En effet, en l'absence de contrôle, ces jouets entrent au pays dans l'impunité la plus totale, causant de véritables dégâts, notamment chez les enfants en bas âge. Qui s'assure du contrôle des produits qu'on achète ? Quelle est la responsabilité des fabricants ? Quand un produit est-il rappelé ? La jolie poupée souriante candidement, mais il fallait se méfier des apparences. La peinture du jouet comportait une teneur en plomb supérieure aux normes — le plomb est toxique s'il est ingéré par de jeunes enfants —, les yeux se détachent facilement et le risque de les avalés est très grand, les cheveux synthétiques se décollent au toucher, la robe en tissu dégage une odeur de moisissure et du plastique très tranchant sur les joints mal finis. Selon le ministre du Commerce, des jouets tranchants et toxiques ont été importés. «Certains ramènent n'importe quoi. Ils importent des produits bas de gamme qui font mal et qui saignent le Trésor public», dira le ministre algérien. «Les blessures, liées aux jouets, peuvent provoquer des défigurations et des séquelles que l'enfant devra supporter toute sa vie», explique un médecin urgentiste. «Les services des urgences de nombreux hôpitaux accueillent quotidiennement des enfants victimes de ces jouets dangereux», dira-t-il. «On se demande comment de telles choses entrent au pays. C'est totalement insensé». Ce médecin déplore l'inconscience des parents qui doivent, selon lui, faire preuve d'un minimum de bon sens. «Il faut que les parents soient très vigilants lorsqu'ils achètent le jouet le plus inoffensif. Les yeux des poupées, des ours, en verre ou en plastique, qui se brisent, peuvent blesser ou être avalés, les fils de fer qui arment les oreilles ou les pattes des animaux en peluche, les lunettes en plastique qui se cassent, les mobiles faits de petits éléments que le bébé arrache et porte à sa bouche, un clou dans un jouet en bois… », explique-t-il. «Beaucoup de jouets ne résistent pas aux coups, aux chocs, au mordillement ou à la succion d'un bébé. En se cassant, en se démoulant, leurs angles deviennent de véritables armes. Attention aux ballons de baudruche : ils éclatent et le bébé peut en inhaler les morceaux. Il est donc très conseillé d'acheter des jouets adaptés à l'âge du bébé. En revanche, la multiplication des jouets électroniques utilisant des piles-boutons constitue un vrai danger : le bébé risque d'avaler une», a-t-il ajouté. Pour conclure, le médecin lance un appel pour une campagne de sensibilisation sur les dangers de ces jouets. Pour le citoyen, l'ennui, c'est que ces règlements sont disparates, morcelés, et ne s'intéressent souvent aux problèmes qu'une fois installés. On travaille à la pièce, en quelque sorte. «Aussi surprenant que cela puisse paraître, à l'heure actuelle, il n'y a pas de loi qui impose formellement aux fabricants ou aux détaillants de nous vendre des produits sécurisés», déplore un enseignant en commerce et parent d'un enfant vicitme d'accident de billes. «Si un nouveau type de danger apparaît sans être listé dans les différentes lois, il peut tomber dans un trou.» Devant le grand nombre d'accidents dus aux jouets, des normes de sécurité vont être rendues obligatoires. Les normes concernent l'inflammabilité des jouets et leurs caractéristiques mécaniques et chimiques qu'on redoute le plus.