique en économie de marché en tant que régulateur et protecteur des plus démunis. Cette intervention – en cas de malaise social, cristallise le mécontentement populaire sur le pouvoir d'Etat et aboutit à un affrontement direct entre la puissance publique et l'opinion sans qu'intervienne la moindre médiation. En fait, l'objectif stratégique est de redonner confiance à la population algérienne en instaurant un Etat de Droit, base du retour â la confiance passant par des actions concrètes de luttes contre la corruption, le favoritisme, le régionalisme, les relations de clientèles occultes qui ont remplacé les relations contractuelles transparentes, avec l'application de la règle de Piter qui fait que l'on gravite dans la hiérarchie en fonction de sa servitude et de son degré d'incompétence. Aussi, il s'agit de mettre en place des mécanismes nouveaux dans le domaine politique, économique et social afin de lier l'efficacité économique, loin de tout monopole public ou privé, et l'équité pour garantir la cohésion sociale, loin de tout populisme. Les réformes politiques, sociales et économiques indispensables pour s'adapter tant à la mondialisation de l'économie dont l'espace euro- méditerranéen est son espace naturel qu'aux mutations internes impliquent l'instauration de la démocratie économique qui est inséparable de la démocratie sociale et politique. Le cadre macro-économique relativement stabilisé est éphémère sans de profondes réformes Ces réformes de structures par l'encouragement de tous les acteurs sociaux et économiques sans exclusive, devant intégrer la sphère informelle non par des mesures autoritaires bureaucratiques ne collant pas avec la réalité du terrain, mais par des mécanismes transparents afin de redonner confiance impliquent la refonte du système financier – douanier, fiscal – l'administration et une nouvelle régulation sociale au profit des plus démunis. Comme il y a lieu de ne pas confondre restructuration industrielle qui n'est qu'un élément – de la restructuration globale de l'économie objectif stratégique des réformes. Or le bilan de ces dernières années est mitigé croyant que c'est en changeant en promulguant des codes d'investissement avec ce perpétuel changement de cadres juridiques ( dans les pays développés n'existent pas de codes, laissant jouer les relations entreprises/banques et que tout choix d'un projet est dicté par le marché local et international), ou encore changer d'organisations que l'on résout les problèmes fondamentaux du pays, illusion de la mentalité bureaucratique des années 1970. Il faut en tirer les leçons négatives du passé et s'inspirer des expériences internationales réussies. Pour cela la cohérence e t la visibilité autour d'objectifs stratégiques précis datés dans le temps sous tendu par une nouvelle organisation institutionnelle débureaucratisée et décentralisés ( pôles et éco-pôles régionaux) ,devant éviter ce dialogue lassant gouvernement/ intellectuels organiques de services /organisations non représentatives rentières devant inclure les forces nouvelles acquises aux réformes. Ce sont les conditions pour mener à bien les réformes de fond, non des replâtrages conjoncturels, processus complexe, éminemment politique supposant un consensus de toutes les forces politiques, sociales et économiques, ce qui ne saurait signifier unanimisme, mais combien déterminant pour l'avenir du pays. L'expérience de bon nombre de pays en transition vers l'économie de marché peut fournir des enseignements utiles pour atténuer le pouvoir bureaucratique rentier dominant en Algérie. Car il est utile de signaler que les raisons du faible flux d'investissement étranger et du privé national hors hydrocarbures pourtant indispensable pour renouer avec la croissance et donc d'atténuer les tensions sociales me semble être essentiellement imputable non pas à l'aspect sécuritaire qui s'est nettement amélioré, mais au système bureaucratique sclérosant tant central que local, étouffant les énergies créatrices, ce qui explique les mauvais classements internationaux en terme d'attractivité pour l'Algérie malgré ses importantes potentialités. N'oublions jamais que dans la pratique des affaires n'existent pas de sentiments et que l'investisseur mu par la logique du profit n'investit pas durablement en Algérie mais dans des activités de court terme sachant qu'il sera payé grâce aux réserves de change. Le pouvoir bureaucratique sclérosant a ainsi trois conséquences comme frein à l'épanouissement des énergies créatrices. Première conséquence, une centralisation pour régenter la vie politique, sociale et économique du pays. Deuxième conséquence, l'élimination de tout pouvoir rival au nom du pouvoir bureaucratique. Troisième conséquence, la bureaucratie bâtit au nom de l'Etat des plans dont l'efficacité sinon l'imagination se révèle bien faible, déconnectés des réalités sociales. En résumé, l'entrave principale au développement et d'une bonne gouvernance en Algérie, provient de l'entropie qui a atteint un niveau inacceptable menaçant la sécurité nationale. Le défi majeur, est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable grâce à une planification stratégique, à l'instar des multinationales qui sont les plus grands planificateurs du monde. L'Algérie doit éviter l'image du Titanic par le retour au scénario de 1986, où les personnes sur le bateau dansaient pendant que le bateau coulait. L'Algérie peut avec ses moyens matériels et surtout humaines dépasser cette entropie grâce à un discours de vérité en vue d'une mobilisation de la société afin de faire avancer positivement la société. Et tout cela renvoie à l'urgence d'une gouvernance rénovée impliquant la refonte de l'Etat.