Michael Oren, ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis d'Amérique et spécialiste de l'histoire du Proche-Orient, faisait référence à une grave crise en 1975 entre les deux partenaires quand les Etats-Unis avaient obligé Israël à un repli partiel du Sinaï égyptien, alors spolié par l'Etat sioniste. Ses manifestes désavouent ceux du Premier ministre de l'entité sioniste Benyamin Netanyahu, qui s'est expérimenté de minorer la crise provoquée au cours de la visite en Israël du vice-président américain Joe Biden, et ce durant la deuxième semaine du mois en cours, par l'annonce d'un nouveau projet de colonisation à El-Qods-Est. Cette déclaration —la construction de 1.600 logements juifs à El-Qods-Est, un secteur à majorité arabe annexé en 1967 — a été ressentie comme une offense par Washington. Elle a été interprétée comme un verrouillage aux efforts américains pour promouvoir le processus de paix israélo-palestinien. «C'est un affront, une insulte. Plus encore, cela a vacillé le fragile processus de travail d'aligner la paix dans cette région profonde du Proche-Orient», a déclaré, le dimanche 16 mars, David Axelrod, conseiller du président Obama. La veille de cette sortie à la vaudeville, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton eut un entretien téléphonique, paraît-il comme étant «très dur», avec Benyamin Netanyahu, selon le département d'Etat. Une quarantaine de minutes pour passer un savon à ce dernier et condamner l'attitude profondément négative d'Israël envers Washington, selon la presse israélienne, qui a longuement commenté cette bouffonnerie. Politiquement correcte, la tactique de Benyamin Netanyahu est simplement identique à celle du criminel de guerre Sharon et de Barak avant lui. Cette annonce méprisable du Premier ministre israélien, Hillary Clinton la trouve formellement «outrageante». Avant la tenue du congrès de l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le puissant lobby juif américain a publié un communiqué invitant avec fermeté l'administration américaine à changer de ton, une sorte de mise en garde contre Barack Obama. Il n'est donc pas exclu que la crise prétendue israélo-américaine soit, quelque part, intentionnelle et que les choses ne tarderont pas à rentrer dans l'ordre entre les deux grands amis dans les semaines à venir, moyennant des subterfuges diplomatiques réciproques et éventuellement une énième parade pour une baisse additionnelle des attentes palestiniennes. Les enjeux de cette soi-disant crise israélo-américaine ne portent nullement sur une réelle volonté de régler la question palestinienne, encore moins celle d'El-Qods-Est. «Une avancée vers la paix exige que tous les belligérants, y compris Israël, établissent des choix douloureux mais indispensables quant à l'amorce d'un conflit qui perdure», a déclaré la secrétaire d'Etat américaine le lundi 22 mars devant le congrès annuel de l'AIPAC. Pour plusieurs observateurs avertis, l'acceptation de principe par Benyamin Netanyahu de la création d'un Etat palestinien et sa disposition théorique à participer à des rounds de négociations de paix n'étaient qu'un écran de fumée à usage diplomatique, un leurre, une bouffonnerie destinée à dissimuler son refus de négocier et de restituer les terres spoliées tout en rendant la responsabilité de l'obstruction du processus sur la fraction palestinienne. Que le soutien des Etats-Unis à Israël soit inconditionnel ou indéfectible, cela n'a rien de surprenant quand on connaît l'influence exercée par les lobbies pro-israéliens sur la politique moyen-orientale de Washington. Le Premier ministre israélien, qui s'est rendu à Washington pour une visite officielle de trois jours, a mis le doigt sur l'abcès le lundi 22 du mois en cours devant le congrès de l'AIPAC, principal groupe de pression juif américain. Il a eu l'audace de déclarer : «Le peuple juif a construit Jérusalem il y a 3.000 ans et il construit Jérusalem aujourd'hui. Jérusalem n'est pas une colonie, c'est notre capitale. Nous ne devons pas être piégés par des décisions insensées et irresponsables.» C'est donc clair : la construction d'El-Qods tout comme dans n'importe quelle autre ville annexée ou occupée par l'Etat sioniste va se poursuivre et il n'est pas question de ralentir la colonisation d'El-Qods-Est. Pour Benyamin Netanyahu, El-Qods-Est, ne fait pas partie du deal, et que la création d'une nouvelle colonie ou l'extension d'une colonie existante, à l'exemple de la construction de 1.600 logements nouveaux à Ramat Schlomo, qui est devenue une colonie d'El-Qods-Est où vivent déjà près de 20.000 colons israéliens, est des plus normales. Plus grave encore, selon la presse israélienne datée de la deuxième semaine du mois en cours, à savoir la construction de 20 logements à l'emplacement d'un hôtel palestinien à El-Qods-Est, a été confirmée par des organisations humanitaires activant dans la région. La question de la colonisation, en particulier à El-Qods-Est, est par ailleurs l'une de celles où le comportement désobligeant de l'Etat sioniste sur l'esplanade est la plus sévère à défendre face aux partenaires et même aux alliés étrangers. Le gouvernement sioniste, toutes tendances politiques confondues, a affiché un mépris absolu, le tout enveloppé dans une impunité totale des engagements fixés. Entre la signature des accords d'Oslo en septembre 1993 et l'échec des pourparlers de Taba en janvier 2001, le nombre des colons en Cisjordanie est passé de 110 000 à 170.000 et la population des colonies d'El-Qods-Est de 147 000 à 170 000. Le trouble est donc grand, assez pour que la politique des visées expansionnistes de l'Oncle Sam dans la région avec l'Etat sioniste d'Israël, qui illustre à quel point le badinage diplomatique de façade peut être cynique et cruel pour les Palestiniens. Assimilée comme une sorte de chantage par les différents observateurs internationaux, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a souligné devant ce même congrès de l'AIPAC que «le gel total de la colonisation juive exigé par les autorités palestiniennes et la communauté internationale pourrait suspendre les négociations de paix pour un an encore». La colonisation continuera en toute impunité avec une certaine complicité latente des Etats-Unis, qui verse, chaque année, la modique somme de trois milliards de dollars comme aide militaire, et ce pour mater plus le peuple palestinien. L'Algérie a réaffirmé sa position historique et indéfectible, à savoir le soutien au peuple palestinien. Lors du dernier sommet arabe, la question palestinenne et la colonisation à El-Qods-Est, qui demeurent sous les feux de la rampe et dont les populations continuent de subir l' une des dégradations jamais égalées dans l'histoire de l'humanité, ont été évoquées. Le sommet arabe en question serait-il un sommet de toutes les chances ou un simple rideau de fumé vu les dissensions profondes qui existent ? L'avenir nous le dira.