Son père était un fonctionnaire qui devint alcoolique, à la suite de la perte de son emploi, tomba malade et, finalement, mourut d'épilepsie en 1893. La mère, d'origine irlandaise, descend de la dynastie des Plantagenets, qui gouvernèrent l'Angleterre au Moyen-Age. Le jeune Arthur entreprit son instruction dans une école publique catholique appartenant à des jésuites de Stonyhurst. Mais leur enseignement ne lui plut guère, alors il quitta l'école, en 1875, en rejetant le christianisme, choisissant de devenir agnostique. Il part, en été 1875, en Autriche pour apprendre la langue allemande durant une année complète. Ensuite, il passa à Paris, chez son grand-oncle et parrain, Michael Conan, dont il reprend le prénom de Conan. Début d'une riche carrière En automne de la même année, il rejoignit la faculté de médecine d'Edimbourg. Mais déjà, il débutait l'écriture en publiant deux courtes œuvres, en 1879, ayant pour titre la Vallée de Sassassa ainsi que le Récit de l'Américain. Ses études de médecine terminées, en 1881, il pratiqua durant huit années, puis s'embarqua comme médecin de bord dans un navire, en parcourant l'océan Arctique durant quelques mois, puis il prend la direction de l'Afrique Occidentale d'où il revint, malade, pour s'établir à Liverpool et exercer dans un cabinet d'ophtalmologiste à Southsea, près de Portsmouth. Il occupait ses loisirs pour lire beaucoup et écrire tout en essayant de se faire publier sans grand succès. Durant l'été 1885, il épousa la sœur de l'une de ses patientes et eut deux enfants, Mary Louise, en janvier 1889, puis Kingsley en novembre 1892. Sa femme l'encourageait à suivre le chemin de la littérature et cela le détermina à finir, en 1886, son premier roman Girdlestone & Co (qu'il avait entamé deux ans auparavant), mais échoua dans sa tentative de le faire publier. Sous l'influence du romancier français, Emile Gaboriau (……..), il entreprit d'écrire l'Etude en rouge, la première des cinquante-six nouvelles et quatre romans, dont le héros est un génial détective privé qui sera mondialement connu, Sherlock Holmes. C'est une modeste revue qui accueille cette nouvelle acquise pour une somme dérisoire. Quoi qu'il en soit, la critique commençait à s'intéresser à ses œuvres qui, ayant des caractéristiques uniques, connaîtront, plus tard, un immense succès, en Grande-Bretagne, d'abord, ensuite dans le Vieux Continent, et, enfin, à l'échelle planétaire. Par quoi se caractérise la personnalité de Sherlock Holmes et en quoi diffère-t-il des héros qui exercent le même métier ? Tout d'abord, il faut signaler la présence permanente d'une intrigue captivante et ingénieuse dans laquelle Sherlock Holmes, et ses immenses qualités de raisonnement déductif le singularisent en regard des productions romanesques de la fin du XIX et du début du XXe siècles. Le génial et illustre détective, qui a beaucoup emprunté à l'inspecteur Dupin de l'écrivain américain, Edgar Allan Poe (1809-1849), a été inspiré par le souvenir de l'un de ses professeurs d'université et chirurgien de la faculté de médecine d'Édimbourg. Par ailleurs, dès 1887, Conan Doyle commença à organiser dans sa maison des rencontres avec ses amis pour des séances de spiritisme, loisir qu'il exercera jusqu'à sa mort, donnant lieu à de nombreux écrits et conférences partout dans le monde. Une notoriété mondiale Peu à peu, Conan Doyle se fit connaître partout par la publication des Aventures de Sherlock Holmes qui eurent un succès extraordinaire, allant jusqu'à reléguer dans l'ombre ses autres écrits que ce soit les nouvelles ou les romans de ce qu'on appelle, aujourd'hui, de science-fiction, dont il fut, d'ailleurs, l'un des précurseurs. Ses œuvres recouvraient, également, d'autres genres très en vogue, alors, comme les romans d'aventures ou historiques… Le Signe des quatre, paru en 1890 dans une revue américaine, se classe en deuxième dans la série relatant les énigmes de Sherlock Holmes. Ensuite, l'écrivain publie sous forme de feuilleton des œuvres dans des revues spécialisées ; cette activité est entrecoupée de brefs séjours dans le continent, et finalement, il acquiert une maison à Londres où il ouvrit un cabinet d'ophtalmologie sans succès, les patients se faisant rares, ce qui lui fera abandonner la médecine pour se consacrer pleinement à la littérature (1891). Parurent, alors, en se suivant plusieurs aventures de Sherlock Holmes, comme l'épisode du Un scandale en Bohème. Après avoir passé l'été 1892 en Norvège, il offre au public une compilation des aventures de son héros tout en faisant paraître la Grande ombre (à la gloire de l'empereur français Napoléon 1er), suivi de les Réfugiés, (à l'exemple des Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas). Il séjourna en compagnie de sa femme malade, en Suisse, et visita les chutes d'eau de Reichenbach, cadre qu'il considéra comme grandioses et terrifiantes qu'il évoque dans l'un des derniers épisodes des aventures de son héros, les jugeant propices à une fin dramatique pour Sherlock Holmes qu'il voulait «enterrer», dans le Dernier problème. Sherlock Holmes, un détective légendaire Les lecteurs qui suivaient passionnément les aventures de Sherlock Holmes s'insurgèrent de la décision de l'auteur d y mettre une fin, mais pour lui, débuta une nouvelle vie, à partir de 1894. Son voyage aux Etats-Unis lui donna l'occasion de présenter plusieurs