L'Amérique a adopté hier son plan de sauvetage. Après deux semaines de tractations, les représentants ont approuvé ce plan qui a été légèrement modifié. En vertu de cette «bouée de sauvetage», la somme astronomique de 700 milliards de dollars sera injectée dans le circuit financier américain dans l'objectif d'amortir le choc de la crise financière qui ébranle le système bancaire américaine. Tout de même, malgré l'optimisme des responsables politiques, les choses semblent plus compliquées. George Bush ne cache pas que le plan était vital «pour aider l'économie américaine à survivre à la tempête financière». Mais il a surtout averti que «cela prendrait du temps» avant que ses effets ne se fassent sentir. Les déclarations du président américain n'ont pas tardé à avoir un écho auprès des Bourses. Celle de Wall Street, plus inquiète des menaces de récession que rassurée par le vote des représentants, a fini la journée de vendredi dernier en recul de 1,50%, après avoir été en hausse pendant toute la séance. Les Bourses d'Amérique du Sud clôturent également en baisse. Les Bourses européennes avaient, de leur côté, terminé en hausse, semblant anticiper une approbation du plan. Ainsi, Paris a pris 2,96%, Francfort est montée de 2,41% et Londres de 2,26%. La tendance de la Bourse de New York présage que l'action concoctée par l'administration Bush, à quelques jours de l'élection présidentielle, est loin d'atteindre son objectif principal. John McCain, qui s'est félicité de l'adoption de ce plan, comme son rival démocrate Barak Obama, n'a pas mâché ses mots. Est-ce une manœuvre électorale ? Possible. En effet, le candidat républicain a qualifié le plan, quelques instants après son adoption, de «scandaleux». «Nous devons mettre fin aux dégâts provoqués sur notre économie par des pratiques de corruption et d'incompétence à Wall Street et Washington», a asséné le candidat, qui a fait de la lutte contre la corruption une priorité. Le sénateur de l'Arizona a également avoué que l'économie américaine «a encore mal, très mal. D'autres mesures sont nécessaires et notre pays ne devrait pas avoir besoin d'une crise pour en venir à agir, pour conduire le Congrès à agir sans esprit partisan». Concernant les outils de ce plan, M. Paulson, son concepteur, a tout simplement renvoyé sa réponse à plus tard. Les Bourses ont donc réagi autrement à cette action. Même si le spectre d'un krach pourrait être évité, affirment les spécialistes, la récession sera sévère pour l'économie américaine. L'analyse rapportée par le Wall Street Journal attire d'ailleurs l'attention. Ce journal a remarqué que les déclarations de Roosevelt, l'ex-président des Etats-Unis, sont toujours d'actualité. Roosevelt avait indiqué alors que «les banques sont en mauvais état. Certains banquiers se sont montrés soit incompétents, soit malhonnêtes […], ont utilisé les fonds qui leur avaient été confiés pour spéculer et faire des prêts déraisonnables». Le krach boursier de 1929 est dû à une spéculation débridée, analyse un spécialiste. Il convient de signaler enfin que le plan de sauvetage massif du secteur bancaire va conduire à alourdir la dette américaine à plus de 70% du PIB, selon l'agence de notation Fitch. «La dette du gouvernement dépassera les 70% du PIB pour la première fois depuis les années 50», a prévenu l'agence dans un communiqué.