Israéliens et Palestiniens abordent 2009 sur fond de profonde incertitude politique dans les deux camps, ce qui complique davantage la quête d'une paix toujours fuyante. L'optimisme suscité par la conférence d'Annapolis aux Etats-Unis, où les négociations de paix ont été relancées fin 2007 avec l'objectif d'aboutir en 2008 à un accord sur un Etat palestinien, a vite laissé place à la désillusion. La poursuite de la colonisation juive, le maintien des barrages militaires, les violences à Ghaza et les divisions palestiniennes ont plombé les discussions en dépit de dizaines de rencontres entre dirigeants israéliens et palestiniens. Les négociations ont aussi été compliquées par les bouleversements politiques en Israël où le Premier ministre Ehud Olmert, mis en cause dans plusieurs affaires de corruption, a dû démissionner en septembre. Le chef de l'opposition de droite, le faucon Benjamin Netanyahu, est donné favori par tous les sondages pour lui succéder lors des élections prévues le 10 février. Chez les Palestiniens, le président Mahmoud Abbas a également annoncé qu'il convoquerait des élections générales en 2009 faute d'un accord de réconciliation avec les islamistes du Hamas, qui l'ont délogé de la bande de Ghaza en juin 2007 où ils exercent à présent un contrôle sans partage. Mais le Hamas refuse la tenue de nouvelles législatives avant la fin du mandat du parlement actuel, qu'il domine, en janvier 2010. Il exige en revanche un scrutin présidentiel, faisant valoir que le mandat de M. Abbas à la tête de l'Autorité palestinienne s'achève normalement le 8 janvier. Sur le terrain, une récente flambée de violences israélo-palestiniennes, dans et autour de Ghaza, menace de faire voler en éclats une trêve tant bien que mal respectée depuis le 19 juin. Ghaza est en outre soumis à un blocus israélien qui a aggravé une situation humanitaire déjà précaire dans ce territoire exigu, où vivent dans la pauvreté 1,5 million de Palestiniens. « Israël s'est heurté à ses colons religieux qui refusent de mettre fin à leur présence au cœur de la Cisjordanie, alors que l'Autorité palestinienne n'a pu empêcher le Hamas de consolider son contrôle sur Ghaza », estime Nicolas Pelham, de l'International Crisis Group. Selon lui, « l'échec des deux parties à résoudre (leurs conflits internes) par des moyens pacifiques et l'amplification de la rhétorique de confrontation augurent d'une année 2009 mouvementée ». L'analyste politique palestinien Zakaria Al Qaq dresse lui aussi un tableau sombre. « Les négociations n'ont rien donné. Les colonies israéliennes ont continué à s'agrandir et le nombre de barrages militaires a dépassé les 600. » Se disant « pessimiste » sur les chances d'une réconciliation entre M. Abbas et le Hamas, il estime toutefois peu probable que le dirigeant palestinien, dont le pouvoir se limite désormais à la Cisjordanie, convoque des élections. « Cela consacrera la séparation définitive entre la Cisjordanie et Ghaza », affirme-t-il.