conférences ; il est reçu par l'écrivain Rudyard Kipling (1865-1936). De même, il correspondait avec l'autre auteur américain, Robert-Louis Stevenson (1850-1894). Après un bref retour en Angleterre, en 1895, il partit vivre plusieurs mois au Caire, à cause des ennuis de santé de sa femme, atteinte de tuberculose. Là, il devient correspondant de guerre pour la Westminster Gazette, à l'issue de la révolte des Derviches au Soudan. Suivit un bref séjour en Afrique du Sud en plein conflit avec l'Angleterre (1899) ; cette occasion lui permet de rencontrer le jeune Winston Churchill, futur Premier Ministre de Grande-Bretagne. Sa prise de position en faveur du gouvernement anglais lors de cette guerre, davantage que sa participation au conflit, lui vaut le titre de Chevalier en 1902, et il sera, désormais, Sir Arthur Conan Doyle. En août 1901, paraît le Chien des Baskerville, aventure de Sherlock Holmes et l'un des récits les plus célèbres ayant eu un succès immense, attirant l'attention d'un éditeur américain qui offrit à son «père» un montant de 45 000 livres pour treize nouvelles aventures du formidable détective. Ce dernier accepte la proposition et «ressuscite» son héros dans la Maison vide. Il livrera encore 33 nouvelles aventures jusqu'en 1927. Ce génial auteur a porté, ainsi, le genre du policier amateur à son apogée, lui donnant des dimensions jamais vues auparavant au point où des milliers de personnes, persuadées de son existence, lui adressaient des lettres à son domicile supposé, au 21, Baker Street, à Londres. Des écrits, des articles et des chroniques sont publiés sur le personnage, élargissant sa renommée, et aujourd'hui, ses admirateurs se comptent par dizaines de millions à travers tous les continents. Conan Doyle, lui, considérait les aventures de son formidable héros simplement comme de la littérature «alimentaire» qui l'aidait à vivre, mais en même temps, portait ombrage au reste de son œuvre. Sa première femme s'étant éteinte, en juillet 1906, il plongea dans un état de dépression profonde durant plus d'une année, à l'issue de laquelle il prit une autre femme qui lui donnera trois enfants. Un écrivain humaniste Sir Conan Doyle s'intéressa au génocide du peuple du Congo, devenu colonie belge depuis le congrès de Berlin de 1884/1885 et prit la tête d'une action de protestation à l'échelle mondiale. Il écrivit le Crime du Congo tout en publiant des chroniques dans divers journaux. Il dénonça aussi avec virulence les abominables crimes commis sur les innocentes populations de cette région de l'Afrique, et qui, en moins d'un quart de siècle perdirent plus que ne le fit un siècle d'esclavagisme dans toute l'Afrique ! En avril 1912, apparut encore un nouveau personnage né de l'imagination de cet écrivain prolifique qui fera date dans l'histoire de la littérature : le professeur Challenger dans le Monde perdu. Quand éclata la Première Guerre mondiale, en juin 1914, Doyle s'engagea dans un détachement local de volontaires, mais à cause de son âge (il avait près de 55 ans), les autorités anglaises lui refusèrent d'aller servir au front des batailles sur le continent. Mais son fils aîné et son frère (qui avait le grade de général) y perdirent la vie après des blessures graves reçues au cours des combats en France. Il contribua, malgré tout, à la défense de sa patrie par ses écrits comme Aux armes ! ou l'Histoire de la campagne britannique en France et dans les Flandres (1915-1920), mettant à profit les informations que lui transmettaient des officiers anglais qui se trouvaient sur les fronts de la guerre. Lui-même se déplaça, en 1916 en France, pour une visite des troupes anglaises, italiennes et françaises engagées sur les champs de bataille. Spiritisme et littérature En octobre 1917, il publie Son Dernier coup d'archet où l'on voit le roi des détectives — Sherlock Holmes bien sûr mais atteint par le poids des ans –intervenir avec son fidèle ami (et chroniqueur), le respectable docteur Watson, dès le début de la guerre, pour démasquer un réseau d'espions allemands et le mettre hors d'état de nuire. Cet épisode est, malheureusement, la dernière aventure de la série au plan de la chronologie, bien qu'il offrit encore au public, en mars 1927, une dernière publication sur Sherlock Holmes, l'Aventure de Shoscombe Old Place. Entre-temps, il s'était converti (1916) au spiritisme, auquel il consacra le reste de sa vie, affirmant que le salut de l'homme ne pouvait passer que par la science. Il publie à ce sujet une Histoire du spiritisme en deux tomes et la Vallée des brumes, la dernière aventure du professeur Challenger sur un thème spirite autour duquel il donna plusieurs conférences dans différents pays (France, Angleterre, Afrique du Sud, Rhodésie, Kenya, Hollande et dans les pays scandinaves). Même son épouse se découvrit, elle aussi, des talents de médium, phénomène très en vogue à l'époque dans le Vieux Continent. Parallèlement à cela, Conan Doyle rédigeait son autobiographie parue, en 1924, sous le titre de Souvenirs et aventures. Cette débauche d'énergie et ces voyages longs et incessants ont eu raison de sa santé et de sa vigueur, et il fut victime d'une attaque cardiaque, en 1929. Il resta alité durant de longues semaines et après un bref rétablissement, il rechuta pour s'éteindre, finalement, la matinée du 7 juillet 1930, à l'issue d'une ultime et fatale crise cardiaque.