Commençons par le plus célèbre rejeton de cette noble famille italienne, celui qui a ouvert la voie -- en quelque sorte -- aux autres membres des Cassini. Giovanni Domenico Cassini (1623-1712) Il est né à Perinaldo, en juin 1623 dans le comté de Nice (qui appartenait alors à l'Italie), de parents nobles. Il fit de fortes études littéraires et, après avoir lu un ouvrage d'astrologie, il se livra avec goût à l'étude de l'astronomie. La réputation qu'il acquit bientôt de maîtriser à fond cette science lui valut l'honneur d'être nommé, en 1650, par le Sénat de Bologne professeur d'astronomie à l'université de cette ville, où pendant 18 ans il accomplit de grands travaux astronomiques. Appelé à la cour de France Le ministre français du roi Louis XIV, Colbert demanda, alors, au Sénat de Bologne de permettre à Jean-Dominique Cassini de résider en France, et il obtint, non sans difficulté, cette autorisation. Cassini vint se fixer à Paris, en 1669, et il fut nommé membre de l'Académie des sciences. A partir de 1671, il est logé à l'Observatoire royal qui venait d'être fondé. Son esprit fin et droit lui attira rapidement la faveur de Louis XIV. Pour l'attacher à la France, Colbert lui accorda, en 1673, les lettres de grande naturalisation. Cassini fut le savant le plus actif de sa seconde patrie bien qu'il ait perdu la vue depuis quelques années. Ayant étudié la marche de la comète de 1652, il pensa que les mouvements de ces corps sont irréguliers seulement en apparence et assujettis aux mêmes lois que les planètes. Grâce à ses recherches approfondies sur les comètes, il parvint à décrire le cours de celle qu'il observa à Rome en 1664. Lorsqu'il est venu vivre en France, l'observation de la comète de 1680 lui permit de compléter sa théorie de la marche de ces astres. Un astronome de grande valeur Quand Cassini vivait à Bologne, Cassini, avec un soin tout particulier, avait établi de 1653 à 1655, le plus grand gnomon et tracé la plus longue méridienne qui existaient, et avec lesquels d'autres astronomes ont fait d'utiles découvertes. Ce gnomon et cette méridienne lui ont permis de montrer que le mouvement apparent du Soleil n'est pas uniforme. A partir de 1662, il mit au point des tables du Soleil plus parfaites que celles que l'on avait, car il tint compte des réfractions astronomiques, après avoir reconnu qu'elles se manifestent jusqu'au zénith. On lui doit, notamment, la découverte des lois du mouvement de rotation de la Lune autour de son axe. Ces lois sont résumées dans les Mémoires de l'Académie des sciences (1666-1699). Cassini commença, en 1665, l'étude approfondie des satellites de Jupiter, puis détermina l'inclinaison du plan de leurs orbites et les périodes de leurs mouvements; mais ce n'est qu'en 1693 qu'il publia de bonnes tables de ces satellites. Au moyen des ombres portées par les satellites de Jupiter sur cette planète, il découvrit, en 1665, que Jupiter tournait autour d'un axe passant par son centre et est aplati aux pôles. II a constaté une rotation analogue pour mars en 1666 et pour Vénus en 1667, et il a donné la durée presque exacte de la rotation de la première planète. En 1675, il trouva que Saturne était entouré de deux anneaux ; de là le nom de division de Cassini. II découvrit que cette planète avait quatre satellites autres que Titan, un en 1671, un autre en 1672 et deux en 1684. Il assigna les orbites de tous ces satellites, dont le plus petit a été plus tard nommé Japet. Cassini a proposé, en 1679, un Règlement des temps par une méthode facile et nouvelle. Cette réforme du calendrier analogue à celle d'Omar El-Khayyam, est considérée comme plus exacte que la réforme grégorienne. En outre, au cours de l'année 1683, Cassini découvrit et décrivit la lumière zodiacale. La mesure de la méridienne de France fut continuée en 1683 par Cassini vers le Midi et par P. de La Hire vers le Nord. Mais leurs travaux furent interrompus par la guerre de 1688, et Cassini dut reprendre les opérations en 1700. Il avait publié dans les années 1665, 1666 et 1671 des Lettres sur les réfractions, le mémoire où sont résumées les lois, trouvées par lui, du mouvement de la Lune est intitulé : De l'origine et du progrès de l'astronomie et de son usage dans la géographie et dans la navigation. Il avait probablement exposé ces lois dans le Traité de la libration de la Lune dont il commença la lecture dans une séance académique de l'année 1685. Cassini est mort le 11 septembre 1712. Cassini II, Jacques (1677-1756) Né à Paris, fils de D. Cassini, membre de l'Académie des sciences (1694), successeur de son père comme directeur de l'Observatoire de Paris, auteur de remarquables Eléments d'Astronomie (1740), continua la mesure de la méridienne de France et en rendit compte dans son Traité de la grandeur et de la figure de la Terre (1720). Sous son impulsion et celle de d'Anville, premier géographe du roi (dans sa Proposition d'une mesure de la Terre (1735)) et après l'approbation de Louis XV, qui consentit à couvrir les dépenses nécessaires, Cassini II initia en 1735, sous l'égide de l'Académie des sciences deux expéditions pour aller au loin effectuer la mesure de degrés terrestres: la première, composée de Godin, de La Condamine, Bouguer, J. de Jussieu et Couplet, se rendit au Pérou; la seconde, composée de Maupertuis, Clairaut, Camus, Le Monnier, Outhier et Celsius, d'Upsala, se rendit en Laponie (Voyage en Laponie). Il s'est également s'est occupé De la libration apparente de la Lune (1721) et du mouvement propre des étoiles fixes en longitude (1738). César-François Cassini César (1714-1784) Ce savant – appelé Cassini III -- de la même famille que le précédent est le fils de Cassini II, de l'Académie des sciences. Il est né à Paris en 1714. Il est l'auteur des Mémoires sur la théorie de Mercure, la Figure de la Terre et sur des observations de comètes. Cassini III, après avoir dirigé à partir de 1744, avec D. Maraldi, le levé du territoire français au moyen de grands triangles appuyés au méridien de Paris, fit commencer la gravure de la carte de France (1750-1793) qui porte son nom. En récompense de ces utiles travaux, le roi Louis XV envoya à Cassini III en 1771 le brevet de directeur général de l'Observatoire de Paris. Cette pièce remarquable a été imprimée pour la première fois en 1895. Jacques-Dominique Cassini IV (1748-1845) Il est né à Paris en 1748, et fut membre de l'Académie des sciences (1779). Il travailla à l'Observatoire de Paris et dont il démissionna en septembre 1793. II avait terminé la carte de Cassini et s'était occupé des variations de l'aiguille aimantée. Alexandre-Henri-Gabriel Cassini (1784-1832) Né également à Paris, il fut magistrat. Il rédigea des Opuscules phytologiques (1826) qui le firent entrer à l'Institut (1827).