Le groupe européen EADS a revu à la hausse ses objectifs annuels hier vendredi, à la faveur de la reprise du marché de l'aviation commerciale qui va amener sa filiale Airbus à augmenter sa production. «Nous sommes tous surpris par la vitesse de la reprise», a déclaré le directeur financier du groupe, Hans-Peter Ring, lors d'une conférence téléphonique. Grâce à de bonnes perspectives pour Airbus, EADS table désormais sur plus de 44 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2010, alors qu'il attendait jusqu'à présent un chiffre stable par rapport à 2009, soit autour de 42,8 milliards. Le groupe, très sensible aux taux de change car il vend ses avions en dollars, bénéficie aussi de la tendance actuelle au raffermissement du dollar face à l'euro. Ces annonces financières traduisent l'amélioration rapide de la santé du secteur, après de nombreuses commandes d'avions pour Airbus au Salon aéronautique de Farnborough, en Grande-Bretagne. Depuis, Airbus espère prendre plus de 400 commandes brutes d'avions cette année, contre 250 à 300 attendus auparavant. L'avionneur prévoit de livrer environ 500 appareils, comme l'an dernier (498). La production des avions moyen-courriers de la famille A320, qui s'étaient taillé la part du lion lors du Salon de Farnborough, va être remontée progressivement jusqu'à 40 appareils par mois d'ici à 2012, contre 34 actuellement. Boeing avait récemment pris une décision similaire pour ses moyen-courriers 737. Cette reprise traduit le rebond du trafic aérien international de passagers, et donc l'embellie pour les compagnies aériennes. Le trafic a continué de se rétablir en juin, notamment porté par une forte croissance en Asie, selon les derniers chiffres de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Fort d'une trésorerie confortable de 8,9 milliards d'euros, EADS a aussi indiqué être prêt à dépenser jusqu'à un milliard d'euros pour réaliser une acquisition. «Nous essayons de renforcer notre portefeuille d'activité dans les domaines de la sécurité, de la défense et aussi des services», a dit M. Ring. Les points d'inquiétude pour EADS viennent désormais de la défense. «Les perspectives sur le segment institutionnel sont cependant plus moroses compte tenu du sévère réexamen des budgets publics actuellement en cours sur nos marchés nationaux», a jugé ainsi son président exécutif Louis Gallois. Le groupe attend toujours de signer, d'ici la fin de l'année, un contrat révisé avec les pays clients de son avion de transport militaire A400M, afin d'assurer le financement de ce programme plus coûteux que prévu. EADS a publié un bénéfice net en baisse de 61% à 82 millions d'euros au deuxième trimestre. R. E.