Né en 1956 dans le village montagneux de Tagragra, commune d'Aït Mahmoud (wilaya de Tizi Ouzou), Chérif Hamani grandit au cœur d'une Algérie en lutte pour son indépendance. Très tôt attiré par la musique, il rejoint le conservatoire d'Alger en 1972-1973, où il affine son jeu et sa voix. C'est en 1974, sur les ondes de la Chaîne II de la Radio algérienne, qu'il se fait remarquer grâce à une émission dédiée aux jeunes talents. Cette révélation marque le point de départ d'une carrière qu'il mènera avec passion et humilité. Musicien accompli, il accompagne plusieurs grandes figures de la chanson kabyle comme Taleb Rabah et El Hasnaoui Amechtouh, avant de participer à la première tournée de Matoub Lounès en 1981. Son premier album, paru en 1979, le propulse au-devant de la scène grâce au titre « A Thala » (La source d'eau), devenu un classique du répertoire kabyle. Par son style original, mêlant les sonorités de la chanson kabyle au chaâbi algérois, Hamani forge une identité musicale singulière et profondément enracinée. Ses textes, poétiques et engagés, abordent tour à tour l'amour, la nostalgie, la liberté, la dignité et la défense de la culture amazighe. Durant plus de quatre décennies, il demeure une figure respectée, admirée pour son authenticité et sa constance. En 2014, après plusieurs années de silence, il signe un retour remarqué avec son treizième album, « ɣurk a-yul », salué par la critique et le public. Le 20 octobre 2023, Chérif Hamani s'éteint à Bobigny, en France, à l'âge de 67 ans, des suites d'une longue maladie. La nouvelle de sa disparition suscite une vive émotion en Algérie et dans la diaspora. Sa dépouille, rapatriée à Tizi Ouzou, est exposée à la Maison de la culture, où une foule nombreuse vient lui rendre hommage. De Lounis Aït Menguellet à Rabah Asma, les grands noms de la chanson kabyle saluent alors la mémoire d'un artiste authentique.