A la faveur du conflit militaire à Ghaza du 7 octobre 2023, de la mort du jeune Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre 2023, du vote sur la loi immigration du 26 janvier 2024 qui proposait de porter atteinte au droit du sol à l'Assemblée nationale et surtout de la séquence des élections européennes du 9 juin 2024 puis des législatives anticipées du 30 juin – 7 juillet 2024 où l'on n'a pas hésité à parler de fin de la double nationalité, l'extrême-droite française et la droite réactionnaire ont pu poser de nouveaux jalons pour mettre en œuvre leur projet de société néocoloniale en France.Au final, les périodes gaullienne et pompidolienne offrent un visage contrasté : l'Establishment rejette politiquement son extrême-droite du « champ républicain » en France « métropolitaine », tandis qu'il recycle cette même extrême-droite dans ses nouvelles menées coloniales du front occidental en Afrique contre les souverainistes, notamment au CongoKinshasa et au Biafra, tout en menant une diplomatie plus équilibrée au Moyen-Orient. Seuls les meneurs du putsch de l'OAS qui se sont attaqués au chef de l'Etat font l'objet de poursuites judiciaires, sont traqués et dégradés de l'armée et doivent se réfugier à l'étranger. b) Valéry Giscard d'Estaing effectue le premier rapprochement avec l'extrême-droite au sein de l'armée et approfondit la politique néocoloniale à l'étranger, Valery Giscard d'Estaing, petit neveu de François Georges-Picot (celui des accords Sykes-Picot de 1917 ayant conduit au partage du Moyen-Orient entre la France et l'Angleterre), pro-Algérie française et pro-OAS durant la guerre d'Algérie fait cesser les poursuites contre les membres de l'ancien Etat-major de l'OAS qui peuvent rentrer en France. Mais il ne va pas jusqu'à les réhabiliter dans leur grade au sein de l'armée. Sans surprise compte tenu de ses convictions très atlantistes, Valéry Giscard d'Estaing va bien plus loin que de Gaulle dans l'approfondissement de l'intégration européenne et dans la collaboration tous azimuts avec l'Establishment américain dans la déstabilisation des Etats progressistes d'Afrique ou la participation de la France à la répression extrême des mouvements progressistes en Amérique latine. En Afrique, Valéry Giscard d'Estaing engage la France dans une coordination des états-majors militaires et des services secrets au sein du Safari Club (avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël, l'Afrique du Sud, le Kenya et le Maroc) pour mener des actions de déstabilisation des gouvernements progressistes au nom de la lutte contre la « subversion soviétique ». Cette coordination se fait d'ailleurs sous l'égide de l'ex-Directeur de la DGSE Alexandre de Marenches. Valéry Giscard d'Estaing envoie également tous les spécialistes de la guerre contre-révolutionnaire français, souvent anciens de l'OAS (Massu, Salan, Aussaresses, Léger et le théoricien de la contre-insurrection, David Galula), en Amérique latine à la demande des Etats-Unis. Ils y assurent la formation des états-majors militaires et policiers des pays d'Amérique latine dans la fameuse Ecole des Amériques en enseignant les « meilleures » techniques développées au cours de la Guerre d'Algérie : tortures, enfermements et liquidations de masse dans les stades et disparitions, notamment les lâchages de nuit de corps vivants ou morts dans les océans par les hélicoptères et les avions (technique dite de la « crevette Bigeard »). Ces techniques génocidaires sont appliquées au Chili, en Argentine, au Brésil, en Bolivie, au Mexique et en Amérique centrale tout au long des années 70 et au début des années 80. c) Mitterrand réintègre les anciens militaires de l'OAS au sein de l'armée et favorise l'extrême-droite contre la droite républicaine et gaulliste en France Membre de l'Establishment, grand partisan de la colonisation et de l'Empire, notamment après son passage au Ministère de l'Intérieur et de la Justice sous la Quatrième république, ayant envoyé des dizaines de condamnés du FLN à la guillotine comme des prisonniers de droit commun au cours de la bataille d'Alger, Mitterrand s'empresse de réintégrer les anciens de l'OAS dans leur grade au sein de l'armée et enclenche l'indemnisation des pieds-noirs dès son arrivée au pouvoir en 1981 (une mesure qui figurait déjà dans son programme présidentiel de 1965). En tant qu'ancien concepteur de l'Union franco-africaine durant la Quatrième république, antichambre de la future Françafrique, il poursuit également la même politique néocoloniale en Afrique que ses prédécesseurs, sans états d'âme, avec une série de putschs dont le plus marquant se solde par l'assassinat de Thomas Sankara en 1987 au Burkina Faso. En France, il lève l'embargo télévisuel, anti-démocratique, il faut bien le dire, que subissait Jean-Marie Le Pen et introduit une dose de proportionnelle lors des élections européennes de 1985 pour affaiblir la droite républicaine. Le Front national franchit un palier électoral dont il n'est jamais redescendu depuis lors. La double présidence de Jacques Chirac se place dans la continuité de la politique néocoloniale française en Afrique, avec un visage plus humain. Elle est néanmoins marquée par l'adoption de deux lois controversées contre les immigrés et les musulmans : la loi d'interdiction du foulard dans l'espace public en 2004, notamment à l'école, et la loi sur les bienfaits de la colonisation, anticonstitutionnelle dans son essence, en 2005. – La destruction des dernières digues entre l'Establishment et l'extrême droite par Nicolas Sarkozy puis ses successeurs avec l'adhésion à un projet néo-conservateur « à la Française » a) Le tournant néoconservateur imprimé à l'Establishment par Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy met en place un projet néo-conservateur français qui fait sauter les derniers verrous de l'Establishment contre l'extrême droite. En effet, Nicolas Sarkozy, avant de devenir Président de la république française, est surtout un double agent israélien et américain. D'une part, Nicolas Sarkozy est l'archétype du sayanim, c'est-à-dire un agent israélien dissimulé en citoyen d'un autre pays (son allégeance à Israël vient de ses racines juives du côté de son père). D'autre part, il est également un agent américain de la CIA recruté par Franck Georges Wisner, second époux de la belle-mère de Nicolas Sarkozy, Christine de Ganay, elle-même seconde épouse du père de Nicolas Sarkozy. Franck Georges Wisner est un diplomate et homme politique américain, très proche des milliardaires américains et membre de la CIA, fils de Frank Gardiner Wisner, l'un des principaux dirigeants de la CIA des années 50-60. L'appui des services secrets américains a d'ailleurs été décisif à l'accession de Sarkozy à la Présidence de la République française, notamment en mettant à sa disposition des informations nécessaires pour contrer Dominique de Villepin, son principal adversaire politique pour la Présidence de la république, lors de l'affaire Clearstream de 2005. Mohsen Abdelmoumen