Durant deux jours, les 18 et 19 février, Aïn Defla a abrité les journées nationales de sensibilisaiton et de communicaiton sur la violence et la toxicomanie en milieu scolaire. Ces rencontres, qui se sont déroulées au Palais de la culture, ont vu la participation des associations de parents d'élèves venus de 42 wilayas, des psychologues, des inspecteurs de l'orientation scolaire et des médecins des VDS. Durant ce troisième séminaire, organisé sous l'égide de la Fédération des parents d'élèves de la wilaya d'Aïn Defla et la Direction de l'éducation, une dizaine d'interventions, animées par des cadres de la sûreté nationale, de la gendarmerie, des inspecteurs de l'orientation scolaire, des psychologues ont mis en relief les dangers causés par la toxicomanie, et la violence en milieu scolaire. M. Hadj Delalou, président de la Fédération nationale des parents d'élèves, a ouvert la séance pour remercier les nombreux participants. «Tout le monde devra être mobilisé, à savoir la famille, l'éducation, la santé, les services publics, pour faire face à ces fléaux qui guettent notre jeunesse», dit-il en conclusion. La Nouvelle République a recueilli les avis de quelques intervenants. Mme F. Chafika psychologue : «Stressés par une multitude de problèmes, inhérents à leur vie professionnelle, des enseignants oublient de corriger les erreurs pour corriger les élèves, et ceux-ci ne se contentent plus de rester, comme au bon vieux temps, les bras croisés. Ils répondent comme la rue leur a appris à le faire, avec des arguments frappants ou cotondants, qui avaient leurs vis-à-vis à l'hôpital ou, pire encore, comme cela s'est malheureusement vérifié, au cimetière. Il ne se passe plus un seul jour sans que la presse rapporte le récit de rixes, de pugilats et d'incidents ayant pour théâtre ce lieu, près d'un tiers d'Algériens s'y rendent chaque matin. Insultes, coups et harcèlement moral sont monnaie courante. Une étude, entamée en 2007, ayant trait à la violence dans les établissements, qui a été réalisée par des conseillers en éducation, et qui a porté sur 50 000 élèves du primaire et du moyen et 7 30 élèves du secondaire, est très instructive. Les résultats ont fait ressortir que 85% des élèves estiment que la violence existe à l'école. Elle est verbale pour 75% des élèves, et physique pour 25%. Les parents couvrent aussi ces agissements, en ne déclarant pas les cas de violence.» M. Abdelouahab, inspecteur chargé de la prévention : «La prévention doit commencer avant que le jeune ne soit contaminé par l'usage de la drogue. Tous les secteurs devront unir leurs efforts (société civile, éducateurs) pour adopter un seul slogan. Non à la drogue». Le phénomène de la drogue n'est pas vraiment ressenti, dans le milieu scolaire, d'une façon aiguë, mais la sensibilisation de la société et, par voie de conséquence, sa mobilisation, devient une nécessité absolue. Il faut commencer par sensibiliser les parents, et leur montrer comment se comporter avec leurs enfants, lorsque ces derniers font face à ce problème. Mais, il est plus «important de le faire avant que l'enfant devienne dépendant, physiquement et psychiquement. C'est à ce moment-là qu'on parle de toxicomanie». Selon les statistiques enregistrées par la Direction de la sûreté nationale, pour l'année 2006, seulement, 6 tonnes de diverses drogues traitées et quelques 800 000 autres comprimés ont été saisis. Le Maroc, qui possède 134 000 ha de haschich, envoie à l'Algérie 3 600 kg, par le biais de trafiquants sans scrupules.» M. S. Djaafa, inspecteur de l'enseignement primaire : «La violence à l'école est un phénomène qui a pris de l'ampleur, ces dernières années. Les raisons ayant entraîné la montée de ce phénomène sont multiples. L'école, sensée être l'apanage de la bonne conduite, du savoir, du savoir-faire, de la formation d'hommes, s'est retrouvée, en cette conjoncture, confrontée à l'épineux problème de la violence, parce qu'elle prend en charge les effectifs d'enfants et d'adolescents que ni la société, ni la famille, n'ont préalablement éduqués et orientés . Le déséquilibre de la société, les parents insoucieux de leurs progénitures, l'école n'arrivant pas à s'adapter à la modernité, en s'éloignant des conflits, les enseignants dépassés par leur situation sociale lamentable sont, entre autres, les facteurs influant négativement sur le comportement de l'élève, en l'absence d'un milieu favorable à son épanouissement. Comment peut-on apprendre à l'élève le respect des valeurs humaines alors qu'elles n'ont plus cours, devant les visions matérielles qui font voir l'argent comme la clé de l'avenir ?». D'autres sujets, comme l'éducation religieuse, un volet important pour la lutte contre la toxicomanie, le rôle du médecin, en milieu scolaire et universitaire, celui du conseiller de l'orientation et de la formation professionnelle, ont suscité des débats très intéressants. M. Hadj Delalou, président de la Fédération nationale des parents d'élèves, a clôturé cette rencontre en lançant un message à toutes les fédérations pour appuyer l'élection du président Abdelaziz Bouteflika.