Les Etats-Unis ont adopté vendredi le plan de sauvetage du système bancaire après deux semaines de tractations entre l'administration Bush et le Congrès, soulageant les places financières mondiales à l'exception de Wall Street qui a fini en baisse. Le président George W. Bush a promulgué la loi qui injecte 700 milliards de dollars dans le système bancaire un peu plus d'une heure après son adoption très attendue par la Chambre des représentants. Dans une allocution depuis la Maison Blanche, M. Bush a estimé que ce plan jamais vu était vital «pour aider l'économie américaine à survivre à la tempête financière». Mais il a averti que «cela prendrait du temps» avant que les effets du plan ne se fassent sentir. «Cette loi est une étape cruciale vers la stabilisation de nos marchés financiers et pour assurer que le crédit soit canalisé sans entrave vers les ménages et les entreprises», s'est félicité le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke. Les députés américains, qui avaient attisé la tourmente boursière lundi en rejetant le projet, ont très largement adopté, par 263 voix contre 171, le plan proposé par le secrétaire au Trésor Henry Paulson pour éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l'immobilier. Beaucoup de représentants ont changé d'avis depuis lundi, lorsque 228 d'entre eux avaient voté contre la précédente version du texte. Entre-temps, le plan a été modifié et adopté mercredi par le Sénat. Il a été soigneusement enrobé de «douceurs» électorales, dans l'espoir d'amadouer les «Congressmen» encore réticents. Les sénateurs ont ainsi ajouté quelque 150 milliards de crédits d'impôts et autres aides diverses au projet, dont un amendement faisant passer de 100.000 à 250.000 dollars la garantie de l'Etat sur les dépôts bancaires. «Nous allons agir rapidement pour mettre en oeuvre» le plan de sauvetage, a promis le secrétaire au Trésor, Henry Paulson. Les deux candidats à la Maison Blanche, John McCain et Barack Obama, ont salué le vote du Congrès. Malgré le soulagement qui a accompagné le vote du plan de sauvetage, Wall Street, qui avait passé le plus clair de la séance en hausse a terminé en baisse de 1,50%, les craintes de récession reprenant le dessus dans l'esprit des courtiers. La Bourse de New York a été soutenue par le rachat annoncé de la banque Wachovia par sa concurrente Wells Fargo, nouvel exemple de la restructuration du secteur bancaire américain qui est en marche depuis plusieurs semaines. Wells Fargo va reprendre Wachovia dans sa globalité pour un montant d'environ 15,1 milliards de dollars en actions, contrant ainsi une offre précédente de Citigroup qui portait seulement sur une partie des activités. En Belgique, le Premier ministre Yves Leterme a annoncé que le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, victime de la crise financière, va être démantelé via la nationalisation de l'essentiel de ses activités néerlandaises par le gouvernement des Pays-Bas. Les Bourses européennes ont clôturé en hausse, semblant anticiper une approbation du plan Paulson. La Bourse de Paris a pris 2,96%, Francfort 2,41% et Londres 2,26%. Samedi doit se tenir à Paris un mini-sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des quatre membres européens du G8 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), avec José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et les présidents de l'Eurogroupe et de la Banque centrale européenne (BCE). «L'intérêt européen commande un effort intense de coordination et de convergence des actions à mener. Nos citoyens attendent de notre part une action résolue pour les protéger», a écrit le président français Nicolas Sarkozy, qui organise la réunion, dans une lettre à M. Barroso. De leur côté, les banques centrales ont continué à pomper dans leurs réserves pour éviter un assèchement du marché du crédit. La Banque du Japon (BoJ), intervenant pour la 13e journée ouvrable consécutive, a annoncé l'injection de 800 milliards de yens (5,5 milliards d'euros) dans le système bancaire de l'archipel. La BCE a de son côté annoncé qu'elle prévoyait d'allouer 50 milliards de dollars sur le circuit bancaire de la zone euro. Sur le plan économique général, les nuages de la récession restaient menaçants. Selon le ministère du Travail américain, le chômage aux Etats-Unis est resté en septembre à 6,1%, son plus haut niveau depuis cinq ans, tandis que l'économie du pays supprimait encore 159.000 emplois, pour son neuvième mois successif de licenciements nets. En France, le ministre du Budget Eric Woerth a reconnu que le pays était en «récession technique», l'Insee prévoyant une baisse de 0,1 point du PIB aux troisième et quatrième trimestres, après -0,3 point au deuxième trimestre.