Sans citer nommément la Grèce, Yves Leterme écrit dans une tribune publiée, vendredi, que les «tensions récentes concernant la dette souveraine de l'euro soulèvent les inconvénients d'une union monétaire dépourvue de gouvernement économique». Le Pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne, censé obliger les Etats à réguler leur déficit budgétaire, ne peut être qu'une solution provisoire, dit-il. «Je propose de franchir une étape supplémentaire: créer un Trésor commun à la zone euro ou une Agence européenne de la dette (AED)», écrit-il dans sa tribune publiée dans plusieurs journaux européens, dont le Monde. A Bruxelles, la Commission européenne a réagi à cette proposition en estimant qu'une coopération économique accrue était nécessaire avant d'envisager la création d'une telle institution. «Fonder un Trésor commun ou une agence européenne de la dette requiert d'abord qu'on avance encore considérablement sur la voie de la coordination des politiques économiques», a déclaré Amadeu Altafaj, porte-parole de l'exécutif européen pour les affaires économiques. «Je ne l'exclus pas, mais il faudra d'abord faire des progrès en matière de coordination des politiques économiques», a-t-il ajouté en notant que la Commission ferait des propositions sur ce sujet dans les prochaines semaines. Yves Leterme, dans sa tribune, indique que la nouvelle AED serait responsable de l'émission et de la gestion de la dette de la zone euro, sous l'autorité des ministres des Finances de l'Eurogroupe et de la Banque centrale européenne. Elle reprendrait les titres de la dette existants et en émettrait de nouveaux, ces fonds étant ensuite transférés aux Etats membres. Pour ce qui est de la dette existante, les gouvernements continueraient à rembourser des intérêts variables correspondant à leur notation sur le marché du crédit. Une fois la dette de chaque Etat arrivée à maturité, la dette de la zone euro ne ferait plus qu'une, propose-t-il encore. «Cela sous-entend que chaque Etat membre garantirait de manière implicite la dette de tous les autres», explique Yves Leterme. Les craintes sur la solvabilité de la Grèce ont agité pendant plusieurs semaines les marchés de la zone euro et fait craindre que les investisseurs ne perdent toute confiance dans les autres pays du bloc qui présentent des déficits publics trop élevés.