, Primo, l'influence des Palestiniens et des Arabes américains vivant aux Etats-Unis. Secundo, les efforts de l'opinion indépendante ou libérale, des organisations et des militants représentant l'opposition antiguerre et anti-impérialiste aux Etats-Unis. Tertio, le rôle de juifs américains et européens, d'opposants à la guerre en Israël, d'organisations et de groupes qui soutiennent «La Paix maintenant». Yasser Arafat... l'Intifada... Malgré l'exil, la dispersion, les lois répressives des certains pays arabes.et en dépit de l'hostilité et de la politique éliminatoire d'Israël à l'égard des Palestiniens avec le soutien des Etats-Unis, le peuple palestinien a, cependant, pu s'unir autour d'une figure nationale et politique personnifiée par Yasser Arafat. E. W. Saïd le décrit comme un personnage «ayant une sorte de double personnalité : l'une, l'indiscutable et immédiatement reconnaissable symbole de la Palestine, l'autre, le chef politique avec lauriers et privilèges, et aussi les inconvénients que cette sorte de personnalité supposé». Les apports de cette figure politique à la cause nationale palestinienne durant les deux décennies de sa direction sont nombreux. Cet homme qui bénéficiait d'une grande popularité auprès de son peuple a permis l'instauration d'un système politique démocratique, contrairement aux pays arabes avoisinants. Il a conduit ses compatriotes vers une coexistence avec Israël et instauré des modes d'interaction qui ont facilité la communication avec son peuple. Il a été l'un des rares leaders des luttes nationales à empêcher le développement « d'une violence sectaire ou interpalestinienne ». Et si les apports de Yasser Arafat ont servi la cause du peuple palestinien, il semble néanmoins important de noter que durant son leadership, les Palestiniens n'ont pas cessé de perdre des terres en Cisjordanie, dans la bande de Ghaza et à Jérusalem- Est. En 1982, lorsque les forces israéliennes ont envahi le Liban, les Palestiniens ont subi d'importantes pertes civiles et militaires, «terribles et lointaines retombées des accords de Camp David», écrit E.W. Saïd. Tout en adoptant une posture des plus objectives, l'auteur propose de laisser à des experts le soin d'évaluer les années de leadership de cet homme qu'il décrit comme «une figure tragique d'une extraordinaire trempe politique». L'un des aspects de la vie palestinienne qui a servi de modèle aux dirigeants de l'OL. concerne l'Intifada, c'est-à-dire «l'insurrection nationale palestinienne(...) contre l'injustice» qui a éclaté dans les territoires occupés. «Ce modèle de lutte durable, relativement non violent, inventif, courageux et étonnement intelligent » a influencé d'autres peuples, notamment dans les pays arabes, de l'Europe de l'Est, d'Afrique, d'Asie... Car, «là où les troupes israéliennes tirent sur les civils, les harcèlent et les maltraitent, les Palestiniens inventent des moyens pour contourner ou traverser les barrières. Là où les prescriptions d'une société encore largement patriarcale maintiennent les femmes dans la servitude, les palestiniens leur donne une nouvelle voix, une nouvelle autorité, un nouveau pouvoir... », écrit E. W. Saïd. Deux facteurs ont, cependant, contribué à affaiblir l'Intifada. Primo, la crise du Golfe qui a favorisé l'isolement arabe et international de l'OLP et le dénuement des Palestiniens vivant au Golfe. Secundo, Le quota des migrants russes vers Israël n'a pas été limité dans l'arrangement qui a été conclu entre les Etats-Unis et la Russie. Cet état de fait a encouragé la migration des juifs russes en Israël en très grand nombre. La Palestine, un devoir humain et humaniste A la lecture de cet essai instructif, objectif, riche et enrichissant destiné à toute personne qui s'intéresse à la question de Palestine et/ou qui souhaite comprendre la problématique du peuple palestinien, un constat s'impose comme une évidence. Malgré la politique d'extermination d'un Etat qui s'est construit et qui continue de «se construire sur la base du déni de la Palestine et des Palestiniens, le peuple palestinien arabe continue d'exister». La Question de Palestine est un ouvrage incontournable car il propose une version objective et documentée du conflit israélo-palestinien et permet de comprendre la tragédie du peuple palestinien. Par ailleurs, il dévoile la réalité de l'Etat d'Israël et contribue à réajuster les représentations occidentales et autres de la réalité palestinienne et israélienne. C'est pourquoi, il mérite d'être recommandé, commenté, discuté, voire diffusé, et ce, afin de sortir la question de Palestine du cercle des spécialistes, des experts et des initiés. Porter la lutte du peuple palestinien est un devoir. Notre devoir en tant que personnes humaines ! Car, «aucun être humain ne devrait être menacé de ‘'transfert'' hors de sa maison ou de sa terre ; aucun être humain ne devrait faire l'objet de discrimination parce qu'il n'appartient pas à telle ou telle religion ; aucun être humain, pour quelque raison que ce soit, ne devrait être dépouillé de sa terre, de son identité, de sa culture». Car, les Palestiniens en leur qualité d'êtres humains et en tant que peuple, ont aussi droit à l'autodétermination, à leur terre, à leur patrie, à leur mémoire, à leur identité, à leur personnalité, à leurs oliviers, à leurs citronniers, à leurs maisons. C'est indéniable ! Le peuple palestinien vit une des tragédies les plus honteuses du XXe et du XXIe siècles. Gens d'ici et d'ailleurs, vous qui avez au cœur le souci de la justice, de la liberté et de l'égalité, n'est-il pas urgent de dire et d'agir afin de ne pas laisser se perpétuer l'extermination d'un peuple qui aspire à vivre libre sur les terres de sa patrie, la Palestine ? Gens d'ici et d'ailleurs, n'est-il pas de notre devoir d'arrêter le cours d'une histoire tragique qui reproduit les atrocités, les traumatismes et les crimes d'une certaine époque que beaucoup ont qualifié et continuent de qualifier comme une période sombre, très sombre de l'humanité ? (Suivra) De Paris, Nadia Agsous 1) Dans la préface de l'édition de 1992, Edward W. Saïd précise que l'ouvrage, la Question de Palestine a été écrit entre 1977 et 1978 et publié en 1979 aux Vintage Books Editions Edward W. Saïd, la Question de Palestine - Actes Sud, Sindbad, Mars 2010, 384 P., traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Claude Pons