Concernant l'industrie automobile en Algérie, en conseil des ministres en ce mois de juillet 2025, le président de la République a ordonné au Gouvernement de ne pas renouveler les erreurs du passé. Cette présente contribution où j'étais un des rares observateurs à dénoncer les dérives de ces importations de voitures qui se sont chiffrées entre 2 à 3 milliards de dollars par an, sans impacts sur la dynamisation du tissu industriel, sans compter les délits d'initiés, se propose d'examiner les perspectives de l'industrie de voitures en Algérie face aux nouvelles mutations mondiales de cette filière stratégique. Premièrement, avec l'inflation déterminant le pouvoir d'achat réel, (alimentaires, habillement, notamment plus les frais de loyer et téléphone) et avec le nivellement par le bas des couches moyennes, principaux clients que restera-t-il pour acheter une voiture ? Deuxièmement, les risques de surfacturation (corruption) d'autant plus qu'il y aura forcément l'importation en devises des collections CKD destinées à l'industrie de montage des véhicules sans compter les importations des parties et accessoires (pièces détachées). D'autant plus que la majorité des inputs coûteront plus cher avec le dérapage du dinar officiel tant par rapport à l'euro que du dollar et tenant compte de l'écart avec le marché parallèle en juillet 2025 de plus de 70%. Troisièmement, ces opérateurs agréés seront-ils capables d'exporter pour couvrir la partie sortie de devises et donc quelle sera la balance devises ? La comptabilité analytique distingue les coûts fixes des coûts variables quel est donc le seuil de rentabilité pour avoir un coût compétitif par rapport aux normes internationales et aux nouvelles mutations de cette filière. La carcasse représentant moins de 20/30% du coût total, c'est comme un ordinateur, le coût ce n'est pas la carcasse (vision mécanique du passé), les logiciels représentant 70/80%, ces mini-projets seront-ils concurrentiels dans le cadre de la logique des valeurs internationales. Quatrièmement, on construit actuellement une usine de voitures non pour un marché local, l'objectif du management stratégique de toute entreprise est régional et mondial afin de garantir la rentabilité financière cette filière étant internationalisée avec des sous segments s'imbriquent au niveau mondial où le taux d'intégration local varie entre 30/50%, le reste étant el fait de sous traitants répartis comme une toile 'araignée au niveau mondial ? Cinquièmement, quelle est la situation de la sous-traitance en Algérie ? Des estimations source APS du 25 mai 2023) donnant moins de 1000 entreprises de sous-traitance ce qui représente à peine 10% du tissu industriel. participant à la sous-traitance, et ce pour réaliser un taux d'intégration acceptable qui puisse réduire les coûts. Or, la part du secteur industriel représente moins de 6% du PIB en 2024 dont plus de 95% sont des micro unités familiales ou Sarl peu innovantes. Comment dès lors ces micro-unités souvent orientés vers le marché intérieur, réaliseront le taux d'intégration prévue de 40/50% au bout d'environ trois à cinq années ? A titre d'exemple selon les responsables, le taux d'intégration des voitures Fiat en Algérie est actuellement d'environ 10% pour la production en SKD (Semi Knocked Down), mais Stellantis vise un taux de 30% d'ici 2026 grâce à l'extension de l'usine de Tafraoui et au passage à la production en CKD (Completely Knocked Down). Sixièmement, devant pas confondre concessionnaires, et constructeur, ne faut il pas par commencer de sélectionner deux ou trois constructeurs avec un partenariat étranger gagnant/gagnant maîtrisant les circuits internationaux avec un cahier des charges précis leur donnant des avantages fiscaux et financiers en fonctions de leur capacité, sous réserve d'exporter, devant leur fixer un seuil de production afin d'éviter que durant cette période, ils soient tentés dans une logique de rente, d'accroître la facture d'importation en devises des composants, ce qui nous amènerait à la période du passé. Septièmement, selon une étude de Transport et Environnement (T&E), le marché du véhicule électrique en Europe devrait progresser jusqu'à atteindre la moitié de la production automobile totale à l'horizon 2030. Aussi, ces voitures fonctionnent-elles à l'essence, au diesel, au GPLC, au Bupro, hybride ou au solaire, renvoyant d'ailleurs à la politique des subventions généralisées dans les carburants qui faussent l'allocation optimale des ressources ? Au niveau mondial, l'on s'oriente vers l'optimisation du fonctionnement des moteurs à essence et diesel, avec une réduction de 20/30% et les voitures électriques. Les nanotechnologies (la recherche dans l'infiniment petit) pouvant révolutionner le stockage de l'énergie, l'avenir appartenant au moteur alimenté par de l'hydrogène gazeux. Huitièmement, l'industrie automobile doit s'inscrire dans le cadre d'une véritable politique économique qui fait cruellement défaut devant connaître une profonde restructuration au niveau mondial, le monde subissant un profond changement avec des incidences politiques, économiques sociales, culturels avec les nouvelles technologies modelant de nouveaux comportements devant éviter de perpétuer un modèle des années 1970/2000, largement déconnectées des réalités internes et mondiales. Je ne rappellerai jamais assez que le moteur de tout processus de développement réside en la recherche développement, que le capital argent n'est qu'un moyen et que sans bonne gouvernance centrale et locale, l'intégration de l'économie de la connaissance, aucune politique économique n'a d'avenir. En conclusion, il faut être réaliste, pour ce dossier sensible de l'industrie de voitures, il s'agit de l'adapter en cohérence avec l'ensemble de la politique industrielle et à la politique des moyens de transport marqué, notamment par le vieillissement du parc voitures. Attention également, ces innombrables demandes pour le transport d'aviation, certains n'ayant pas les qualifications nécessaires, certains attirés par le gain facile, louant des avions, donc des sorties de devises, avec le risque de surfacturation, renouvelant les erreurs du passé du montage des voitures où certains marchands de légumes sont devenus promoteurs avec la complicité de certains appareils de l'administration l'expérience montre que l'attrait de l'investissement national et étranger n'est pas seulement une question de lois, mais surtout d'une bonne gouvernance fondé sur trois piliers, la stabilité politique, juridique et monétaire, permettant une visibilité dans la démarche de la politique socio-économique. C'est l'entreprise sans aucune distinction, entreprises publiques, privées nationales et internationales dans le cadre des valeurs internationales, épaulée par le savoir permettant l'innovation permanente, qui crée la richesse. Les années 2025/2026 seront déterminantes pour l'avenir de l'Algérie qui recèle d'importantes potentialités ou une véritable relance économique, loin des discours démagogiques d'autosatisfaction, auxquels plus personne ne croit, avec une nouvelle gouvernance ou la régression sociale avec des incidences négatives à la fois sociales, sécuritaires et diplomatiques, ce qu'aucun patriote ne souhaite. Pr des universités Expert international Abderrahmane Mebtoul