Un peu à l'image d'une villa euroméditerranéenne, Béjaïa est une cité qui monte. Elle a les pieds dans l'eau et est adossée au mont Gouraya, haut de plus de six cents mètres. De toute parts, elle ne peut être escaladée que par des escaliers. Parfois long et abrupt, quelquefois entrecoupé, c'est par ces innombrables escaliers qui rappellent le passé que le trajet d'un quartier à un autre semble être moins long. Tous ces escaliers dont le nombre échappe qui se confondent avec ces ruelles sinueuses escarpées, sont à l'image de la ville ou plutôt de la vieille ville qui baptise ses rues en nom de vieillards; elle se trouve dans un état de dénuement, et de vétusté avancé. Il y a si peu, c'était un centre d'intérêt certain, désormais, la ville s'est déplacée vers la plaine. Cet état d'abandon a fait accélérer les fissurations, les affaissements de bâtisses, mais également de nombreux escaliers dont certains réclament restaurations, aprce qu'ils ne sont plus empruntés. Les escaliers de Bab El-Louz, Houmat Karaman, les bâtiments Acherchar, Verdini, Drod El-Kadi s'imbriquent parfaitement et font harmonieusement partie d'un décor et d'une architecture de style turco-mauresque. En ces quartiers, aussi bien l'habitation que tout le reste de la «douira» se partage. Drouj El-Kadi est mal au point et devient chaque jour plus dangereux, celui de Boulimat s'est affaissé dans sa partie basse. A l'état de tous ces lieux, s'ajoute le coulement des eaux qui rend l'accessibilité autant difficile que dangereuse. Les poussées d'herbes sauvages, des fissurations remarquables amplifient leur impraticabilité. Certains ne sont plus utilisables, on leur préfère tout un long détour, car ils sont d'abord considérés comme des «passages coupes-gorges» et menacent aussi de s'écrouler. De la porte de la mer, Bab El-Bahr ou Sarazine, qui est entamée par un escalier, menant à la Maison d'hôte, puis un autre menant à la «vieille» mairie, puis un autre et un autre et ainsi de suite jusqu'à la partie de Gouraya, ou plutôt jusqu'à son mausolée. Tous ces escaliers qui rappellent toute la mémoire de la ville doivent faire objet d'attentions particulières. Ils attendant ce téléférique qu'on évoque tant sans qu'il n'arrive. Le seul accès rapide vers la haute ville. Ils sont également parties intégrantes d'un site d'un vieux bâti dont la restauration rapide redonnera gaieté à cette cité. Une cité désignée tantôt comme la perle du Maghreb, tantôt comme la capitale de la culture, qu'on assimile à la lumière, au savoir… qui se présente dans un seul état désolant et sinistre qui ne peut être assimilé qu'à celui de déliquescent. A quand une véritable restauration de ce vieux bâti et de toute la mémoire béjaouie, qui, à travers ce laisser-aller en perd des pans entiers chaque jour !?