Le plan de sauvetage des banques américaines était en difficulté hier au Congrès américain face à l'hostilité de nombreux parlementaires qui jouaient avec les nerfs de places financières mondiales toujours en repli. Pendant qu'à New York les dirigeants de la planète évoquaient à l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU la crise qui secoue les marchés financiers, un influent sénateur a jugé que le plan préparé par l'administration Bush n'était pas "acceptable" en l'état. "Cela ne va pas marcher", a déclaré le président de la commission bancaire du Sénat, le démocrate Chris Dodd, à propos du plan du secrétaire au Trésor, Henry Paulson, qui prévoit de débloquer 700 milliards de dollars afin d'éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l'immobilier. Plusieurs heures d'audition avec M. Paulson et le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, n'y ont rien fait. Malgré la tornade financière qui souffle depuis dix jours, le démocrate Jack Reed a regretté que "le contribuable doive assumer le risque de décisions désastreuses prises par des individus fortement rémunérés à Wall Street". "Nous pourrions très bien dépenser 700 milliards de dollars ou 700.000 milliards et ne pas résoudre la crise. Avant que je signe quelque chose de cette ampleur, je veux savoir que nous avons épuisé toutes les solutions de rechange raisonnables", a lancé son collègue Richard Shelby. Tentant de rassurer, le patron de la banque centrale américaine s'est dit convaincu de l'efficacité du plan de sauvetage. "Le Congrès doit agir d'urgence pour stabiliser la situation et éviter ce qui autrement pourrait avoir de très sérieuses conséquences pour nos marchés financiers et notre économie", a imploré M. Bernanke. M. Paulson a plaidé dans le même sens, appelant les parlementaires à dépasser les clivages politiques à l'approche de l'élection présidentielle américaine. Il a précisé que son plan s'adresserait aussi aux banques étrangères actives aux Etats-Unis. Sur les marchés, l'euphorie qui avait accueilli vendredi l'annonce du plan de sauvetage américain a laissé place aux interrogations devant les discussions du Congrès. Après une ouverture en hausse prudente, Wall Street a perdu 1,47% à la clôture. Les marchés asiatiques -- à l'exception de Tokyo fermé mardi -- ont perdu du terrain, Shanghai reculant de 1,56%. Londres a perdu 1,91%, Francfort 0,64% et Paris 1,98%. Le dollar a relevé la tête après sa chute vertigineuse de lundi, cotant 1,4651 face à l'euro contre 1,4796 lundi soir. Le pétrole a reculé après sa flambée exceptionnelle de la veille. Devant l'ONU, le président George W. Bush a assuré que le Congrès allait approuver le plan de sauvetage "avec la rapidité requise". Son homologue français Nicolas Sarkozy a proposé à ses pairs de se réunir avant la fin de l'année pour "réfléchir ensemble aux leçons à tirer" de la crise, estimant qu'elle est "la plus grave qu'ait connue le monde depuis celle des années 1930". Il a précisé que cette réunion pourrait se dérouler en novembre sur la base du G8, avec une "possibilité d'ouverture sur les pays émergents". Le président brésilien Luiz Inacio "Lula" da Silva a appelé à "rebâtir" les institutions financières internationales afin qu'elles puissent prévenir les crises à l'avenir.