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Le ?barrage? de Rafah, ou comment ?trangler la bande de Ghaza
Publié dans La Nouvelle République le 24 - 02 - 2009

Lundi 16 février, 11h, au point de passage de Rafah qui sépare l'Égypte de la bande de Ghaza. Nous attendons, depuis plus de deux heures, une éventuelle ouverture de la frontière pour pouvoir entamer notre mission médico-psychologique, et de solidarité, organisée par la Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP).
Soudain, une forte explosion trouble le calme de cet endroit, seule porte d'entrée et de sortie pour toute la population de Gaza, meurtrie par plus de 3 semaines d'intenses bombardements. Un hélicoptère israélien vient de lâcher un missile qui visait, certainement, un tunnel de la Résistance, seul moyen de briser le blocus criminel qui étrangle les Ghazaouis depuis près de deux ans.
Le lieu de l'explosion ne se trouve qu'à quelques centaines de mètres, de nous, et le choc de l'explosion nous a, tous, fait sursauter. Scène terrible mais, en même temps, tellement coutumière, des habitants de Ghaza, victimes depuis plus de 40 ans de l'occupation israélienne.
C'était, donc, la première fois que nous assistions à un bombardement, pour la plupart d'entre nous. Tout s'est passé si vite. En quelques secondes, l'hélicoptère a lâché son missile, survolé la zone de bombardement et est reparti, alors que l'imposante fumée ne mettait que quelques minutes à disparaître du ciel, pourtant très clair, de cette bande de terre abandonnée par le monde entier.
Ce premier contact avec la bande de Ghaza nous permet de constater à quel point le cessez-le-feu, décrété il y a quelques semaines, n'est qu'une chimère et qu'Israël poursuit ses bombardements avec la même impunité qui le caractérise, depuis toujours. D'ailleurs, trois autres explosions retentiront, encore, dans la journée, toujours à proximité du terminal de Rafah et, pendant des heures, nous constaterons la présence des drones survolant le territoire. Nous resterons toute la journée au point de passage de Rafah, les autorités égyptiennes ayant interdit tout passage d'étrangers dans la bande de Ghaza. Seules, quelques ambulances et voitures entreront et sortiront de ce point de passage qui est, en fait, un véritable barrage qui maintient la bande de Ghaza dans une situation dramatique. Car, depuis le 5 février, quasiment plus personne ne rentre et ne quitte la bande de Ghaza, faisant de celle-ci une véritable prison, ou plutôt une cage à ciel ouvert. Les histoires sont nombreuses de médecins, de volontaires internationaux, ou de simples Gazaouis, qui voient leur entrée proprement refusée par les responsables égyptiens. La raison ? L'ouverture du point de passage est suspendue aux négociations, en cours, entre le Hamas et Israël, et tant que la trêve n'est pas signée la frontière restera hermétiquement fermée. Nous savions que l'Égypte collaborait avec Israël, pour faire plier le Hamas, à Ghaza, mais la constatation, de visu, de cette alliance honteuse nous a tous mis en colère.
Car, il y avait quelque chose de surréaliste de voir les obus israéliens exploser, de l'autre côté de la frontière, alors que de ce côté-ci les égyptiens nous refusaient le passage pour porter assistance à un peuple en danger. Pris entre le marteau et l'enclume, on imagine la souffrance, la colère et le désespoir de ces centaines de milliers de personnes, victimes d'une situation hallucinante et révoltante.
Le lendemain, la situation est restée sensiblement la même. Seule une fine pluie donnait au désert une allure plus chatoyante. L'air s'était rafraichi, en même temps que notre espoir de voir le terminal de Rafah s'ouvrir. En effet, cette journée allait se terminer comme celle de la veille. La police égyptienne ne laisse personne passer. Nous rencontrons devant le poste-frontière des familles palestiniennes, à l'histoire stupéfiante.
