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Taysir Batniji montre «200 clés de maisons de Palestiniens de Ghaza»
Biennale internationale d'art contemporain de Lyon
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 10 - 2024

Dans Au cas où #2, quatre murs blancs nous entourent, remplis de 200 photos couleur montrant des clés. Les légendes, écrites à la main au crayon, font corps avec l'image. Une installation d'une douceur éblouissante. Le regard de l'artiste plasticien Taysir Batniji sur des maisons détruites de Palestiniens à Gaza, des habitants en fuite, est incroyablement pertinent. Il réussit à donner une beauté formelle déroutante dotée d'une force fragile pour graver dans nos cœurs et nos rétines des réalités choquantes.
RFI : Vous exposez à la Biennale de Lyon une œuvre composée de 200 photos couleur montrant chacune un trousseau de clés. Votre installation, elle est la clé pour comprendre quoi ?
Taysir Batniji : Ce sont des trousseaux de clefs de maisons de Palestiniens de Gaza. Des gens qui habitaient le nord de Gaza et qui ont été obligés de quitter leur maison et de devenir réfugiés dans le centre et le sud de Gaza. Ce sont des maisons qui, pour la plupart, sont détruites maintenant. Ces gens, bien que leurs maisons soient détruites, gardent encore les clés de leur maison, espérant que la guerre s'arrête un jour et qu'ils puissent retourner, reconstruire leur maison...
Ce sont des clés que j'ai demandées aux gens, soit de manière personnelle – j'ai contacté des amis, des gens que je connais – ou à travers des gens qui connaissent des gens, en leur demandant de m'envoyer une copie de leur trousseau de clés sur un fond blanc, parce que je voulais quand même qu'il y aurait une sorte d'unité, que toutes les clés soient prises sur un fond neutre, un fond blanc, et avec le récit de chaque personne intéressée, le nom de la personne, où elle habitait à Gaza, quand elle a quitté sa maison, pour quelle raison, à quelle date et où elle est allée. Et finalement, si la maison est encore debout, ou si elle a été détruite, quand ?
Prenons un exemple parmi les 200 trousseaux de clés. Sur cette photo, qu'est-ce que cette clé nous apprend?
C'est un trousseau de clés avec un porte-clés, avec Handala, le personnage créé par Naji al-Ali, un caricaturiste palestinien assassiné à Londres, en 1997. [Le personnage Handala symbolise la tragédie de tout un peuple à travers ce petit garçon de 10 ans, l'âge auquel Naji avec dû quitter la Palestine, NDLR]. Et ici, on lit : « Abd El-Rahman Shamallakh, habitant du quartier Sheikh Ijlin, au sud-ouest de la ville de Gaza. Réfugié le 14 octobre 2023 à Al-Mawasi à Khan Yainès. Sa maison a été détruite le 30 mars 2024. »
Vous êtes né à Gaza, mais vous travaillez depuis longtemps à Paris. Comment avez-vous reçu cette clé?
J'ai contacté les gens qui m'ont envoyé des images de leurs clés sur WhatsApp. Ou j'ai demandé à des personnes là-bas de m'aider à récolter des images, des clés auprès des gens qu'ils connaissent. C'était vraiment un peu au bouche-à-oreille. Il y a une personne qui m'a envoyé pas mal de clés, qui est finalement devenue mon assistant là-bas. Une jeune fille qui m'a aidé beaucoup à avoir des clés, avec les récits de ces maisons.
Ici, à la Biennale de Lyon, parmi les 280 œuvres exposées, votre œuvre, Au cas où #2, est la seule sur la guerre à Gaza. Est-ce que cela vous étonne ? Cela vous surprend ? Ou vous honore ?
En fait, au début de la guerre, c'était très compliqué de faire quelque chose sur la guerre. C'est toujours compliqué. Et même en parler, c'était très, très compliqué. Ce travail a commencé réellement vers le mois de mars. Il y a deux choses qui, peut-être, ont motivé, ont facilité cette décision de travailler sur ces clés. La première, les clés, c'est un élément qui revient beaucoup dans mon travail sur plusieurs points. Les clés de maison questionnent la notion du chez-soi, l'appartenance, d'être ici, d'être là-bas. Dans ces conditions, c'était peut-être plus facile de faire le glissement, entre un état où l'on ne peut plus parler, on ne peut pas exprimer. Tout semblait vraiment insignifiant, même une expression artistique, et pas seulement la parole, mais toute forme artistique semblait vaine face à ce qui se passait.
Le deuxième élément, j'ai été contacté par Alexia Fabre, la commissaire de la Biennale, qui m'a proposé de participer cette année à la Biennale de Lyon. Elle a exprimé le souhait qu'il y ait quelque chose de nouveau pour cette occasion. Pour moi, c'était un élément motivant qui m'a aidé à franchir le pas et me lancer. L'idée, je l'avais en tête, mais j'étais happé par ce qui se passe, pétrifiée par l'angoisse et l'inquiétude, surtout pour ma famille, dont pas mal de membres sont restés là-bas. Donc, c'était un élément qui m'a motivé à avancer sur ce projet et finalement lui donner forme, comme on le voit ici dans cette exposition où on voit 200 clés de maisons de Palestiniens de Gaza.


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