Il fallait vraiment qu'Israël soit piqué par la décision des pays arabes, la majorité du moins, pour annoncer, le jour même de la tenue au Qatar, du sommet extraordinaire sur Ghaza, un cessez-le-feu unilatéral qui exclut toute partie palestinienne des négociations. Une manière de signifier aux pays arabes que leur sommet n'avait pas de raison d'être, encore moins celui du Koweït. Mais si Israël a les moyens américains et les ressorts médiatiques pour infléchir en sa faveur des positions qui ne le sont pas, il est évident que le sommet du Qatar a été, pour l'entité sioniste, un coup dur, du fait du recul qu'il met en exergue en matière de perception arabe d'Israël. Nous sommes revenus à 1967, et avec des interlocuteurs considérés comme les négociateurs traditionnels avec Israël qui se sont grillés cette fois-ci, à travers le boycott du sommet extraordinaire qui avait valeur symbolique pour arracher ou renforcer la victoire psychologique du Hamas sur la quatrième armée (nazie) du monde. Ni l'Egypte ni l'Arabie Saoudite, et curieusement encore moins l'Autorité palestinienne, n'ont voulu consentir cette victoire symbolique à la résistance palestinienne, alors que des Palestiniens continuaient encore de mourir sous les bombes assassines des nazis israéliens. Ces tenants du boycott, servis par un SG de la Ligue arabe qui croit réellement que l'hégémonie égyptienne est effective sur les pays arabes comme si l'hégémonie, même celle que l'on peut exercer sur son propre peuple, ne devait pas être le fruit d'une crédibilité indispensable et, aujourd'hui hélas, définitivement envolée, sacrifiée sur l'autel des collusions d'intérêts avec le pourvoyeur américain et le touriste israélien. Israël s'arrêtera aussi avant le 20 janvier pour permettre à Barack Obama, son nouvel allié aux Etats-Unis, de prendre en main le dossier dans la sérénité qui sied, une situation de guerre n'étant pas un bon cadeau que l'on puisse faire à un Président qui se veut attentif à une politique qui redore l'image des USA à l'international. En faisant ce cadeau à Obama, Israël fait une escale théâtrale, comme pour rendre un hommage respectueux au nouvel acteur qui entre en scène, mais en même temps, elle ne peut conduire une guerre au-delà d'une durée vivable pour les populations israéliennes, terrées depuis dans les caves, avec ce que cela implique comme pression psychologique qui pourrait se répercuter sur les décisions politiques, mais également sur l'équilibre économique. On a beau être le 51e Etat des USA, nul ne peut supporter, Israël n'a pas des ressources inépuisables, et un prolongement de l'offensive sur Ghaza pourrait à terme conduire à un effondrement de l'économie sioniste, surtout à un moment où l'Amérique est difficilement prêteuse, avec un Obama qui lorgne à la loupe dans toutes les caisses pour irriguer sa politique de relance économique. Toutes ces raisons plaident donc pour un arrêt du massacre de Ghaza par Israël qui voudrait non seulement gagner sur le terrain militaire, mais également sur le terrain politique. Mais c'est la force du bras, et non celle du droit, qui permet à Israël d'imposer un résultat en dépit d'une cinglante défaite face à la résistance palestinienne qui a donné au monde une leçon de courage et de détermination avec un peuple plein de foi, qui est resté digne et soudé autour de ses fiers combattants, aux plus forts moments de l'épreuve du feu. La réponse apportée au sommet du Qatar par les USA et Israël, c'est un accord signé avant-hier, devant le monde entier, consacrant une alliance Otan-Israël en vue d'empêcher, par voies maritime, aérienne et terrestre, le réarmement du Hamas. Une grande révélation quant à l'impudique et effrontée collusion entre le faux gendarme et le vrai voleur, une manière de signifier que ce sont les USA qui mènent cette guerre contre la Palestine, et qu'elle n'a jamais été déclarée ouvertement pour la simple raison qu'elle créerait une tension et des conflits qui n'arrangent personne dans cette région pétrolifère de la planète et où, les plus grands alliés arabes des USA, que tout le monde reconnaît désormais, serait dans un vrai pétrin. Empêcher le réarmement de la résistance, c'est dénier au peuple palestinien le droit de lutter pour sa liberté et pour son droit à un Etat palestinien libre et indépendant, avec pour capital Al-Qods. Pire encore, c'est se donner la possibilité, sans coup férir, de redessiner, au gré de l'injustice et des tueries, une feuille de route pour la paix dont les signataires pourraient n'être un jour Israël et les USA, à moins qu'un des Etats arabes qui se sont révélés ces derniers jours ne décide d'adopter dans une réserve, moyennant des subventions encore plus importantes, pour faire plaisir aux oncles Sam et Moshe, ce qui restera du peuple palestinien.