L'ignoble assassinat de Shireen Abu Akleh, la journaliste vedette d'Al Jazeera, en fit la terrifiante démonstration à Jénine, au cours d'un 11 mai 2022 de triste mémoire : aucun gilet pare-balles de presse n'a jamais protégé les journalistes palestiniens de la fureur meurtrière de l'armée la plus immorale du monde... Au contraire, ils en ont toujours fait des cibles de choix pour les snipers israéliens qui, deux ans après cette exécution sommaire d'une reporter chevronnée, mitraillent aujourd'hui tous azimuts, n'étant plus à un crime de guerre près, ni à une violation du droit international humanitaire près, dans l'horreur absolue du génocide commis contre la population de Gaza. En l'espace d'un an, 165 valeureux journalistes palestiniens, en immersion au coeur de l'enfer de Gaza et en Cisjordanie occupée, ont été assassinés dans l'exercice de leur métier, mus par la volonté d'informer sur l'ampleur et la barbarie, sans précédent au XXIème siècle, du massacre de masse perpétré par Israël. « Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza, il n'y aura bientôt plus personne pour vous informer ».Cette phrase percutante, censée frapper les esprits, est mise en exergue par Reporters sans frontières (RFS) sur une large bannière déployée dans le cadre d'une campagne internationale de sensibilisation et de dénonciation « coup de poing ». Une campagne conçue à la fois pour rendre hommage aux journalistes palestiniens morts au front, dans une bande de Gaza totalement anéantie, et pour alerter le grand public sur la gravissime atteinte au journalisme et à la liberté d'expression dont ils ont été victimes. Le jeudi 26 septembre a marqué le lancement de cette grande opération sans frontières, qui sera ponctuée d'actions symboliques devant des monuments emblématiques de dix pays : l'Allemagne, le Brésil, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, le Sénégal, la Suisse, Taïwan et la Tunisie. Ainsi, devant la Tour Eiffel, des gilets «PRESS» ensanglantés – symbolisant le nombre effrayant de journalistes ayant payé de leur vie leur engagement à informer le monde – resteront exposés à la vue de tous. « Le massacre des journalistes à Gaza doit cesser. L'élimination par l'armée israélienne des journalistes de Gaza, plus de 130 en moins d'un an, risque d'imposer un black-out médiatique complet sur l'enclave verrouillée. Ces attaques ne visent pas seulement la presse en Palestine, mais aussi le droit du public, partout dans le monde, à recevoir une information fiable – libre, indépendante et pluraliste – en provenance de l'une des zones de conflit les plus observées de la planète. Nous demandons la protection des journalistes de Gaza, la fin de l'impunité et l'ouverture de la bande aux journalistes étrangers. Il en va de notre droit à l'information » – Thibaut Bruttin, directeur général de RSF n