Peuple d'origine indo-européenne, il a migré en plusieurs étapes vers la région de l'Asie Mineure au milieu du IIIe millénaire avant J.-C. Il n'était, à la base, qu'un groupe de tribus isolées, attiré par un objectif commun : les richesses en minerais de l'Anatolie. Arrivées sur place, les différentes ethnies luttèrent contre un peuple autochtone, les Hattis, avant de les vaincre et de s'installer sur leurs terres. Celles-ci s'inspirèrent largement de leur culture, de leurs rites et finirent par s'unifier pour former les Hittites. On assista à une réelle fusion de nombreuses tribus qui vivaient dans ces contrées ! Par la suite, ce peuple se développa et se retrouva à la tête d'un assez vaste empire avec pour capitale, Hattusa. On dit même qu'au IIe millénaire avant J.-C., les Hittites représentaient l'une des plus grandes puissances militaires de la région avec les Egyptiens et les Assyriens. La position privilégiée de l'empire hittite donna, d'ailleurs, lieu à de nombreux affrontements entre tous ces fameux voisins ! Chacun voulait s'en approprier les terres. Ils résistèrent, cependant, parvenant même à étendre leur royaume jusqu'à la Mitannie (à l'est) et même jusqu'aux villes de Kadesh et d'Ougarit (au sud). Pour ces dernières, égyptiennes à la base, des affrontements très violents ont eu lieu, qui se soldèrent la plupart du temps par des trêves. Toutefois, sous Ramsès II (vers 1284 avant J.-C.), un traité de paix sera signé entre les deux puissances grâce à la reine Néfertari. L'alliance sera respectée pendant près d'un siècle ! Mais, qu'en est-il de la civilisation hittite en elle-même ? La langue et l'écriture Les Hittites parlaient un dialecte propre que l'on nommait le nésite. Ce fut la langue officielle de l'empire pendant des siècles. Par la suite et grâce à leurs nombreuses conquêtes, beaucoup de cultures vinrent se mélanger à la leur. Notamment celle des Hattis, à laquelle ils empruntèrent de nombreux mots. Pour citer un exemple, la langue de ce peuple subsistait toujours au niveau de l'aspect religieux et administratif. Il convient également d'ajouter à cela toutes les déclinaisons régionales de la langue principale. Au niveau de l'écriture, dans les premiers temps de leur histoire, les Hittites n'en possédaient pas. Ils adoptèrent par la suite le système cunéiforme, qui avait pour origine la Mésopotamie et apparu plus tard dans cette région, en l'adaptant à leur langue. La religion Les Hittites possédaient un large panthéon composé de plusieurs centaines de divinités ! Comme pour les langues, elle est le résultat d'un mélange entre leur religion originelle et celle des Hattis. Les divinités pouvaient également varier selon les régions du fait des multiples conquêtes, toujours par le procédé de mélange des cultures. De quoi aboutir, donc, à un panthéon très complexe ! Classiquement, le culte était pratiqué dans un temple qui renfermait une statue de la divinité. Elle pouvait en sortir lors des différentes fêtes et manifestations religieuses. La société hittite Le monde hittite est divisé en deux. La cour — formée des membres de la famille royale, d'un certain nombre de familles aristocratiques et de membres des familles des souverains voisins, liés à l'empire hittite par des traités, du haut clergé ainsi que du personnel du palais — vit en vase clos, et seule la justice royale s'appliquait à ces nantis. Le bas peuple quant à lui est divisé entre hommes libres, serfs et esclaves : Les hommes libres sont essentiellement les artisans, les marchands et les paysans. Les serfs sont formés par des populations déportées au gré des guerres : ces serfs, liés à la terre où ils sont établis ne peuvent se déplacer librement. Ces déportations avaient pour but de repeupler les régions dévastées. L'esclave a un véritable statut juridique, ce qui est exceptionnel pour l'époque. Son maître peut le vendre ou le punir, mais les esclaves peuvent aller en justice, épouser une femme libre ou encore avoir des biens propres L'empire hittite est dirigé par un roi, entouré de sa cour. A l'inverse de la société égyptienne, celui-ci n'est pas considéré comme un dieu mais simplement comme leur représentant sur terre. Il administre le royaume en leur nom. En réalité, le souverain n'accédait au statut de divinité qu'à sa mort. Il possédait donc tous les pouvoirs. Quant au peuple, comme on vient de le voir, il était divisé en trois groupes distincts : les hommes libres (paysans, artisans, marchands…), les serfs (ils font partis des populations soumises et cultivent la terre sans aucune liberté) et les esclaves (au service d'un maître mais possède toutefois un vrai statut juridique exceptionnel pour l'époque !) L'art hittite Comme dans beaucoup de civilisations de l'époque, l'art était au service du religieux sous la forme de statuettes, d'amulettes en argent, en