Plus de couffins de Ramadhan. A partir de l'année prochaine, les chèques remplaceront désormais les couffins qui donnent, il faut le dire, une piètre image du pays en plus qu'ils renseignent sur l'étendue de la misère en Algérie. Ould Abbès, le ministre de la Solidarité, l'a déclaré, avant-hier, lors de la visite qu'il a effectuée dans la wilaya de Tipaza. Ces chèques seront distribués une semaine avant le début du mois sacré. Sans donner plus de détails, Ould Abbès a estimé que ce changement permettrait d'un côté de maîtriser un tout petit peu la situation et de l'autre, il assurerait la discrétion aux démunis. Il a indiqué par ailleurs que la somme allouée à ces démunis variera entre 4 500 et 5 000 DA. Maintenant que l'argent remplace le couffin, les charognards et les rapaces ne rateront pas une telle aubaine, qui s'apparente à une proie facile, pour en profiter au maximum si l'on croit le nombre de scandales ayant entouré l'opération couffins de Ramadhan depuis sa création. L'argent attire toutes les convoitises notamment si celui-ci échappe à tout contrôle. Si dans un souci d'avoir un œil sur l'argent de l'Etat, Ould Abbès a eu l'ingénieuse idée de remplacer le couffin par le chèque, il faut dire qu'il a pris un risque énorme et que le nécessiteux risque d'en patir à l'avenir. «L'Algérie est le seul pays arabo-musulman qui s'implique directement dans la prise en charge de ses citoyens et nous en sommes fiers» déclare-t-il comme pour dire que seuls les Algériens vivent dans la misère.Il reconnaît tacitement que le pays regorge de pauvres, contrairement à ce qu'avancent souvent les statistiques officielles. L'aveu du ministre n'est malheureusement d'aucun secours pour les nécessiteux qui vont dorénavant devoir subir aussi les affres de l'administration. Sait-il au moins que dans les autres pays arabes, le Ramadhan ne pose jamais problème contrairement à notre pays où les travailleurs arrivent très difficilement à mener une vie décente ? De quelle fierté parle-t-il si lui-même reconnaît que le nombre de couffins atteint en ce mois de jeûne est de l'ordre de 1 640 000 et que celui des repas distribués aux nécessiteux est de 5 700 000. Des nombres qui lèvent tous les doutes sur l'ampleur de la pauvreté dans notre pays. Trop d'interrogations qui n'auront jamais de réponses alors que la misère fait rage, notamment à l'intérieur du pays où, il faut l'avouer, même le couffin de Ramadhan n'est d'aucune utilité.