Le groupe aéronautique européen EADS va devoir adapter ses programmes de production, en particulier civils, à la crise économique mais n'envisage pas, pour le moment, de réduction d'effectifs a déclaré, à Reuters, son président exécutif. «Nous sommes impactés sur nos activités commerciales, pas sur nos activités défense, pour le moment» a dit Louis Gallois, en marge de la 45e conférence de Munich sur la Sécurité. Sont, ainsi, touchés les activités d'Airbus et les hélicoptères commerciaux. Ces derniers ne représentent, cependant, que 30% de l'activité d'Eurocopter. Selon EADS, deux éléments jouent sur les ventes d'Airbus : des compagnies peuvent avoir des difficultés à financer le dernier paiement des appareils, à la livraison ; d'autres peuvent se retrouver en surcapacité en raison d'un trafic aérien moins important que prévu, et souhaiter reporter ces livraisons. Ces deux phénomènes n'ont pas encore, actuellement, pris une très grande ampleur mais il y a toujours un décalage, dans le temps, des effets d'une crise économique sur l'aéronautique, ajoute-t-on de même source. EADS s'attend, donc, à ce que l'année 2009 soit marquée par des annulations et des reports et examine, compagnie par compagnie et avion par avion, quels sont les risques.»Ce qui caractérise la situation, c'est qu'il n'y a pas de visibilité», souligne Louis Gallois. «Nous aurons à adapter nos programmes de production.» «A ce stade, nous ne prévoyons pas d'effet sur les effectifs» a-t-il, cependant, ajouté. A la direction d'EADS on souligne qu'il existe, notamment à Airbus, des «amortisseurs» - possibilité de chômage technique, grand nombre d'intérimaires, de contrats temporaires et de sous-traitants, etc. Airbus mieux placé que Bœing grâce à Power 8 EADS estime, en outre, être en meilleure position que Boeing, de ce point de vue, grâce au programme de réduction d'effectifs lancé en 2007 à Airbus sous le nom de Power 8. Cette suppression de 10 000 emplois, au total, est en cours de réalisation. Ce programme, décidé à l'époque pour répondre, notamment, aux contraintes imposées par la chute du dollar, a finalement permis à EADS d'anticiper les conséquences de la crise actuelle. En ce qui concerne le très gros porteur A380, Louis Gallois confirme qu'Airbus prévoit d'en sortir 18 de ses chaînes de montage, en 2009, après 12 en 2008, sauf éventuels reports de livraison demandés par les compagnies clientes. Encore aujourd'hui, le programme A380 consomme plus de ressources que prévu, explique EADS. En outre, ces ressources supplémentaires utilisées pour sortir un avion ne sont pas disponibles pour l'avion suivant, ajoute-t-on de même source. «Ça ne facilite pas la croissance de la production mais ce processus est en train, progressivement, de se remettre en ordre» fait, cependant, valoir Louis Gallois. En ce qui concerne l'avion de transport militaire A400M, EADS admet avoir surestimé ses capacités, et sous-estimé les difficultés. «Nous avons signé un contrat dans lequel nous disions que nous allions livrer en six ans et demi cet avion. Or, dans le monde, aucun programme de ce type n'a été livré en moins de 12 ans», souligne le président exécutif du groupe. «Nous nous trouvons, maintenant, face à des pays qui ont des besoins urgents et qu'il faut être capable de satisfaire.» «Donc, dès lors que nous sommes en retard, il faut voir s'il y a des solutions de transition qui peuvent être proposées et il faut que nous donnions à nos clients un nouveau calendrier, sur lequel on puisse s'engager», ajoute-t-il. EADS dit être en mesure de livrer l'A400M environ trois ans après le premier vol. Le groupe n'est, cependant, pas en mesure de préciser quelle sera la date de ce premier vol, qui dépend de la disponibilité du système de propulsion et des motoristes.