Pas plus tard qu'avant-hier, une course-poursuite entamée par les services des douanes d'Aïn Témouchent contre un véhicule de marque Audi Q 7 a dévoilé une nouvelle affaire de trafic international de véhicules via Tlemcen. D'ailleurs, le véhicule a été immobilisé par les gendarmes de Remchi avec un passager à son bord alors que le chauffeur a réussi à prendre la fuite. La Q7 circulait sans aucun document et s'est avérée volée. Selon le lieutenant-colonel Noreddine Boukhbiza, commandant de groupement de gendarmerie de Tlemcen, les premiers éléments de l'enquête confiée à la section de recherche, ont confirmé qu'il s'agit d'un véhicule rentré illégalement par les frontières algéro-marocaines et serait à l'origine volé dans un pays européen. Quelques éléments du réseau international de trafic de véhicule ont été identifiés dont le conducteur en fuite, originaire de Bab El-Assa (Maghnia) et son complice marocain. Les malfaiteurs aurait acheminé le véhicule à destination de la wilaya d'Oran pour la falsification de documents pour la vente ou l'acheminement vers d'autres wilayas ou encore l'exportation vers des pays voisins à l'exemple de la Tunisie. L'enquête est en cours. A noter que les gendarmes ont traité durant l'année écoulée 18 affaires de vol de véhicules engendrant l'arrestation de trois personnes et la récupération de onze véhicules. Par ailleurs, le commandement de la Gendarmerie nationale a initié depuis quelques années un plan de développement et de modernisation touchant l'ensemble de ses unités territoriales et ses groupements gardes-frontières. La ceinture de sécurité à l'ouest se voit renforcée par des moyens humains et matériels des plus performants afin de mettre un terme aux menaces qui persistent au niveau des frontières fermées mais toujours difficiles à maîtriser. Ceci par notamment l'inconscience et la complicité de la population frontalière au profit des hallaba (contrebandiers) et la complicité des mkhaznia (gardes-frontières marocains) qui ferment les yeux devant les trafics illicites comme si cela ne les concernaient pas. En faisant cavalier seul, nos GGF ont réussi ces dernières années à faire avorter les plus importantes tentatives des contrebandiers et surtout des narcotrafiquants. Les unités territoriales de la Gendarmerie nationale sont, également, en garde et forment une deuxième ceinture de sécurité qui chasse tout ce qui peut échapper à la première ceinture. Il faut dire aussi que Maghnia des années 1990 ne ressemblait pas à celle des premières années de la fermeture des frontières et encore moins à celle d'aujourd'hui. Nul n'ignore que la région a connu ses pires années durant la décennie du terrorisme avant de se transformer en cible des criminels, des trafiquants de l'ouest et aussi d'une sorte de sous-développement qui laissait croire qu'elle ne dépendait guère de la capitale des Zianides. Durant les cinq dernières années, Maghnia s'est fortement métamorphosée sur le plan sécuritaire, économique et social mais malheureusement, elle demeure le passage inévitable des bandits nationaux et marocains. Le carburant continue à être pompé et échangé contre des quantités inquiétantes de hachisch (kif traité). En effet, plus d'un million de litres de carburant et près de 2, 3 tonnes de cannabis ont été saisis durant l'année écoulée dans la wilaya de Tlemcen. Virée aux frontières ouest par Bab El-Aâssa Le 1er janvier 2010, nous prenons la route d'Alger vers Tlemcen. Un trajet agréable en groupe de journaliste décidés à investir les frontières ouest et rapporter les nouvelles de la région. La fatigue du voyage habituel est notablement réduite par les nouvelles infrastructures routières et les grands tronçons ouverts de l'autoroute Est-Ouest qui devient une réalité au centre et à l'ouest et nous permet d'atteindre Tlemcen en plein jour. Le personnel de l'hôtel les Zianides nous reçoit comme de coutume avec un large sourire et beaucoup d'amabilité. Après une pause et un dîner délicieux, c'est l'heure de rendre visite aux hauteurs de Lala Setti qui devient réellement le bijou de Tlemcen. Les lieux sont parfaitement aménagés suite à un programme de développement réussi. Des routes parfaites, des lieux propres, et une placette à ne pas vouloir quitter. Lalla Setti offre à son visiteur toute la joie et le plaisir de contempler les merveilleux paysages de la région et lui promet un séjour agréable. Une bonne thérapie pour le groupe avant d'entamer une mission fatigante aux frontières algéro-marocaines. Le lendemain, une tournée dans la ville et quelques rencontres avec les autorités et la population locale confirment que Tlemcen «va bien» en ce qui concerne sécurité publique et