Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, a souligné que la reconnaissance des crimes coloniaux est la seule démarche pour établir des relations d'amitié avec la France. Lors de la commémoration du 48ème anniversaire de la Journée de l'émigration du 17 octobre 1961, organisée par le ministère des Moudjahidine sous le haut patronage du président de la République, M. Abbas a, en appelant les chercheurs et historiens à «nettoyer l'histoire de toutes les tares et contrevérités», affirmé que «cette œuvre n'est pas la responsabilité d'une seule catégorie de la société, mais il s'agit de revendications d'une nation attachée à édifier des relations exemplaires avec autrui». Cependant, a-t-il estimé, «la reconnaissance des crimes est la seule démarche possible avec l'ancien colonisateur». Qualifiant les massacres commis contre des Algériens lors des manifestations du 17 octobre 1961 de «crime contre l'humanité dans toutes ses dimensions», car, les centaines d'Algériens tués et jetés dans la Seine étaient des «civils désarmés», le ministre a indiqué que, si «la conscience humaine a connu de nos jours un saut qualitatif en portant plus d'intérêt aux crimes contre l'humanité, ceux commis par le colonialisme étaient autrement plus violents». «Si notre pays évoque aujourd'hui les crimes commis par le colonialisme, cela est destiné à se conformer au droit international et à la quête de justice», poursuit-il. C'est aussi pour «inculquer aux nouvelles générations les leçons des affres qu'ont endurés leurs prédécesseurs du fait du colonialisme». M. Abbas a, dans ce cadre, appelé les intellectuels et les historiens à mettre en place une école d'histoire nationale, les incitant à prendre avec beaucoup de sérieux la question de l'écriture de l'histoire. De leur côté, les moudjahidine et les militants de la cause nationale sont invités à contribuer en tant que témoins à écrire l'histoire en apportant leurs témoignages des faits auxquels ils ont assisté ou qu'ils ont accomplis. Pour le ministre, le programme du président de la République est significatif de cette quête d'écriture de l'histoire, en y montrant le chemin à suivre. «Sauvegarder l'indépendance n'est pas moins important aujourd'hui que la libération du pays», a-t-il affirmé. Il a appelé à «dénoncer les criminels, car, à défaut, ils deviendront des héros». Après la diffusion d'un documentaire portant sur des témoignages d'acteurs des événements, sur les atrocités commises sur ordre de Maurice Papon, c'est au tour de l'historien Mohamed El Korso de mettre l'accent sur le devoir d'écriture de l'histoire, dans le sillage de cette belle leçon donnée par les membres de l'émigration, le 17 octobre 1961. Evoquant l'interpellation de Sarkozy par une vingtaine d'associations françaises, l'historien a suggéré l'idée de se constituer en alliance culturelle et politique pour demander à la France de reconnaître ses crimes. D'après l'historien, le préfet de sinistre nom n'est pas le seul responsable des massacres, affirmant que le ministre de l'Intérieur de l'époque, Roger Frey, l'était également. Mais la tête pensante du massacre des Algériens était bien le général de Gaulle, qui lui a fait appel en vue de profiter de sa double expérience colonialiste et nazie pour mater la révolution algérienne portée sur le sol même du colonisateur. A. R.