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Une civilisation florissante, des traditions et des rites (II)
Les Incas de l?Am?rique pr?colombienne ? nos jours
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 11 - 2008

Et si les Incas n'avaient pas d'écriture, ils usaient, cependant, de manière très habile du Kipou, un système de gestion et de contrôle de la prospérité des communications très commode.
Les régions montagneuses occupées encore aujourd'hui par les descendants des Incas comme maîtres des lieux vivent en parfaite autarcie. On y trouve des familles nobles dont les maisons restent nichées sur des hauteurs ; elle tirent leur subsistance de l'exploitation des eaux salines par le procédé de l'évaporation. Les mines de sel furent un sérieux atout au service de la toute puissance du roi.
Les Incas adoraient le soleil, peut-être en raison de son influence bénéfique à leur agriculture qui leur apportait l'essentiel pour vivre. Malgré le relief montagneux, ils ont cultivé avec beaucoup de soin leur terre aménagée en terrasses. Au Pérou surtout, on voyait les domaines agricoles, à perte de vue et en terrasses. La pratique agricole était marquée par des fêtes saisonnières et des cérémonies rituelles en l'honneur des saints protecteurs des lieux.
Parmi les cultures dominantes, la pomme de terre occupe la place essentielle et dans ses six cents variétés dans la caractéristique commune est de résister au gel et à toutes sortes de maladies. La pomme de terre était fortement appréciée si bien qu'on la vendait comme denrée d'un commerce de troc très répandu dans la mesure où il permettait d'avoir en échange d'autres denrées, de la vaisselle, des poteries en terre.
Croyances et relations avec l'invisible
Le fait d'adorer le soleil est une preuve de leur attachement aux valeurs anciennes comme leur religion animiste. Les Incas étaient et sont toujours réputés pour leur prévoyance, leurs entrepôts étaient pleins à craquer du nécessaire pour vivre : denrées alimentaires, tissus, outils. La croyance en un lendemain incertain et le climat glacial, à haute altitude, les obligeaient à faire des réserves en tous genres. L'omniprésence est par ailleurs une rigueur dans leur territoire. Pour eux, le monde des humains est celui des divinités se côtoient sans cesse. Le soleil, les étoiles, la lune, le ciel, la pluie, la végétation renvoient à des êtres invisibles qu'il faut savoir ménager pour ne pas s'attirer leur colère.
Les endroits où les cultes sont rendus se situent toujours en hauteur. La plus haute pierre est l'endroit idéal pour le culte du soleil. L'Incas ne pouvait se perpétuer au-delà de la mort. Comme dans certaines sociétés africaines qui croient en un pouvoir magique des disparus et représentés parfois par des animaux puissants comme le vautour, les ancêtres chez les Incas pouvaient à tous les moments assurer la protection des vivants.
Dans leur capitale, on imaginait sans cesse le conseil des ancêtres incarné par les oracles, pour décider de procurer aux vivants ce dont ils avaient comme quantité de denrées alimentaires pour vivre dans l'aisance. «Ils nous donnent ce que nous mangeons, c'est eux qui nous animent», ont-ils coutume de dire en ajoutant «la momie ancestrale nous donne la force» puis «on offre des libations à l'Ancêtre en échange de ses dons».
La colonisation espagnole n'a pas réussi à éliminer les coutumes anciennes conservées jusqu'à nos jours dans les villages. Momies et Ancêtres continuent ainsi de protéger les vivants dans les régions campagnardes où le modernisme n'a jamais pénétré.
«Pour bénéficier de leur protection, il nous suffit d'allumer une bougie» affirment-ils sans ambages. «Même les voleurs ne peuvent pas rentrer chez nous car les esprits, sont dans les crânes», ce sont là leurs propos qui dénotent leur caractère traditionaliste.
Ce n'est pas pour rien que nous faisons des rapprochements avec les Africains qui sont restés conservateurs à l'extrême ou animistes comme au temps de leurs plus lointains ancêtres. Ces Incas, par exemple, à leur corps défendant, pour s'assurer la bienveillance de leurs saints protecteurs, leur font des sacrifices d'enfants que l'on massacre parce que cela entrait dans leur logique rituelle ou politique. Ils choisissaient ces enfants parmi les plus beaux, les emmenaient vers le lieu du sacrifice : un volcan.
Ces sacrifices rappellent celui du roi d'Ithaque d'il y a des siècles qui a fait des enfants momifiés restés intacts des objets rituels. On croyait que même les aliments restaient intacts dans leurs estomacs. Ces enfants sacrifiés, on les assommait avant de les momifier et de couvrir leurs têtes de coiffes en plumes d'oiseaux tropicaux.
Le culte des reliques
Quand on parle de reliques, il s'agit d'une diversité d'êtres momifiés ou d'objets sacrés pour avoir appartenu à des saints protecteurs. Ce fut le cas des sarcophages considérés par les Incas des siècles passés comme les gardiens des lieux. Au 14e siècle, les hommes de la noblesse, les autorités se retrouvaient momifiés et adorés comme de leur vivant. Après la conquête, le cultes des momies a été remis en question, après avoir été au cœur d'une querelle entre autochtones et conquérants ou entre Incas eux-mêmes, dont certains avaient peut-être évolué par rapport à d'autres. On a dit d'ailleurs que l'empire des Incas a été affaibli par les luttes fratricides, cela remonte à 1571. Les Espagnols arrivaient pour évangéliser de forcer les populations. Un marché de dupes venait d'être mis en place. Puis sont venues des années d'expropriations, massacres, tortures, misère qui auguraient d'un changement en profondeur.
L'indépendance au 19e siècle de quelques pays comme le Chili et le Pérou allait être accompagnée d'un changement sur le plan politique, linguistique, économique. On peut facilement deviner que la langue dominante n'était autre que la langue des dominants, entraînant dans son village un changement dans les pratiques, traditions, coutumes.
(Suite et fin)


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