Le Sahara africain et le plus vaste désert du monde. Il s'étend de l'océan Atlantique, à l'ouest jusqu'à la mer Rouge, à l'est, couvrant une superficie de plus de six millions de km2. Dans notre pays, il occupe une superficie évaluée à environ deux millions de km2 (presque 80 % du territoire algérien), parsemée de nombreuses oasis où la vie humaine est possible. Une région habitée il y a dix millénaires Selon une recherche récente sur le Grand Sahara africain, conduite par des scientifiques néerlandais et allemands, les premières migrations des hommes hors d'Afrique auraient été facilitées par des changements climatiques qui avaient rendu le Sahara bien plus humide qu'il ne l'est aujourd'hui. L'étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), suggère également que ces changements ont résulté de modifications au niveau de la force d'un courant marin important dans l'océan Atlantique. Le Sahara n'a pas toujours été le désert que nous connaissons aujourd'hui. En effet, des recherches antérieures ont démontré qu'il y a environ 10 000 ans, pendant une période appelée «période africaine humide», cette vaste contrée était pleine de forêts, de prairies fertiles et de nombreux lacs. De nombreuses peuplades s'y été fixées vivant de la chasse, de la pêche et de l'élevage. Puis, vers la fin de cette période, qui se termina aux environs du IVe millénaire avant l'ère chrétienne, le Sahara avait repris son caractère désertique. Une lente évolution de l'environnement saharien Ces scientifiques de l'Institut Royal des Pays-Bas pour la recherche océanographique (NIOZ) et de l'université de Brême (Allemagne), ont étudié des sédiments collectés dans les fonds marins au large de la côte d'Afrique de l'Ouest en vue de déterminer l'évolution de l'environnement du Sahara au cours des derniers 200 000 ans. Des vents forts envoient des rafales de poussière des régions du Sahara et du Sahel dans l'océan Atlantique. La poussière apportée par les vents finissent avec le temps par atteindre les fonds marins et s'accumule en couches à travers les millénaires. En effet, dans cette poussière, on trouve des cires végétales emprisonnées dans les couches de sédiments qui se sont bien conservées pendant des millions d'années. La composition chimique des arbres, des arbustes et des herbes qui poussaient quand le Sahara était plus humide diffère de celle des herbes et des laîches (ou carex) que l'on trouve dans la région dans sa période désertique. En étudiant la composition chimique de ces cires, les chercheurs ont pu déterminer la période à laquelle le Sahara était soumis à la sécheresse et celle à laquelle il y avait une humidité constante. Trois grandes ères climatiques Leurs analyses ont révélé trois périodes au cours des 200 000 années, lorsque le Sahara était couvert de végétaux et de forêts, ce qui permet de conclure l'environnement saharien était humide. La première période, qui s'étale sur 120 000 à 110 000 ans, coïncide approximativement avec la dispersion des hommes anatomiquement modernes hors d'Afrique vers l'Asie du Sud-Ouest et l'Europe il y a entre 130 000 et 100 000 ans. Cette nouvelle étude soutient, donc, l'hypothèse qui affirme que le Sahara avait offert une route à ces peuples primitifs pour qu'ils quittent l'Afrique. La seconde période humide s'est étendue d'environ 50 000 à 45 000 ans et coïncide une nouvelle fois à une vague de migration supplémentaire hors du continent africain entre 60 000 et 40 000 ans. Une autre théorie semblerait également indiquer que des groupes humains auraient délaissé l'Asie du Sud-Ouest pour retourner en Afrique précisément au cours de cette période. Enfin, la troisième période humide aurait eu lieu il y a 10 000 à 8 000 ans. A cette époque, il semblerait que le Sahara ait été habité par des populations qui vivaient de l'activité de pêche, de chasse et en élevant des troupeaux d'animaux qu'elles avaient pu domestiquer avec le temps. Rôle du courant atlantique Les chercheurs des instituts mentionnés plus haut souhaitaient également connaître les causes des changements rigoureux dans l'air géographique et environnement du Sahara. Pour cette raison, ils ont étudié la composition chimique des carapaces de minuscules animaux, appelés foraminifères, également emprisonnés dans des sédiments marins. Cette composition chimique de ces carapaces correspond à la composition chimique des profondeurs de l'océan dans lequel vivent ces minuscules créatures. Le climat du Sahara dépend énormément d'un système de courant atlantique important appelé «circulation méridionale de renversement de l'Atlantique» (AMOC), qui amène des masses d'eaux chaudes vers le nord en direction du continent Arctique à la surface et des eaux froides vers le sud dans les fonds de l'océan. Evidemment, la force de ce système devait varier au fil du temps. L'équipe de scientifiques a découvert que lorsque cette circulation méridionale des eaux de l'océan Atlantique était plus faible, alors que le nord du continent africain était plus sec. Ces chercheurs pensent que l'affaiblissement de ce courant marin serait dû à un flux plus important d'eau douce dans la région Arctique de l'Atlantique. Lorsque ce courant devient plus faible, la température de surface de la mer dans l'Atlantique Nord baisse, les vents alizés s'accentuent et, associés au mouvement d'air froid des hautes latitudes des Tropiques, ils déplacent les pluies de mousson de l'Afrique du Nord plus au sud provocant, ainsi, des conditions plus arides pour le Sahara. Les conclusions des chercheurs montrent que les changements dans le courant marin de l'océan Atlantique influencent sensiblement le climat de l'Afrique du Nord et contribuent, parfois, aux variations climatiques dans le Sahara central ainsi que dans les pays du Sahel. Le phénomène qui en résulte pouvait, donc, permettre aux anciennes populations de traverser cette région aux conditions naturelles peu favorables et inhospitalière.