la vie sociale et économique. Le seul problème commence à 35 km de chef-lieu de la wilaya, de Maghnia au tracé frontalier. Dimanche après-midi nous prenons le chemin vers le but de notre mission. Dès notre arrivée à Maghnia accompagnés des services de la Gendarmerie nationale, nous constatons qu'elle devient une belle et moderne ville avec toutes ses nouvelles constructions et ses infrastructures routières. Seule image qui n'a pas tendance à disparaître, c'est celle de ces personnes occupant les cafés et les trottoirs et qui passent tous des coups de fil quelque part. ce n'est pas nouveau, ce sont les «hadhaya» (éclaireurs des hellaba) qui les avertissent du mouvement des services de sécurité. Nous avançons jusqu'à la sortie de la ville où les véhicules des GGF nous attendaient pour nous accompagner aux frontières à bord de véhicules tous-terrains. Quelques kilomètres de trajet et l'approche des frontières s'annonce par des pistes difficiles et des SMS reçus sur nos téléphones portables nous souhaitant «bon séjour» et nous informant sur la tarification des appels via le roaming. Ici, tout comme les familles habitant les frontières se mélangent entre algériennes et marocaines, les réseaux téléphoniques se chevauchent aussi par des coups de fil qui passent par le réseau national et par celui des voisins. De loin, des familles nous observent et certaines nous font signe. Impressionnés par la dizaine de véhicules de la gendarmerie, les plus jeunes ne quittent pas le convoi des yeux. Une demi-heure de piste et nous arrivons à Sidi Boudjenane. Nous prenons une pause à l'un des postes de contrôle du 19e GGF. Des dizaines de jerricans de carburant et des bêtes de somme sont saisis durant les premières heures de la journée. Les hellaba activent la nuit dans le noir absolu, empruntant les pistes les plus difficiles à surveiller et utilisant des véhicules à abandonner à la vue des services de sécurité ou des bêtes de sommes qui connaissent parfaitement le chemin vers la route nationale en transportant seuls la marchandise. Plus vigilants, les GGF ne se contentent pas de surveiller leurs mouvements à partir des postes de contrôle. Ils installent des tentes sur tous les chemins suspects et effectuent des embuscades durant la nuit. Au poste de Sidi Ayad, nous trouvons une trentaine de jerricans et plus de 400 bouteilles de boissons alcoolisées saisis le même jour. Il s'agit, également, de deux véhicules abandonnés par les contrebandiers qu'ils appellent «moukatela» (véhicule de guerre). Sans plaque d'immatriculation ni aucun document, ces véhicules puissants et bourrés de jerricans de carburant sont les plus utilisés pour pomper le carburant vers l'autre côté de la frontière. Mêmes images aux autres postes de contrôle à l'exemple de Souani, Houassi ou Hadj Miloud. Une dizaine d'ânes a été saisie alors qu'ils acheminaient des jerricans de carburant, des mandarines et des bouteilles d'alcool sur la bande frontalière. Nous investissons plusieurs kilomètres de la frontière du côté de Bab-Assa ayant 52 km de front avec le Maroc et ce, en compagnie du comandant du 19e GGF, le lieutenant-colonel Belâarbi Bouziane. Dernière destination, le poste avancé de Lala Aîcha où se trouve la plus difficile région frontalière à gérer. Une quinzaine de familles marocaines et une trentaine d'algériennes cohabitent dans la ferme de Chéraga devenue par conséquent comme un territoire partagé sans frontières. Vers l'interdiction de vente de véhicules utilisés dans la contrebande Lors d'un point de presse tenu à la fin de la visite, le commandant du 19e GGF a indiqué de nouveaux dispositifs plus durcis contre le crime organisé. En plus du plan de développement des GGF décidé par le commandement de la Gendarmerie nationale, les différentes unités seront plus actives par un système de changement permanent de postes et de régions afin d'éviter de tomber dans la routine et le manque de vigilance et pour permettre aux éléments travaillant dans les zones difficiles de respirer un peu en travaillant ailleurs notamment ceux des frontières sud-ouest. Par ailleurs, la loi sur la contrebande -édictant la peine de prison et des amendes allant jusqu'à dix fois la valeur de la marchandise saisie- a traqué les criminels qui deviennent plus hésitants. Mieux encore, une nouvelle loi devra être proposée dans le Code des douanes pour interdire la vente aux enchères des véhicules saisis dans des affaires de contrebande. Ces véhicules seront désormais, selon une circulaire du ministère des Finances, totalement déchiquetés avant d'être vendus en matériaux ferreux. Il s'agit de l'une des mesures prises pour la loi de finances 2010. De notre envoyée spéciale
