En marge des expositions qui se tiennent dans le cadre du 27e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tient actuellement au Palais des Expositions des Pins Maritimes, plusieurs universitaires se sont penchés sur la question de l'écriture de l'Histoire de l'Algérie, en particulier en ce qui concerne les massacres et les violences perpétrées durant la colonisation française. Dans le cadre d'une rencontre intitulée « Les historiens et la révélation des crimes coloniaux », des chercheurs ont souligné l'importance de mener des enquêtes approfondies et de recueillir des témoignages de témoins des atrocités commises durant cette période sombre de l'Histoire. L'historienne Malika Rahal, spécialiste de l'Histoire contemporaine de l'Algérie, a souligné lors de son intervention combien il est crucial de collecter des récits auprès des moudjahidine, de leurs proches, ainsi que d'autres témoins des violences coloniales, afin d'enrichir l'écriture de l'Histoire de l'Algérie. Pour Mme Rahal, ces témoignages constituent un « matériau » indispensable pour comprendre les événements historiques. Elle estime, en effet, que les récits des survivants et des témoins des crimes coloniaux sont « des preuves d'histoire indéniables » qui permettent de comprendre comment des pratiques telles que les disparitions forcées, notamment durant la bataille d'Alger, ont été utilisées en tant qu'instruments de répression par les autorités coloniales françaises. Selon la conférencière, il est « urgent » de poursuivre cette collecte de témoignages, soulignant que nous manquons encore de « données chiffrées » concernant les crimes commis durant l'occupation, notamment les tortures, les déportations et les enlèvements. De son côté, l'historien Hosni Kitouni a évoqué la multiplicité des histoires individuelles qui restent à raconter, en particulier celles des déportations d'enfants, parmi les nombreuses violences infligées par l'armée coloniale. Selon lui, en plus des massacres contre les civils et les militants de la cause nationale, les forces coloniales ont aussi commis d'autres formes de violence telles que le viol, la déportation d'enfants à l'étranger, ainsi que des expropriations de terres. « Les déportations d'enfants font partie des nombreuses horreurs qui restent à explorer », a-t-il précisé, insistant sur l'importance de documenter ces événements pour compléter l'Histoire de la période coloniale. La seconde conférence, organisée jeudi sous le titre «Palestine-Algérie… Un engagement constant» a, elle aussi, suscité l'engouement du public. Les intervenants y ont, notamment, réaffirmé la force et la profondeur des liens unissant les peuples algérien et palestinien. Le professeur Slimane Aradj, doyen de la Faculté des sciences politiques et des relations internationales à l'Université d'Alger 3, a souligné que la Palestine a toujours été présente dans l'Histoire algérienne et que les relations entre les deux nations ne sont ni conjoncturelles ni intéressées, mais ancrées « dans l'Histoire ». Selon lui, la lutte pour la Palestine « reste celle de toute la Nation arabe et que la lutte pour la Palestine ne s'arrêtera jamais ». Le chercheur en patrimoine palestinien, Bajis Ibrahim, a également évoqué le lien entre la Révolution algérienne et la lutte du peuple palestinien, relevant que ce dernier « puise son inspiration dans la glorieuse Révolution algérienne pour défendre sa terre ». De son côté, la docteure Amina Mahmoud Abu Hatab, du ministère palestinien de l'Education, a précisé lors de son intervention que cette relation n'est pas née d'hier, mais résulte d'une accumulation de faits historiques marquants, avec l'Algérie qui n'a jamais cessé de soutenir la cause palestinienne depuis son indépendance.