Cette table ronde, consacrée aux liens entre l'Islam et l'éthique environnementale au Maghreb s'est déroulée avec la participation de scientifiques, de journalistes et d'imams ainsi que de représentants d'entreprises et d'organisations de développement (au total près d'une quarantaine de personnes venues de Tunisie, Mauritanie, Maroc, Allemagne), ce qui a permis de faire de cet événement une bonne occasion d'échanges fructueux autour de ce thème. Pour justifier l'opportunité d'une table ronde sur ce thème, les organisateurs ont souligné les graves problèmes environnementaux, tels que «la pollution de l'air et des ressources en eau, la dégradation des terres agricoles et la désertification», auxquels sont confrontés les pays du Maghreb, ajoutés à leur «évolution démographique et économique allant de pair avec une urbanisation souvent insuffisamment contrôlée et une destruction de l'environnement en zones côtières». Autres problèmes majeurs dans ce contexte : «la pénurie en eau et la dégradation de sa qualité qui affectent l'accès à l'eau potable, l'agriculture et le secteur touristique». Les organisateurs de la table ronde considèrent que la protection de l'environnement et une utilisation durable des ressources naturelles sont des «enjeux majeurs pour le développement du Maghreb». Face à ces enjeux, ils font remarquer que « des initiatives de la société civile et des politiques publiques se mobilisent dans ce sens, mais de nombreux défis demeurent ». Ils estiment que «les valeurs et les directives islamiques peuvent jouer un rôle important et les principes religieux liés à la conservation de la création peuvent faciliter la sensibilisation des populations aux problèmes environnementaux». Dans ce sens, la présentation faite par M. Moussa Abdellaoui, directeur des affaires religieuses de la wilaya d'Annaba, de l'expérience de campagne publique de sensibilisation sur les questions de l'environnement, engagée dans les mosquées de cette ville, avec la coopération de la GTZ, a fait ressortir l'impact des prêches et de la prière du vendredi sur la population en matière de protection de l'environnement. Un film documentaire réalisé par la chaîne franco-allemande, ARTE, sur cette expérience, a été projetée aux participants. A l'appui, une intervention de M. Ahmed Fekaïri, conseiller technique de la GTZ et principal animateur de l'expérience d'Annaba, qui a exposé les enseignements et les résultats de cette action traduits dans une meilleure organisation de la collecte des déchets ménagers et une plus grande propreté des quartiers concernés. Le thème des changements climatiques (à partir d'observations faites au Maroc par Mme Annabelle Houdret, de l'Institut de recherche sur le développement et la paix de Duisbourg) ainsi que celui des ressources en eau (sur la base de communications du Dr. Ahmed Khettab, professeur à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger, et du Dr. Raoudha Lahache Gafrej, de l'Institut supérieur des sciences biologiques appliquées de Tunis) ont soulevé des débats qui ont révélé une riche diversité d'opinions. Notons qu'il s'agit de la deuxième table ronde du genre, à l'initiative du bureau du programme «Relations interculturelles avec les pays musulmans», de la GTZ. La première a eu lieu les 3 et 4 avril 2008, à Ifrane au Maroc à l'Université Al Akhawayn, sur le thème «tradition et modernité : la promotion d'un développement économique durable». Les organisateurs de ces tables rondes comptent poursuivre leur action sur la même problématique du dialogue interculturel.