Deux ans de préparation n'ont pas permis de rapprocher les points de vue. Lundi et mardi, les pays en développement ont boycotté les débats. Le groupe Afrique a exigé qu'une séance plénière soit réservée à l'avenir du protocole de Kyoto. L'Union africaine (UA) a exprimé ses craintes de voir la conférence de Copenhague déboucher sur «l'arrêt de mort du protocole de Kyoto», qui est actuellement le seul instrument légal contraignant en matière de lutte contre le réchauffement climatique à travers les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Convention des Nations unies sur les changements climatiques, adopté en juin 1992, à Rio de Janeiro, énonce des principes généraux et ne comprend pas de disposition contraignante pour les Etats signataires. Les agences de presse rapportent que l'UA, représentée par le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, nommé «négociateur en chef» pour les 53 Etats membres de l'organisation continentale, considère que «la mort du protocole de Kyoto constitue la mort de l'Afrique». «J'ai été assuré du soutien de la Chine, et l'Inde prendra probablement la même position. Je suppose, donc, que s'il n'y a pas d'accord que l'Afrique puisse signer, il n'y aura pas d'accord», a averti Meles Zenawi. Pour l'Afrique, le changement climatique signifie la famine, les déplacements de populations, les inondations, la sécheresse, les conflits sociaux, les maladies et en définitive l'aggravation de la pauvreté. Les pays en développement reprochent aussi aux pays industrialisés de chercher à échapper à leurs obligations d'aider les pays pauvres à faire face au changement climatique, un phénomène qu'ils ont contribué en très grande partie à provoquer par un mode de production et de consommation qui a prouvé ses effets dévastateurs sur la planète. Non seulement, les pays riches ne veulent pas rectifier leur conception du développement mais ils font tout pour le maintenir, comme le prouvent les sommes colossales mobilisées pour sauver leur système financier en crise. Des milliers de milliards de dollars ont servi à empêcher la faillite des banques et des banquiers. Alors que les pays industrialisés refusent de débourser quelques dizaines de milliards pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Dans une interview à l'agence chinoise Xinhua, le directeur exécutif de Greenpeace, Kumi Naidoo, a déclaré qu'il faut 140 milliards de dollars par an pour réduire les émissions de gaz et empêcher des nouvelles tragédies mais, ajoute-t-il « si l'action n'était pas engagée immédiatement, les coûts seraient beaucoup plus importants». Selon lui, cette dépense est à la portée des pays industrialisés, «actuellement, dit-il, les Etats-Unis, par exemple, dépensent 30 milliards de dollars par an seulement en Afghanistan». Les objectifs de réduction des émissions proposés par les pays développés sont trop bas, estime M. Naidoo. Il a indiqué que les pays en développement, espèce animales, ont montré leur volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Doit-on s'étonner du cynisme et de l'hypocrisie des pays industrialisés ? Il y a à peine un mois, à Rome, ils étaient absents au niveau des chefs d'Etat ou de gouvernement, au Sommet sur la sécurité alimentaire de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation). Ils sont prodigues en promesses (non tenues) dans la lutte pour éradiquer la faim dans le monde et n'hésitent pas à utiliser les aliments comme instruments de pression politique dans les relations internationales. Responsables de la situation actuelle de la planète (au plan économique, environnemental, social,…), les pays riches ne veulent pas abandonner leur position égoïste.