Depuis le 23 avril dernier, la salle d'exposition du Centre culturel français d'Alger abrite l'exposition du photographe palestinien Taysir Batniji, intitulée “Fathers /Pères”. Cette exposition s'étalera jusqu'au 19 mai. Né en 1966 à Gaza, en Palestine, il vit et travaille à Paris. La série “Fathers /Pères” présente des portraits photographiques élaborés dans des boutiques, cafés, usines et autres espaces. Le thème principal est les portraits encadrés des maîtres des lieux, père fondateur de ces lieux – c'est-à-dire le commerce – disparu, ou le patron actuel, mais rarement. Ces portraits, le plus souvent accrochés derrière le comptoir ou mis en évidence sur les rayonnages (peut-être pour attirer le regard du client ?), ou des fois dissimulés parmi un amas de produits et/ ou de marchandises… En fait, l'emplacement du cadre du “Père” dépend de la spécificité du magasin ! Avec cette série de portraits photographiques, c'est le retour à l'ordre patriarcal en quelque sorte. Un retour à l'époque où les commerces avaient leur cachet ou spécificité grâce au portrait accroché. C'est une sorte de tradition d'habitude très répandue dans les pays arabes au Moyen-Orient, surtout après la mort du propriétaire, une manière de perpétuer sa mémoire. De plus, et à bien regarder les photos exposées, une certaine magie en ressort. Une magie dans le sens où l'on a l'impression d'être happés par le contenu, de faire un voyage dans le temps, plus précisément dans un passé, qui peut être aussi très récent. Chaque photo véhicule une histoire, un passé riches… Riches en évènements, en authenticité… Riches en vie tout simplement ! Avec ses portraits photographiques, Taysir Batniji nous raconte une histoire, celle de son enfance, celle de sa vie, celle de son pays. Il nous livre ou plutôt se livre – à travers ses photos – à cœur ouvert. D'ailleurs, on peut qualifier l'exposition “Fathers/Pères” de livre de contes ouvert, mais qui commence par n'importe quelle photo, il n'y pas d'ordre chronologique à suivre. Il suffit juste de se laisser aller, de se raconter son histoire, de l'écrire, de partir puis d'y revenir et y apporter des modifications si nécessaire ! Un beau voyage dans le temps, dans le passé, dans l'histoire d'un peuple, de personnes qui nous confient des secrets. Des secrets de toute une vie, d'une époque, belle ou pas, ce n'est pas si important que ça, riche en sentiments et en sensations. À rappeler que la série “Fathers/Pères” composition inconsciente, mais ô combien riche, a été exposée pour la première fois à Paris, en novembre 2007, par la Galerie Talmart, et qu'elle a fait l'objet d'une publication dans un livre portant le titre très évocateur Pères (éd. Talmart, Paris, 2007). L'exposition “Fathers/Pères” se poursuivra jusqu'au 19 mai prochain au Centre culturel français d'Alger.