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Les trois axes directeurs de l'action du président de la République : bonne gouvernance, dialogue social/politique et développement économique Pour le redressementnational 2025/2030
J'ai reçu l'aimable invitation pour assister au Salon Algest de la sous-traitance qui ouvrira ses portes du 2 au 5 octobre 2024, au Pavillon A. Safex, à Alger, mais ne pouvant assister à cette importante rencontre, j'ai transmis aux organisateurs cette présente contribution. C'est que l'économie algérienne est caractérisée par une désindustrialisation, alors que ce secteur est un des facteurs déterminant de la croissance de l'économie nationale. La part de l'industrie dans le PIB et le PIB hors hydrocarbures (source officielle APS) est sur une courbe décroissante entre 1965/2023, 1965/1977, près de 13% du PIB, 11% entre 1985/1999 et 6,6% en 2000/2005 et selon le ministère de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, le secteur industriel national en Algérie contribue fin 2023 à 4,1% du PIB (source APS 12 mai 2024). Entreprises publiques et privées ne dépassent pas 15% en 2023 de taux d'intégration, donc dépendantes des importations via la rente des hydrocarbures à plus de 85% pour leur fonctionnement. Le président de la République lors son investiture à la magistrature suprême a tracé trois axes directeurs pour son deuxième mandat dont le fondement est la paix sociale et la sécurité que connaît l'Algérie étant due grâce aux efforts de l'ANP et de toutes les forces de sécurité tenant compte des tensions géostratégiques et ce, en conformité avec la politique étrangère de l'Algérie qui repose sur des principes fermes et immuables, à savoir le rejet du recours à la guerre, la non- ingérence dans les affaires internes des Etats ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par des voies pacifiques. Premièrement, la bonne gouvernance fondement de l'Etat de Droit, à ne pas confondre avec Démocratie tenant compte des spécificités sociales propres à chaque pays, évitant de plaquer des schémas importés sur un corps social qui les rejetterait, la tolérance par la confrontation d'idées productives, loin de toute autosatisfaction ou dénigrement, supposant l'ouverture des médias pour de véritables débats engageant l'avenir du pays, où le monde avec les nouvelles technologies de l'information est devenu une maison en verre avec un l'impact croissant des réseaux sociaux. Deuxièmement, favoriser un dialogue ouvert en engageant des discussions soutenues et intensifier les consultations avec l'ensemble des forces vives du pays, politiques économiques et la jeunesse, du fait du caractère sensible de la conjoncture actuelle faite de défis multiples, qu'il faudra relever tant au niveau interne, qu'au double plan régional et international, ce qui suppose la confiance en les symboles de l'Etat et de ses institutions. Troisièmement, liée à de profondes réformes et du primat au savoir, est la relance économique afin de faire de l'Algérie horizon 2028/2030 un pays émergent sur le plan économique avec pour objectif une économie diversifiée hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales s'adaptant à la quatrième révolution économique mondiale fondée sur la transition numérique et énergétique, ce qui suppose une vision stratégique au sein des filières mondiales internationalisées, la définition précise des missions des institutions et la mise en œuvre de projets (délais, coûts, moyens humains, modes de financement en devises et en dinars, protection de l'environnement). Le dialogue véritable suppose que l'opposition dans toute sa composante doit être écoutée, demeurant une force de proposition incontournable, chacun de nous aimant à sa manière l'Algérie, personne pouvant se targuer d'être plus patriote qu'un autre car le plus ignorant est celui qui prétend tout savoir. Aussi pour dépasser toute entropie s'impose la bonne gouvernance. Selon les Nations unies, la bonne gouvernance comprend les éléments suivants (voir l'intervention ronéotypée du professeur Abderrahmane Mebtoul donnée devant les ministres africains à l'invitation de l'Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA 27/30 janvier 2014) – la participation : donner à tous, hommes et femmes, la possibilité de participer au processus décisionnel ; la transparence : découlant de la libre circulation de l'information ; la sensibilité : des institutions et des processus vis-à-vis des intervenants ; le consensus : des intérêts différents sont conciliés afin d'arriver à un vaste consensus sur ce qui constitue l'intérêt général ; l'équité : tous, hommes et femmes, ont des possibilités d'améliorer et de conserver leur bien-être ; l'efficacité et l'efficience : les processus et les institutions produisent des résultats qui satisfont aux besoins tout en faisant le meilleur usage possible des ressources ; la responsabilité : des décideurs du Gouvernement, du secteur privé et des organisations de la société civile ; une vision stratégique : des