A la faveur du conflit militaire à Ghaza du 7 octobre 2023, de la mort du jeune Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre 2023, du vote sur la loi immigration du 26 janvier 2024 qui proposait de porter atteinte au droit du sol à l'Assemblée nationale et surtout de la séquence des élections européennes du 9 juin 2024 puis des législatives anticipées du 30 juin – 7 juillet 2024 où l'on n'a pas hésité à parler de fin de la double nationalité, l'extrême-droite française et la droite réactionnaire ont pu poser de nouveaux jalons pour mettre en œuvre leur projet de société néocoloniale en France. Après les changements apportés par Sarkozy, l'influence d'Israël en France via les autres sayanims actifs en politique ou dans les médias augmente fortement, notamment pour la promotion d'une société néocoloniale « à l'israélienne » en France. La mise en place d'une société « néocoloniale » en France servira d'exemple à l'ensemble des pays européens pour le traitement de leur population immigrée, arabe et musulmane, ce qui permettra de « banaliser » et « justifier » sa propre répression dans les Territoires occupés, notamment de futures expulsions hors de Cisjordanie et de Gaza des Palestiniens à la faveur du prochain « accident de l'Histoire » du type du 7 octobre. b) Le soutien tactique d'une fraction des Establishments américain et britannique en direction de l'extrême-droite française (et européenne) pour garder deux fers au feu. En parallèle de l'emprise exercée par les Américains sur l'Establishment officiel en France via l'Union Européenne et l'OTAN, mécanismes de vassalisation de la France et des autres pays européens depuis plus de 60 ans, les Establishments américain et britannique ont également chargé une fraction de leurs agents menés par Steve Bannon du mouvement QAnon de soutenir les mouvements d'extrême droite européens dans leur projet d'accéder au pouvoir, bien que ceux-ci affichent leur volonté de s'autonomiser de la ligne pro-européenne et pro-américaine pour reconquérir leur souveraineté. Il s'agit pour les Etats-Unis d'avoir un deuxième fer au feu au cas où la politique de prédation actuelle via l'Union européenne et les Young leaders à la tête des Etats échoue. Ce double jeu actuel des Américains avec l'Establishment de droite français ressemble à s'y méprendre à l'aide apportée lors du retour de de Gaulle au pouvoir en 1958, afin d'arrêter le « chaos » qui menaçait la France durant la guerre d'Algérie, tout en sachant que celui-ci mènerait une politique souverainiste qui allait créer des tiraillements avec les Etats-Unis. Outre leur confiance à rééditer le scénario d'une révolution de couleur similaire à celle de mai 1968 menée à l'époque par leur agent sayanim Cohn-Bendit, cette fois-ci contre le futur gouvernement d'extrême droite qui s'installera en France, ils ont manifestement injecté leur agent-gendre idéal Jordan Bardella, le Tsípras français, au sein du Rassemblement National, pour effectuer un demi-tour contre la ligne souverainiste si le besoin s'en fait sentir le moment venu. Les auxiliaires : les monarchies arabes pro-occidentales Le projet d'installation de la société néocoloniale à l'israélienne en France, au nom d'un choc des civilisations, requiert également la complicité de certaines monarchies arabes, stratégiquement alliées de l'establishment français comme le Maroc et anglo-saxons comme le Qatar et l'Arabie Saoudite. Le Makhzen marocain a été, jusqu'à une époque récente, l'« Etat de la DGSE », comme l'Arabie Saoudite a été appelée l'« Etat de la CIA », jusqu'à la relative autonomisation du pays sous Mohammed Ben Salman. On peut d'ailleurs supposer que c'est la DGSE qui a espionné le Président Macron par Maroc interposé dans l'affaire Pegasus, le Maroc servant de paravent selon le vieux principe de la CIA de « dénégation plausible ». En effet, le Maroc, l'Arabie saoudite et le Qatar ont joué un rôle important dans le projet de 40 ans mené par l'Establishment français pour diffuser et instrumentaliser l'Islam intégriste et djihadiste en France en particulier, comme on le verra dans la section suivante. L'Arabie saoudite et le Qatar ont même joué un rôle crucial dans sa propagation dans le monde entier. Le rôle des monarchies wahhabites d'Arabie saoudite et du Qatar dans la propagation du djihadisme dans le monde En 2018, le prince Mohamed Ben Salman a reconnu que l'Arabie Saoudite avait bien propagé l'idéologie radicale wahhabite dont l'Arabie Saoudite est le berceau dans le monde arabo-musulman, à la demande des Occidentaux. Le wahhabisme servait d'arme pour faire tomber les régimes arabes laïcs et progressistes surgis des indépendances en Asie occidentale, généralement après la seconde guerre mondiale et à la suite du renversement des monarchies favorables aux Occidentaux... et de soutenir le projet sioniste, bras armé de l'Occident dans la région, même s'il ne le cite pas explicitement. Dans le même discours, Mohamed Ben Salman annonçait que l'Arabie Saoudite, qui s'engageait dans un plan de modernisation Vision 2030, allait réformer l'Islam saoudien pour une version d'islam sunnite plus traditionnelle et modérée que le wahhabisme et le salafisme, revenant par-là aux conclusions du Congrès des 4 écoles de droit islamique sunnite traditionnelle qui avait déclaré le wahhabisme « kouffar » c'est-à-dire apostat, dès le XIXe siècle. Historiquement, c'est la couronne britannique qui a favorisé l'islam rigoriste et salafiste wahhabite et la famille des Saoud qui en étaient les promoteurs depuis le XVIIIe siècle contre la Turquie ottomane, afin d'asseoir la domination britannique sur la péninsule arabique. En récompense de leur soutien contre l'Empire ottoman, les Britanniques ont permis aux Saoud d'évincer définitivement les Hachémites, gardiens historiques des lieux saints de la Mecque et Médine, et de fonder l'Arabie Saoudite moderne en septembre 1932 (en offrant la Jordanie et l'Irak aux Hachémites par compensation). Dès les années 40, l'espion anglais Saint John Philby, installé en Arabie Saoudite, converti à l'Islam et grand défenseur de l'alliance entre la tribu des Saoud et la Couronne britannique, suggère d'utiliser l'islam wahhabite rigoriste au-delà de l'Arabie Saoudite afin de défendre les intérêts occidentaux, en d'autres termes, déstabiliser les courants nationalistes, laïcs, progressistes et généralement socialistes dans la région de l'Asie occidentale. La proposition de Saint John Philby rencontre peu d'échos au sein de l'Establishment britannique, vraisemblablement parce que celui-ci est en voie d'adopter une autre stratégie, dans la grande tradition des rivalités séculaires entre le bureau du Caire et celui de Bagdad et du Golfe auquel Philby appartient : en effet, dans les années 40, la même couronne britannique prépare la décapitation du mouvement clandestin des Frères musulmans fondé par Hassen Al Banna qui luttait alors pour l'indépendance de l'Egypte. Mohsen Abdelmoumen