La police espagnole a annoncé jeudi le démantèlement d'un réseau de trafic de stupéfiants qui acheminait du cannabis à destination de l'Espagne depuis le Maroc. L'organisation criminelle a été démantelée à Algésiras, à l'extrême sud de l'Espagne et « se consacrait, apparemment, à l'introduction de haschisch (…) en provenance du Maroc à l'aide d'aéronefs sans pilote », a indiqué la police nationale dans un communiqué. Ces appareils, qui pouvaient transporter jusqu'à 10 kilos de drogue par voyage, étaient « transportés par route jusqu'au sud du pays », ajoute le communiqué, faisant état de l'arrestation de dix personnes, dont sept ont été placées en détention provisoire. Selon la police, les drones, de grandes dimensions et de fabrication artisanale, permettaient aux mis en cause de « parcourir la distance entre le Maroc et l'Espagne en survolant les eaux du détroit (de Gibraltar), et de revenir après avoir largué la drogue dans le pays sans avoir besoin d'atterrir ». Les côtes nord de l'Afrique et sud de l'Europe ne sont séparées que d'environ 13 kilomètres par le détroit de Gibraltar, qui sépare la ville espagnole de Tarifa de Point Cires, au Maroc. Lors de l'opération policière, trois engins ont été saisis, dont un en cours de fabrication, ainsi que des dispositifs pour leur contrôle à distance, des outils pour leur réparation et « d'importantes sommes d'argent liquide et de stupéfiants » qui auraient été introduits en Espagne par drone. En raison de sa proximité géographique avec le Maroc, principal lieu de production, l'Espagne est la porte d'entrée de la majorité de la résine de cannabis vendue en Europe. Le Maroc est souvent cité quand il s'agit de trafic de drogue et d'êtres humains vers l'Europe, notamment depuis l'Espagne. Dans son rapport publié en 2023, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s'était alarmé de l'ampleur de l'activité illicite du cannabis et de toutes sortes de drogues au Maroc, désigné comme la plaque tournante du trafic de la drogue et du kif dans le monde ». Une étude de l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (un réseau indépendant) a évalué, quant à elle, la production marocaine annuelle de cannabis à plus de 700 tonnes, pour une valeur de 23 milliards de dollars. Figurant en première place des pays producteurs de cannabis dans le monde, le Maroc mise de plus en plus sur ce trafic pour engranger des recettes et pour faire taire les tensions dans le Rif, notamment dans les provinces d'Al-Hoceima, de Chefchaouen et de Taounate, régions surpeuplées et soumises à la pauvreté extrême et qui dépendent du cannabis.