or, voire en argile. On retrouve également des bas-reliefs représentant les rois ou même les dieux. L'armée hittite Le peuple hittite est à ses origines un peuple conquérant. Le commandement de l'armée est assuré par le roi, qui allait, parfois, lui-même à la bataille. Il pouvait, cependant, déléguer son pouvoir en cas des charges religieuses à accomplir ou en cas de problèmes de santé. L'armée hittite, forte en temps normal de quelque trente mille hommes, est formée par ceux qui ont à l'égard du pouvoir des obligations militaires, par des mercenaires et par des contingents fournis par les États vassaux. L'organisation de l'armée est décimale : l'unité de base comprend 10 hommes commandés par un officier issu de la petite noblesse. L'échelon supérieur regroupe 100 hommes, et le suivant 1,000. Il n'y a sans doute pas de solde pour les hommes normalement astreints au service et ceux-ci se payent en général sur le butin. En stationnement, l'armée vit certainement sur le pays, mais il existe un service d'approvisionnement des armées qui est équipé de chars à bœufs et d'ânes. Les armes sont la lance, l'épée droite ou recourbée, le poignard, la hache et l'arc accompagné d'un carquois d'une trentaine de flèches, plutôt utilisé par l'infanterie légère. Le guerrier est protégé par une armure à écailles, un casque et un bouclier. L'armée comprend deux corps : l'infanterie et les chars. L'infanterie n'occupe le premier rôle que sur terrain accidenté, cependant, son rôle dans le maintien de l'ordre dans les pays dominés est essentiel. Elle est particulièrement formée pour lancer des attaques brusquées et donc inattendues. Son entraînement méthodique et sa discipline en font une très bonne arme. Sinon, quand le terrain le permet, le char est l'élément essentiel du combat : léger et maniable, rapide, il assure une relative rapidité au tir. Il est monté par le conducteur, un combattant et un assistant chargé de protéger les autres avec un bouclier. En utilisant plutôt la lance que la flèche (utilisée par les Égyptiens), les Hittites en ont fait une arme offensive efficace, chargée de foncer dans les rangs adverses, de les disloquer et d'y semer la panique. Les Hittites sont également passés maîtres dans l'art des fortifications urbaines. Les relations avec les Egyptiens La plupart du temps ennemis, quelques fois alliés par intérêt, les Egyptiens et les Hittites entretenaient des relations des plus complexes ! Par exemple, sous Thoutmôsis IV (1400 à 1390 avant J.-C.), les relations amicales prédominèrent, sans incident majeur. La paix relative continua sous Aménophis III tandis que l'empire hittite reprit son expansion vers l'est. Soucieux de se protéger contre la puissance grandissante de l'empire assyrien, les Hittites projetèrent d'envahir la Mitannie. Cependant, cette dernière avait conclu une alliance avec les Egyptiens, la protégeant de toute attaque. Mais à cause de l'arrivée au pouvoir d'Aménophis IV (Akhenaton), le pays traversait une crise religieuse grave, laissant la porte ouverte à une invasion hittite de la Mitannie. A ce moment de l'histoire, la puissance hittite rivalisait largement avec les troupes égyptiennes. Les relations se dégradèrent progressivement avec des affrontements de plus en plus nombreux. Horemheb (1323 à 1295 avant J.-C.), parvint, entre autres, à reconquérir la Palestine avant de déclarer la paix provisoire. Par la suite, sous Séthi Ier (1292 à 1279 avant J.-C.), l'avantage tourna encore à la faveur des Egyptiens. Les tensions perdurèrent des années, ponctuées d'affrontements, jusqu'au grand combat final à Kadesh, sous Ramsès II (1279 à 1213 avant J.-C.). Les violents combats se soldèrent a priori par un «match nul» même si les deux camps se clamèrent victorieux. Toutefois, l'imminence du danger assyrien poussa Ramsès II et le souverain hittite, Hattusili, à conclure une alliance. La paix durable fut obtenue grâce à une correspondance entre Néfertari, épouse de Ramsès II, et la reine hittite. Il s'agissait, là, du premier traité de paix de l'histoire écrit en cunéiforme et il sera respecté pendant près d'un siècle. Il comprend un pacte de non-agression ainsi que la promesse d'un mariage dynastique entre Ramsès II et une fille d'Hattusili La fin des Hittites Les attaques incessantes des Assyriens finirent par avoir raison de l'empire hittite. La fin de cet impressionnant royaume n'est pas très claire mais on pense que, sur un climat de fragilité politique (volontairement amené par les Egyptiens), le territoire éclata en plusieurs régions autonomes. Les derniers souverains hittites ne parvinrent, donc, plus à contenir les assauts assyriens ainsi que ceux des «Peuples de la mer» aboutissant à la fin de la civilisation hittite. Vers 715 avant J.-C., toutes les provinces hittites furent intégrées à l'empire assyrien victorieux.