L'opposition de droite en Israël dirigée par Benjamin Netanyahu s'apprête à récolter les fruits de l'offensive israélienne à Ghaza lors des élections législatives en creusant son écart sur ses rivaux dans les sondages à moins de trois semaines du scrutin. Bien que l'opération dévastatrice contre le Hamas soit considérée comme un succès en Israël, sur un plan militaire strict, le parti au pouvoir, le Kadima (centre droit) dirigé par la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni parait en perte de vitesse. L'opposition de droite qui avait applaudi au lancement de l'offensive sur le thème: «on vous l'avait bien dit», accuse le pouvoir de s'être arrêté à mi-chemin et d'avoir frustré l'armée de sa victoire en stoppant l'opération avant d'avoir abattu le pouvoir du Hamas. Ces arguments qui semblent porter auprès de l'opinion, sont avancés par le Likoud de M. Netanyahu et par le principal parti d'extrême droite Israël Beitenou, à qui les sondages prédisent une percée au scrutin du 10 février. M. Netanyahu demeure le grand favori pour former le prochain gouvernement, que se soit à la tête d'un cabinet d'union nationale -l'option qu'il préfère- ou en s'appuyant sur l'extrême droite. Dans ce contexte, l'ancien Premier ministre cultive une image de dirigeant au-dessus de la mêlée, et se permet même d'accorder un satisfecit au numéro un travailliste Ehud Barak, pour la manière dont cet ancien chef d'état-major a dirigé l'offensive à Ghaza. M. Netanyahu, ancien ministre des Finances, promet aux électeurs des baisses substantielles d'impôts pour faire face à la crise économique mondiale qui commence à affecter Israël. Il maintient le flou sur le processus de paix, se déclarant en faveur d'une large autonomie pour les Palestiniens, mais excluant la création d'un Etat palestinien disposant des attributs réels de la souveraineté. Il assure qu'Israël «ne fera plus de concession dans l'avenir sans réciprocité de la part des Palestiniens». Il affirme que sur cette base il n'aura aucun problème avec la nouvelle administration américaine du président Barack Obama, bien que ce dernier se soit engagé à oeuvrer «avec pugnacité» en faveur du processus de paix. Ses rivaux, comme le chef du groupe parlementaire du Kadima Yoël Hasson, affirment en revanche qu'un gouvernement dirigé par M. Netanyahu sera otage de l'extrême droite et finira par se heurter aux Etats-Unis qui réclament la création d'un Etat palestinien indépendant et le gel de la colonisation. Le Likoud, qui dispose actuellement de 12 sièges sur 120, obtiendrait de 28 à 29 sièges, selon des sondages publiés vendredi dans les quotidiens Maariv et Yediot Aharonot. Grâce à l'appui des partis religieux et la montée en flèche d'Israël Beitenou, le bloc de droite disposerait d'une courte majorité de 62 à 63 députés sur 120. Israël Beitenou, créé par des originaires d'ex-URSS et dirigé par le député Avigdor Lieberman, partisan déclaré de la manière forte, est crédité d'une quinzaine de sièges contre 11 dans la présente législature. Kadima est crédité de 25 sièges contre 29. Les travaillistes (centre-gauche) obtiendraient environ 16 mandats contre 19 actuellement. Les médias ont d'ores et déjà intronisé M. Netanyahu Premier ministre. «Vers un gouvernement Netanyahu-Lieberman» titrait ainsi le Maariv alors que le Yediot affirmait qu'Israël «serre les rangs à droite».