La Chine devrait enregistrer une croissance de quelque 8% cette année, selon des analystes de la banque centrale et d'autres économistes, un rythme d'expansion considéré comme minimum pour maintenir la paix sociale face à la montée du chômage. Bon nombre d'analystes indépendants sont beaucoup plus pessimistes, certains prévoyant même une hausse du produit intérieur brut (PIB) limitée à 5% en raison d'une stagnation de la production industrielle et d'une chute des exportations liée à la baisse de la demande en provenance des Etats-Unis et de l'Europe. Le gouvernement chinois considère que le pays doit connaître chaque année une croissance d'au moins 8% pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Le bureau d'analyse de la Banque populaire de Chine a déclaré qu'il s'attendait pour 2009 à une légère décélération du rythme de croissance du PIB par rapport à sa prévision de 9,3% pour 2008. L'inflation devrait de son côté être inférieure à 3% cette année contre 6% en 2008, ont poursuivi les experts de la banque centrale chinoise. S'exprimant dans le journal officiel Shanghai Securities News, ils ont mis en garde contre une montée des risques déflationnistes, notamment du fait d'une baisse à la fois des investissements immobiliers et de la demande étrangère. «Pour contrer le risque de déflation, il est essentiel de mettre en place toutes les mesures susceptibles de doper la demander intérieure et, plus largement, de soutenir la croissance», poursuivent les experts de la Banque populaire de Chine. Risque d'émeutes D'autres économistes liés au gouvernement ont également dit qu'il serait aisé de «protéger huit», une appellation qui fait référence au taux de croissance souhaité par Pékin et qui est répétée tous les jours par les médias locaux pour restaurer la confiance des investisseurs et des consommateurs. Dans le magazine officiel Outlook (Liaowang), Jia Kang, employé par le ministère des Finances, déclare que la croissance devrait être autour de 8,5% en 2009 et «pas inférieure à 8%». Zhang Yansheng, économiste travaillant pour la Commission du développement national et des réformes, a calculé de son côté que le PIB progresserait de 7,5% à 8% en 2009. Et Wang Xiaoguang, également employé par cet organisme de planification, a donné une prévision de 8,3%. Des mises en garde contre le risque d'émeutes sociales provoquées par la montée du chômage, dont le magazine Outlook s'est fait l'écho, expliquent vraisemblablement le soin mis par Pékin à répéter qu'une hausse de 8% du PIB sera bien atteinte. «Il ne fait guère de doutes que nous sommes entrés dans une période à haut risque en matière d'incidents de masse», rapporte le magazine citant Huang Huo, journaliste de l'agence Chine nouvelle. Pour tenter de compenser les effets du ralentissement économique, Pékin a lancé un plan de relance de la demande intérieure de 4.000 milliards de yuans (434 milliards d'euros) tout en baissant à plusieurs reprises ses taux d'intérêt. Cependant, Fan Gang, membre du comité de politique monétaire de la banque centrale chinoise, a toutefois jugé que ce plan, qui consacre d'importantes sommes publiques à des infrastructures et au secteur immobilier, n'aura guère d'effets sur la consommation. Il a expliqué que la Chine ne sera pas, du moins à court terme, en mesure d'augmenter la part de la consommation intérieure dans le PIB en raison de la faible augmentation des salaires des ménages, qui pâtissent de la concurrence acharnée sur le marché du travail. Selon Fan Gang, pour corriger cette tendance, il faudrait que les entreprises paient davantage d'impôts et que les sociétés publiques versent des dividendes plus élevés. Le gouvernement pourrait ensuite redistribuer les montants ainsi récupérés aux ménages, qui verraient leur pouvoir d'achat augmenter. «A long terme, la Chine doit pouvoir compter sur sa consommation intérieure afin de ne pas être dépendante de la demande étrangère», a-t-il dit à des journalistes.