Le géant informatique américain Hewlett-Packard (HP) a annoncé lundi la suppression de 24 600 emplois dans le monde, partiellement compensée par de nouvelles embauches, à la suite de la récente acquisition de la société de services Electronic Data Systems. La restructuration de HP, qui a dû débourser 13,9 milliards de dollars pour acquérir EDS cet été, doit s'étaler sur trois ans. Elle touchera 7,5% des 325 000 employés des deux entreprises fusionnées dans plusieurs pays, mais en premier lieu aux Etats-Unis, où est prévue près de la moitié des licenciements. Aucun chiffre n'a été donné dans un premier temps sur les effectifs concernés en France, où une précédente restructuration en 2005 avait déclenché un tollé et poussé l'Etat à intervenir au plus haut niveau. Le groupe prévoit toutefois de compenser environ la moitié de ces départs par de nouvelles embauches, afin de pouvoir répondre «à la diversité de ses marchés et de ses clients dans le monde». HP entend tirer quelque 1,8 milliard de dollars d'économies de cette restructuration. La restructuration se traduira néanmoins dans un premier temps par une provision de 300 millions de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre. S'y ajoutera un amortissement de 1,4 milliard de dollars d'écarts d'acquisition, ce qui portera le montant total des charges exceptionnelles passées au cours de ces trois mois à 1,7 milliard de dollars. La partie «services» du nouveau groupe fusionné pèse 38 milliards de dollars de chiffres d'affaires et emploie 210 000 personnes. L'acquisition d'EDS doit permettre à HP de se développer dans les services informatiques, comme son concurrent IBM l'a fait depuis longtemps. Le P-dg, Mark Hurd, a indiqué dans un communiqué que HP avait «maintenant les capacités technologiques les plus vastes sur le marché pour répondre aux besoins des clients aujourd'hui et à l'avenir». Lors d'une conférence d'analystes, il a souligné l'intérêt de la fusion, notamment au regard de l'explosion de la demande de stockage de données: «la quantité de données stockées double tous les cinq ans, la quantité de données numérisées double tous les 18 mois». Résultat : «Les marchés sont bouleversés - nous aimons cela, cela représente un réel avantage pour HP», a souligné Ann Livermore, une vice-présidente d'HP intervenant lors de la même conférence. Les réductions de coût sont prévues notamment dans les domaines des ressources humaines, des services juridiques, de la finance et de l'immobilier, mais la chasse aux gaspillages touchera aussi les services informatiques. L'acquisition d'EDS est la plus grosse réalisée par HP depuis son rachat de Compaq, pour 20 milliards de dollars en 2002. Cette opération a depuis été considérée comme un semi-échec. Le manque de résultats de l'ensemble combiné a même conduit en février 2005 au limogeage de l'ancien P-dg du groupe, Carly Fiorina, devenue depuis lors l'une des principales conseillères en économie du candidat républicain à la présidentielle américaine John McCain. Dans un premier temps, les investisseurs avaient mal réagi à l'annonce en mai de l'acquisition d'EDS, mais le cours s'est redressé ces derniers mois. En août, HP avait annoncé qu'au cours du trimestre clos fin juillet, son bénéfice net avait progressé de 14% sur un an, à 2 milliards de dollars, avec un bénéfice par action de 80 cents (86 cents hors exceptionnels). Son chiffre d'affaires avait cru simultanément de 10%, à 28 milliards de dollars. Ces performances étaient supérieures aux attentes des analystes. Alors que l'action de Hewlett-Packard avait baissé de 1,64% en séance, elle progressait très légèrement, de 0,06%, à 45,39 dollars, dans les échanges après la clôture, après l'annonce de la restructuration. C. R.