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Face aux convoitises des grandes puissances, les différents trafics au niveau de la région sahélienne et leurs impacts sur la sécurité et le développement L'avenir de l'Afrique au sein de l'économie mondiale
Cette présente contribution relate mon intervention à Alternatv ATV Québec/Canada, le 28 juillet 2024, 15h30 Montréal, qui a duré 1h30 disponible sur YouTube (https://www.youtube.com/live/9yrHB-EqdXE?si=Le_vG5dEFFq6ugED) sur le thème stratégique « L'avenir de l'Afrique au sein de l'économie mondiale, face aux convoitises des grandes puissances et les différents trafics au niveau de la région sahélienne et leurs impacts sur la sécurité et le développement», conférence qui fait suit suite à mes différentes conférences largement publiées au niveau national et international, données durant les cinq dernières années à l'Ecole supérieure de Guerre – ESG, à l'institut militaire de prospectives IMPED, à l'Etat- major de la gendarmerie nationale, à la DGSN, au sénat français et devant les ambassadeurs accrédités à l'Alger au siège de l'Union européenne, en trois parties interdépendances. Premièrement, l'Afrique au sein de l'économie mondiale. Deuxièmement les différents trafics facteur de déstabilisation de l'Afrique au niveau de la région sahélienne et troisièmement, les dix axes directeurs du développement de l'Afrique 2025/2030/2040. Pour les USA après le sommet USA/Afrique, constatant le retard pris notamment avec la Chine, en 2023, des accords commerciaux records avec l'Afrique, ont été enregistrés d'un montant total de 14,2 milliards de dollars et près de 550 nouveaux accords commerciaux et d'investissement ont été signés, représentant une augmentation de 67 % par rapport à 2022. Mais bon nombre d'autres pays courtisent l'Afrique dont les pays du Golfe, la Turquie où pour ce pays le volume commercial passant de 5,4 milliards de dollars en 2003 à 40,7 en 2023 . Cependant les différents trafics entravent fortement à la fois la sécurité et le développement de l'Afrique notamment au niveau de l'espace sahélien 2.-L'espace sahélien et les différents trafics Les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l'Europe et notamment la pénétration de l'islamisme radical à ne pas confondre avec l'Islam religion de tolérance à l'instar du judaïsme ou du christianisme. Et sans oublier qu'existent des influences religieuses autour de la conception de l'Islam qui influence largement les dirigeants politiques au niveau du Sahel. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l'effondrement du régime Libye et les tensions au Mali. De plus en plus nombreux, des migrants subsahariens s'installent désormais dans les pays du Maghreb avec l'intensification de la contrebande. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, ce pays n'ayant jamais eu d'Etat au sens hegelien du terme, le pouvoir s'étant appuyé sur des relations tribales, des centaines de milliers, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparé par de différents groupes qui opèrent au Sahel. D'où l'urgence de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des institutions internationales et des grandes puissances, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale surtout récemment avec la venue de djihadistes d'Irak et de Syrie. Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. Sur le court terme, les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires s'expliquant en partie par l'insécurité régionale, d'où l'importance à l'avenir de mutualiser les dépenses afin de ne pas freiner le développement. Ce qui m'amène à analyser les différents trafics aux frontières au nombre de sept. Premièrement, nous avons le trafic de marchandises. Pour l'Algérie par exemple, existent des trafics de différentes marchandises subventionnées comme le lait et la farine achetés en devises fortes, le trafic de carburant représenterait un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, c'est énorme. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins. Mais le trafic important est celui de faux médicaments générant environ 200 milliards de dollars de retombées économiques par an, contre 75 milliards en 2006, rapportant jusqu'à 500 fois leur mise initiale aux mafias du faux médicament, selon l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments. En cinq ans, le nombre de signalements d'incidents liés à la prise de médicaments contrefaits a augmenté de 60%, selon le Pharmaceutical Security Institute, une ONG de santé publique. La copie touche toutes les sortes de médicaments : les « princeps », qui sont couverts par un brevet, aussi bien que les génériques, les molécules les plus coûteuses des traitements contre le cancer aussi bien que des antidouleurs très abordables. Et le médicament le plus contrefait reste le Viagra, la petite pilule bleue de Pfizer. Avec des conséquences sanitaires gravissimes : plusieurs centaines de milliers de personnes périssent dans le monde chaque année à cause de faux médicaments. Deuxièmement, nous avons le marché «noir» des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché «blanc» puisque, rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde. Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d'armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d'armes s'effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics Sur un total des dépenses militaires mondiales s'élève à 2443 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 6,8 % par rapport à 2022, le marché international du trafic d'armes est évalué à 1 200 milliards de dollars par an. Troisièmement, nous avons la montée en puissance du trafic de drogue où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Dans le monde chaque année, le chiffre d'affaires du trafic de drogue s'élève à près de 250 milliards de dollars, un chiffre légèrement inférieur, le trafic de drogue en France étant évalué à trois milliards d'euros de chiffre d'affaires. Quatrièmement, nous avons la traite des êtres humains qui est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l'exploitation sexuelle ou à l'exploitation par le travail à ne confondre avec les flux migratoires encore qu'existent des liens. Mais contrairement à une idée faussement répandue véhiculée par les pays développés, qui d'ailleurs pompent l'élite de l'Afrique, la vidant de sa substance, l'ampleur de la migration circulaire au sein du continent africain dépasse de loin celle de la migration internationale ; plus de 80 % des réfugiés africains ayant trouvé asile dans d'autres pays africains. Selon le Rapport sur la migration en Afrique 2021 de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM, l'Afrique australe devant connaître la plus forte augmentation de la mobilité transfrontalière avec entre 200 000 et 800 000 personnes susceptibles de se rendre dans un pays voisin d'ici 2050. Mais la migration la plus importante en Afrique a toujours lieu à l'intérieur des pays, le plus souvent des zones rurales vers les zones urbaines . Cela est accentué par les conflits internes , comme par exemple en 2023 du conflit entre factions militaires au Soudan qui a entraîné six millions de déplacements et bien d'autres pays comme en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et en Somalie. Le changement climatique qui serait selon l'ONU à l'origine de 10% de l'ensemble des migrations transfrontalières en Afrique d'ici le milieu du siècle, a entraîné une réduction de 34 % de la croissance de la productivité agricole en Afrique subsaharienne depuis 1961 ; ce qui contribue à une insécurité alimentaire sans précédent sur le continent ces dernières années les rapports internationaux estimant que 35 % de la population de l'Afrique subsaharienne vit dans la pauvreté, ce qui crée une pression énorme sur les membres des ménages ayant un revenu pour qu'ils trouvent un emploi afin de répondre aux besoins essentiels. Quant au trafic de migrants, c'est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. En soulignant que les transferts de fonds vers le pays d'origine généralement pauvre et en incluant les travailleurs légaux le montant officiel des envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire s'est élevé à environ à 860 milliards de dollars en 2023, mais les revenus criminels générés par le trafic des êtres humains sont estimés à 10 milliards de dollars/an rien que le long des deux routes principales utilisées pour ce trafic – respectivement de l'Afrique de l'Est, du Nord et de l'Ouest vers l'Europe et de l'Amérique du Sud vers l'Amérique du Nord, et que le montant global dépasserait les 32 milliards de dollars. Pr des universités, Expert international, Abderrahmane Mebtoul