leaders et du public sur la bonne gouvernance et le développement humain et sur ce qui est nécessaire pour réaliser un tel développement ; et très récemment la prise en compte la préoccupation, environnementale. Pour l'ONU, les acteurs de la bonne gouvernance sont les différents groupes «Porteurs d'intérêts», «Preneurs de décision» et «Fournisseurs d'opinion», ce que l'on appelle généralement les «Stake Holders» de la société, impliquant donc les modalités de prise de décision et les interrelations entre les différents intervenants dans le processus de prise de décision qui sont les «Fournisseurs de services », les « Détenteurs de la technologie» : le Gouvernement ; les collectivités Territoriales ; le pouvoir législatif ; les associations d'écologistes et de la société civile ; les investisseurs ; les universités et autres centres de décision, le secteur des Affaires ; le secteur Bancaire ; les institutions internationales internationale dont on peut en distinguer : les organisations à vocation universelle : notamment a travers l'organisation des Nations unies, les institutions économiques et financières internationales exemple : CEE, BM, FMI, BRI et OMC..., ainsi que les organisations multilatérales exemple : OCDE, l'Union européenne,...). Pour mesurer la bonne gouvernance, sur le plan politique et institutionnel on distingue : la voix citoyenne et la responsabilité qui mesurent la manière dont les citoyens d'un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d'expression, d'association et de presse ; la stabilité politique et l'absence de violence qui mesure la perception de la probabilité d'une déstabilisation ou d'un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme ; l'efficacité des pouvoirs publics qui mesure la qualité des services publics, les performances de la Fonction publique et son niveau d'indépendance vis-à-vis des pressions politiques ; la qualité de la réglementation qui mesure la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé ; l'Etat de droit qui mesure le degré de confiance qu'ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s'y conforment et en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence ; la maîtrise de la corruption qui mesure l'utilisation des pouvoirs publics à des fins d'enrichissement personnel, y compris la grande et la petite corruption, ainsi que «la prise en otage» de l'Etat par les élites et les intérêts privés. Pour l'Algérie, la gestion volontariste depuis l'indépendance à ce jour, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé l'urgence d'une véritable stratégie nationale d'adaptation à ce phénomène total et inexorable qu'est le changement profond du monde tant dans le domaine militaire, sécuritaire, économique, social et culturel. La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l'intervention massive -parfois directe et par moment insidieuse – d'acteurs internes et externes ont abouti à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies et non pas seulement pour la période actuelle. L'économie est fondamentalement politique, comme nous l'ont enseigné ses fondateurs, notamment Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Joseph Schumpeter et plus près de nous les prix Nobel en sciences économiques attribués aux institutionnalistes entre 2000 et 2023. Les réformes, fondement de la transition socio-économique, renvoient à la refondation de l'Etat qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face aux mutations, tant internes que mondiales. La refondation de l'Etat, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. La fin de l'Etat de la mamelle, puis de la légitimité révolutionnaire, signifie surtout que le pouvoir bienfaisant – ou de bienfaisances inaugurées comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l'échange d'une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politiques, et qui efface tout esprit de citoyenneté active – doit céder la place à un pouvoir juste. C'est la norme du droit qui reprend sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté nationale. Le passage de l'Etat de «soutien» à l'Etat de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et politique entre la nation et l'Etat. L'Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d'innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. La compétence n'est nullement synonyme de postes dans la hiérarchie informelle, ni un positionnement dans la perception d'une rente; elle se suffit à elle-même et son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées et la symbolique positive qu'elle ancre dans les corps et les acteurs sociaux. La compétence n'est pas uniquement fondée sur un diplôme, elle est aussi une conscience et une substance qui nourrissent les institutions et construisent les bases du savoir afin d'avoir un impact réel sur la dynamique sociale globale et cela afin de réaliser les aspirations d'une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité. Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités Expert international