Les haouchs de Médéa étaient plus que de simples maisons, ils étaient des points de départ vers de vastes terres de liberté et d'aventure, de lieux empreints de souvenirs précieux. Ces vieilles bâtisses, entourées de collines, de champs et de rivières, formaient le cadre de vies simples et magnifiques, où chaque jour était une nouvelle exploration. Les randonnées nous emmenaient bien au-delà de Oued Lahreche. Tibhirine, par exemple, occupait une place particulière dans notre cœur. Ce village, dominé par le célèbre monastère des frères Trappistes, était souvent la destination ultime de nos escapades. Après une heure de marche, traversant les sentiers ombragés, nous arrivions dans cet endroit chargé de paix et de mystère. C'était là que nos randonnées prenaient tout leur sens : elles se terminaient souvent par une partie de football improvisée sur un bout de terrain dégagé, où rires et cris animaient la campagne tranquille. Et puis, il y avait ce bassin des moines, une étendue d'eau entourée de pierres où nous nous laissions aller à des plongeons rafraîchissants. Ce bassin, caché à proximité de l'enceinte du monastère, était un trésor en soi, un endroit où nous nous abandonnions à la joie pure de l'instant, sous le regard bienveillant des moines, dont la présence ajoutait une aura de sérénité et de respect à ces lieux. Aujourd'hui, le monastère est silencieux, figé dans le souvenir des moines disparus tragiquement, mais il continue de résonner comme un symbole de dévotion et d'hospitalité. Nos aventures ne s'arrêtaient pas là. Nous marchions aussi vers Benchicao, Tamezguida, Hamdania, explorant chaque recoin de cette région qui semblait infinie. Chacun de ces lieux nous offrait une expérience unique, de l'air pur et un sentiment de liberté rare. Entre les vignobles de Médéa, dont les raisins étaient reconnus partout, les oueds aux eaux cristallines où nous pêchions de petits poissons, et les champs de terres fertiles, la nature nous offrait généreusement tout ce dont nous avions besoin pour grandir heureux. Aujourd'hui, beaucoup de ces lieux ont changé, comme les haouchs eux-mêmes, remplacés par des bâtisses modernes. Mais dans nos mémoires, ils demeurent tels qu'ils étaient : des espaces de liberté, de simplicité et de communion avec la nature. Les haouchs de Médéa et les lieux d'aventures qui les entouraient, tels que Tibhirine, resteront à jamais gravés dans nos cœurs, des témoins silencieux d'une époque où chaque journée était remplie de joie, de découverte et de partage.