Elles sont bloquées en Egypte depuis plusieurs jours, voire depuis quelques semaines. Leur faute ? Personne ne sait, les autorités égyptiennes leur faisant savoir, simplement, qu'il leur est interdit de rentrer chez eux ! Nous sommes, avec d'autres médecins et volontaires étrangers, provenant de Corée du Sud, d'Irlande, de Malaisie et du Canada, spectateurs d'une véritable mascarade à l'accent tragique. En témoignent ces médecins marocains quittant la bande de Gaza et relatant une situation catastrophique ou cette voiture, transportant dans un cercueil, la dépouille d'une femme, et qui mettra des heures à franchir la frontière...
En fin de journée nous rentrons à Al-Arish, ville moyenne, située à une quarantaine de kilomètres de Rafah. Avant de rentrer à notre hôtel, nous passons par le stade municipal, notre correspondant égyptien nous ayant informés que des tonnes d'aide humanitaire y étaient stockées. Quelle a été notre surprise en constatant ce gâchis, inqualifiable. 12 000 tonnes de vivres, de médicaments et de couvertures, offerts par des pays du monde entier (Jordanie, Libye, Vénézuela, Qatar etc.) et provenant également des provinces d'Egypte se trouvent ici, depuis un mois.
Des centaines de palettes d'eau, d'huile, de riz, de farine, de vêtements, sont entassées de manière anarchique, certaines étant très endommagées. Des sacs de riz éventrés nous font comprendre qu'une partie de cette aide est déjà perdue. Plus tard, dans la soirée, lors d'une rencontre avec des responsables des Nations Unies chargés de l'aide humanitaire, nous apprendrons que 15% de toute cette aide, soit plus de 1 800 tonnes de vivres, est anéantie. Alors que le million et demi de Palestiniens manque de tout, l'Egypte bloque et laisse pourrir cette aide précieuse. A l'incompréhension s'ajoute, désormais, la colère.
Le jour suivant, soit le mercredi 18 février, nous décidons de retourner à Rafah pour continuer à mettre la pression, aussi modeste soit-elle, sur la police égyptienne. D'ailleurs, cette dernière semble visiblement agacée par notre détermination à vouloir franchir la frontière. Bien sûr, notre demande d'entrer à Ghaza se verra essuyer une fin de non-recevoir de la part des Moukhabarat, les «légendaires» services secrets égyptiens, omniprésents dans ce secteur, hautement sensible. Croulant sous une température de près de 30° nous serons, alors, rejoints par un groupe de musiciens jordaniens, désireux de partager leur art avec leurs homologues palestiniens.
Dépités par le refus des policiers égyptiens, les chansons qu'ils entonneront seront bientôt couvertes par le vrombissement des F-16 israéliens, qui attaqueront à plusieurs reprises. Cette journée aura été la plus violente, depuis notre arrivée. Plusieurs bombardements auront lieu, et la terre tremblera littéralement sous nos pieds, à différentes reprises. Le paysage de Ghaza, en cette fin d'après-midi de février, est parsemé de colonnes de fumée noire, symboles de l'oppression et de l'injustice infligées à tout un peuple.
A l'heure où ces lignes sont écrites, la probabilité de nous voir franchir le barrage de Rafah s'amenuise de plus en plus. En effet, les discussions autour de la trêve s'éternisent Israël arguant, encore une fois, de faux prétextes pour ajourner sa mise en application. Rafah, triste et lugubre point de passage désespérement fermé, n'est que le reflet du cynisme d'une communauté internationale qui a décidé d'abandonner tout un peuple.
Devant Ghaza, la martyre, outre toutes ces violations répétées des lois humaines les plus élémentaires nous retiendrons, surtout, ces quelques mots lancés à la face du monde par cette mère palestinienne, dont on refuse l'entrée à Gaza, et qui n'a pas revu ses enfants depuis plus de trois mois : «Ghaza da'iman tabqa arda lsabr wassoumoud».


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