«Les investissements dans des technologies propres et des infrastructures naturelles, telles que les forêts et les sols, sont le meilleur pari pour une réelle croissance, pour combattre le changement climatique et provoquer des créations d'emplois au 21e siècle». Cette affirmation, en apparence naïve, est contenue dans un appel lancé le 22 octobre par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dans le cadre de l'Initiative d'économie verte. Achim Steiner, secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur exécutif du PNUE, estime que la focalisation sur les marchés est en partie responsable des crises économiques, énergétiques et alimentaire de 2008, qui proviennent également, ajoute-t-il, d' «un échec plus étendu du marché, déclenchant des pertes toujours plus importantes et plus inquiétantes du capital et des ressources naturelles, ajouté à une dépendance excessive des combustibles fossiles limités et souvent subventionnés». Pour M. Steiner, «d'énormes avantages économiques, sociaux et environnementaux découleront probablement du combat contre le changement climatique et du réinvestissement dans des infrastructures naturelles». Il s'agit d'un éventail d'avantages allant de nouveaux emplois verts dans des technologies et énergies propres, jusqu'à une agriculture durable et des entreprises «écologiques». Des experts du PNUE estiment qu'il faut «des approches et des actions innovatrices dans la situation actuelle très complexe d'une crise environnementale fondamentale, en plus d'une situation financière internationale hors contrôle». Ils doutent de l'efficacité des mesures prises pour faire face à la crise financière dans la mesure où elles sont inspirées par les anciennes manières de penser incompatibles avec le développement durable. Or, dans ce moment décisif et devant les menaces qui planent sur le monde et qui concernent l'existence même de l'espèce humaine, le développement durable constitue, avec la paix et la justice sociale, une des garanties les plus sûres pour l'avenir. Pour l'heure, le tableau est plutôt sombre : 2,6 milliards de personnes vivent encore avec moins de deux dollars par jour, plus de 850 millions d'êtres humains ont faim, 1,1 milliard de personnes n'ont pas l'eau potable, 2,6 milliards n'ont pas de services d'assainissement et plus de 800 millions sont analphabètes. L'environnement - le sol, l'air, l'eau et la biodiversité – dont dépend l'existence de l'humanité, porte les traces d'une exploitation sans retenue motivée par le seul profit. Preuve de cette course folle vers la destruction du cadre naturel de vie des générations futures : les réticences, voire carrément le refus dans le cas des Etats-Unis, de tenir les engagements contenus dans le Protocole de Kyoto alors que la lutte contre le changement climatique exige déjà des objectifs plus ambitieux en matière de réduction d'émissions à partir de 2012. En fait, la volonté de résister au changement climatique fait défaut chez les dirigeants des pays qui émettent les plus grandes quantités de gaz à effet de serre par habitant. Autre preuve de l'aveuglement qui empêche de voir où sont les besoins vitaux de l'humanité : le détournement des grains et des céréales destinés l'alimentation humaine et leur conversion en carburants. Conséquences : hausse vertigineuse des prix de ces matières premières et crise alimentaire dans de nombreux pays pauvres. La situation risque d'aller vers le pire. La crise financière qui frappe les Etats-Unis, l'Union européenne, le Japon et d'autres pays développés, pourrait avoir, selon Greenpeace qui cite un communiqué de six ONG internationales, «une incidence négative sur la lutte contre la pauvreté et le changement climatique, en provoquant une réduction des subventions publiques à travers le monde.» Le communiqué dénonce la «stratégie à courte-vue et autodestructrice» choisie par ces grands pays, ignorant les défis actuels pour se consacrer uniquement à leurs intérêts financiers.