En refoulant Aminatou Haïdar de l'aéroport d'El-Ayoun, après l'avoir dépossédée de son passeport le 13 novembre 2009, les autorités marocaines ne pensaient sûrement pas qu'elles venaient de commettre une erreur monumentale, car 32 jours plus tard, elles cédaient devant la pression internationale et la laissaient rentrer chez elle. Se croyant en position de force pour imposer sa loi au peuple sahraoui, après le soutien que lui a apporté la secrétaire d'Etat américaine aux Affaires étrangères, Hillary Clinton, lors de son dernier séjour à Marrakech, le Maroc a mis en branle sa machine de répression contre les activistes sahraouis des droits de l'Homme. Après avoir emprisonné sept d'entre eux, qui revenaient d'un séjour dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, les autorités marocaines empêcheront la militante Aminatou Haïdar de rejoindre sa famille à El-Ayoun, alors qu'elle rentrait des Etats-Unis, où elle avait reçu plusieurs prix des droits de l'Homme. En effet, en octobre, la police marocaine a arrêté sept activistes, qui risquent, selon Rabat, une inculpation pour trahison et espionnage, des faits qui sont passibles de vingt ans de prison. Ceci étant, Aminatou Haïdar a été lauréate de plusieurs prix internationaux, dont le Prix du courage civil, décerné par la fondation John-Train pour sa “résistance pacifique au Sahara occidental”, le prix Robert F. Kennedy 2008 des droits de l'Homme, le prix Silver Rose (Autriche, 2007), le prix Juan Maria Bandres Human Rights (Espagne, 2006) et le prix Andreï Sakharov pour les droits de l'Homme. La grève de la faim qu'elle a entamée le lendemain de son arrivée à l'aéroport de Lanzarote, aux îles Canaries, et qui a duré trente-deux jours, a fini par avoir raison de Rabat, qui n'a pu résister à la pression internationale. La militante, âgée de 43 ans et mère de deux enfants, a cessé de s'alimenter afin de protester contre le refus du Maroc de la laisser rentrer au Sahara occidental si elle ne reconnaissait pas la souveraineté de Rabat sur le territoire. Aminatou Haïdar a mis à nu par son action les graves dépassements du Maroc en matière des droits de l'Homme, comme l'a affirmé dernièrement le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz. “La récente grève de la faim menée par la militante indépendantiste sahraouie Aminatou Haïdar montre qu'il est urgent d'intervenir contre les violations des droits de l'Homme exercées par le Maroc”, a-t-il affirmé en soulignant que “cette grève de la faim, menée durant un mois à l'aéroport de Lanzarote, aux Canaries, a braqué les projecteurs de l'actualité internationale sur le Sahara occidental comme rarement depuis l'annexion de l'ancienne colonie espagnole par Rabat en 1975”. Selon Mohamed Abdelaziz, “sa grève de la faim a fait connaître notre lutte et a remis le Sahara occidental en tête des grands sujets internationaux”. Il ne fait aucun doute que le Maroc a perdu sur toute la ligne dans cette affaire Aminatou Haïdar, comme l'indique la dernière sortie médiatique du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, qui a affirmé que l'Espagne n'a jamais reconnu la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental. Par ailleurs, l'organisation non gouvernementale Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights a indiqué dans un communiqué que le retour d'Aminatou Haïdar à El-Ayoun occupée est une “victoire” pour tous les défenseurs des droits de l'homme à travers le monde. L'ONG a rappelé aussi avoir pressé les dirigeants du Maroc, d'Espagne, de France, des Etats-Unis ainsi que ceux des Nations unies pour “intervenir et aider Mme Haïdar à retourner dans son pays”, ajoutant que des membres du centre ont été à Lanzarote aux côtés de Haïdar durant sa grève de la faim. Maintenant, il appartient à l'ONU de mettre en œuvre les résolutions onusiennes garantissant au peuple sahraoui l'exercice de son droit à l'autodétermination.