, Les autorités marocaines ont fini par céder face à la détermination de la militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haïdar. Après 32 jours de grève de la faim, Mme Haïdar devait regagner sa ville d'El Ayoun au Sahara Occidental hier dans l'après-midi. Madrid et Rabat sont parvenus à un accord dans ce sens, ont annoncé, jeudi dans la soirée, plusieurs sources dont l'ambassadeur du Sahara Occidental à Alger. L'avion qui devrait ramener Mme Haïder attendait jeudi soir l'autorisation de décoller. Aminatou Haïdar avait entamé sa grève de la faim le 16 novembre dernier, après le refus des autorités de Rabat de la laisser retourner dans sa ville d'El Ayoun au motif qu'elle avait refusé de mentionner qu'elle était de nationalité marocaine sur la fiche de police. Pour Rabat, Mme Haidar avait renié sa «nationalité» marocaine. Ce recul constitue un nouveau revers pour la diplomatie marocaine sur le dossier du Sahara Occidental en quelques semaines. Fin octobre, la Suède avait réagi à l'arrestation, le 8 du même mois, de sept militants sahraouis à l'aéroport de Casablanca. Stockholm avait fait état de ses préoccupations et demandé au gouvernement marocain de la tenir informée de l'évolution du dossier. Rabat, en réaction à cette condamnation avait expulsé, début novembre, une diplomate suédoise en poste au Maroc. Après cette énième déroute du régime marocain, où pour la premières fois l'ensemble des capitales occidentales ont condamné Rabat, les interrogations vont s'orienter sur l'évolution de la question sahraouie, quelque peu marginalisée depuis l'échec des négociations entre les deux parties. Il est clair que l'Europe, soutien principal de Rabat, a déjà commencé à revoir sa copie. Madrid et Paris devraient être moins indulgents, notamment sur la situation des droits de l'homme dans les Territoires occupés, où la répression est systématique. Plus que cela, les capitales européennes devraient cesser de soutenir aveuglément le royaume marocain, bloquant notamment l'application des résolutions des Nations unies affirmant, à chaque fois, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination par voie de référendum. Elles doivent également cesser d'encourager Rabat à proposer des solutions biaisées, et hors du cadre onusien, telles que ce projet d'autonomie de cinq ans –imposé comme seule choix- ou bien l'ouverture d'un dialogue direct avec Alger, comme le réclament inlassablement les dirigeants marocains. Cela dit, une nouvelle ère s'ouvre pour le Front Polisario, qui doit saisir l'opportunité de faire aboutir sa cause, et amener ainsi la communauté internationale à faire appliquer les résolutions onusiennes, et faire surtout fléchir les alliés de Rabat. L'implication directe du gouvernement allié de Zapatéro, dans cette affaire, a davantage fragilisé le royaume chérifien, visiblement surpris par l'ampleur qu'ont pris les événements dès les premiers jours. Il faut dire que la mobilisation de la société civile et des médias en Espagne, et dans le Maghreb, a été déterminante. Cet élan doit continuer, parce que la cause sahraouie, après le dénouement de l'affaire Haïdar, demeure posée.