Le président de la République prend part à la 15e Conférence de l'ONU sur les changements climatiques. C'est l'heure de vérité. Plus d'une centaine de chefs d'Etat et chefs de gouvernement, dont le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, se réunissent aujourd'hui dans la capitale danoise pour débattre de la question des changements climatiques. La rencontre est historique à la mesure de l'état de dégradation de notre environnement planétaire. Les participants devront au terme de deux jours de concertation aboutir à un consensus mettant les pollueurs de la planète devant leurs responsabilités, notamment les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique affectant plusieurs millions de personnes dans les continents africain et asiatique. Cette rencontre au sommet est donc censée préparer l'après-Kyoto dès 2013. Elle a pour objectif de dégager un consensus pour limiter le réchauffement de la planète à plus 2 degrés, ce qui implique des réductions drastiques et rapides des émissions de gaz à effets de serre. Les débats s'annoncent serrés, à l'image des divergences de vues ayant marqué les discussions précédant cette rencontre au sommet et regroupant en première étape les experts en la matière et les ministres de l'Environnement de tous les pays de la planète. Président du Groupe Afrique des négociations du climat à Copenhague et conformément au mandat qui lui a été récemment confié par les 10 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine sur les changements climatiques, l'Algérie est chargée au sommet de Copenhague de coordonner la position commune africaine à ce sujet. EXIGENCES AFRICAINES Adoptant une position commune, les 53 pays du Groupe Afrique n'ont guère l'intention de subir le diktat des pays industrialisés. Présidé par l'Algérie, le groupe avait menacé lundi dernier de se retirer si ces derniers persistaient à animer des négociations sur une base excluant le protocole de Kyoto (1997). Seul traité international les contraignant à reconnaître les conséquences de la pollution effrénée. Ils ont, d'ailleurs, prévenu que les négociations se poursuivent, mais que la vigilance est toujours de mise car le protocole de Kyoto est important pour l'Afrique, d'autant plus que le processus a perdu beaucoup de transparence et de confiance, notamment entre les pays développés et les pays en développement. Les négociateurs africains exigent des pays développés, responsables de toutes ces perturbations, d'assumer leurs responsabilités. Tentant de sauver ce qu'il en reste, ces pays pauvres exigent le financement rapide et suffisant des projets relatifs à la réduction des gaz à effet de serre. Ils demandent aussi aux pays développés de remédier aux implications des gaz à effet de serre par un transfert technologique susceptible d'accompagner leur développement. RÉTICENCES DES POLLUEURS Réticents sur le caractère contraignant du protocole de Kyoto, et voulant contourner son contenu qui définit les responsabilités des uns et l'inconscience des autres, les pays industrialisés, principaux pollueurs de la planète, veulent responsabiliser les pays en développement. Craignant une attitude figée de certains pays industrialisés, les négociateurs africains reconnaissent la pertinence du document sur les changements climatiques et réaffirment le principe de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives. UN CONSENSUS SUR UNE BASE JURIDIQUE Bien qu'elle n'en est pas contrainte, l'Algérie a déjà mis en œuvre des projets dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un projet qui consiste en la capture et le stockage de CO2 dans un ancien gisement situé à 1.800 mètres de profondeur à In Salah. Ce CO2 qui se trouve dans le gaz produit à In-Salah est récupéré puis traité et injecté dans un gisement géologique, ce qui est une première mondiale. Autre projet, datant de l'année 1973, consiste en la réduction du torchage des gaz associés, le pétrole étant produit avec ces gaz (associés). Cette technique sert aussi à ne pas gaspiller cette source d'énergie non renouvelable, amenant l'Algérie à réaliser d'importants investissements infrastructurels. Pour les pays africains, l'échec de cette rencontre et la non-prise en compte du protocole de Kyoto, signifieraient la mise en place d'un régime autorisant les pays industrialisés à faire ce qu'ils veulent, sans qu'on puisse leur imposer de restrictions. D'où la nécessité d'aboutir à un consensus sur la base d'un instrument juridique comme le plan d'action de Bali et le protocole de Kyoto.