Ghaza, sous le déluge de feu de l'agresseur israélien, continue de vivre avec la même douleur la dispersion arabe. Parallèlement à l'initiative prise à Doha, consacrant la suspension de l'initiative de paix arabe lancée en 2002, lors du sommet de Beyrouth, et avec toute idée de normalisation avec Israël, suivie d'un appel au cessez-le-feu et au retrait inconditionnel des forces israéliennes de Ghaza, d'autres initiatives sont prises ailleurs, et par d'autres pays arabes, dont la médiation égyptiennes entre le Hamas et l'Etat hébreu. Entre temps, Israël, profitant de cette dispersion, décide, et de manière unilatérale, de procéder à un cessez-le-feu avec ses propres conditions. Israël, et tout en maintenant le contact via l'Egypte, compte instaurer une trêve de façon unilatérale pour éviter à Hamas la couverture politique que lui procurerait un quelconque accord. L'issue de la guerre «ne devait pas dépendre d'un accord avec le Hamas, mais plutôt d'un arrangement contre le Hamas», déclarait la ministre des Affaires étrangères israélienne Tzipi Livni, candidate au poste de Premier ministre en février prochain. Livni qui revenait de son voyage aux Etats-Unis où elle a signé un accord visant à mettre un terme à la contrebande d'armes à la frontière entre Ghaza et l'Egypte, selon l'objectif officiellement avoué, est apparue plus déterminée que jamais à faire aboutir la stratégie de guerre menée contre la population palestinienne surtout que cet accord avec les USA va dans le sens des déclarations de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui a conditionné le cessez-le-feu par la reddition de Hamas. «Si un calme complet s'instaure et si le cessez-le-feu est totalement respecté, alors Israël sera prêt à envisager une ouverture des points de passage, qui ne serait cependant pas totale .» Ce dernier développement va envenimer davantage la situation à Ghaza déjà désastreuse au vu de la réaction de Hamas qui a soutenu l'inévitable «confrontation» si Israël décrète un cessez-le-feu unilatéral, avait déclaré, à partir du Liban, Oussama Hamdane, un responsable de Hamas, qui a estimé qu'un tel cessez-le-feu «est une tentative de contourner le plan égyptien», ajoutant que «cela signifie qu'ils ne veulent pas donner à l'Egypte un succès sur les plans régional et international», a-t-il ajouté. L'initiative égyptienne à laquelle adhère le Hamas propose une trêve d'un an, renouvelable, en échange de la réouverture de tous les points de passage du territoire avec Israël et l'Egypte. En attendant les résolutions qui seront décidées par les pays arabes invités au sommet économique, devant se tenir lundi et mardi au Koweït, la situation reste sombre faute de consensus aussi autour de l'application de la résolution onusienne 1 860 du Conseil de sécurité. L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, vendredi, à une large majorité une résolution exigeant «le respect sans condition de la résolution 1 860 du Conseil de sécurité, y compris l'appel qui y est lancé à l'instauration immédiate d'un cessez-le-feu durable et pleinement respecté». Comme Israël, le Hamas maintient ses positions et reste cramponné à la première d'entre elles, à savoir «l'arrêt de l'agression, le retrait israélien de Ghaza, la levée du blocus et l'ouverture de tous les points de passage notamment celui de Rafah», réfutant tout autre tout autre solution de trêve. Au 22e jour de guerre, l'Egypte qui a fait, avec l'Arabie saoudite, abstraction de la rencontre de Doha, s'est exprimée officiellement par la voix de son président Hosni Moubarak en faveur d'un arrêt immédiat de la guerre et le retrait des forces militaires israéliennes de Ghaza. Dans un discours transmis en direct par la chaîne qatari El-Djazira, le président égyptien s'est dit intransigeant. Il a déclaré ne pas admettre la présence d'une force étrangère sur ses frontières estimant «qu'il y a une ligne rouge à ne pas franchir». Après avoir tenu pour responsable Israël dans l'embrasement de la région, Moubarek s'est dit disposé, à œuvrer à la stabilité de toute la région du Proche-Orient, invitant Israël à se retirer de Ghaza. Il réitéra le soutien de l'Egypte au peuple palestinien et à sa résistance face à l'agresseur israélien qui, en accentuant son offensive sur Ghaza, ne fait «qu'augmenter la colère et coupe la route à la paix». Hosni Moubarak a enfin annoncé qu'il organiserait un congrès mondial pour la reconstruction de Ghaza et exprimé la disposition de son pays à œuvrer pour l'instauration d'une réconciliation nationale palestinienne.